« remercier », définition dans le dictionnaire Littré
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remercier
- 1Rendre grâce.
De quoi remercier qui ne me donne rien ?
Corneille, Poly. III, 3.On ne remercie point d'être passionnément aimée ; votre cœur vous apprendra d'autres sortes de reconnaissances
, Sévigné, 344.Ô mort… tu me sépareras de ce corps mortel ; ô mort, je t'en remercie, j'ai travaillé toute ma vie à m'en détacher
, Bossuet, Bourgoing.Venez remercier un père qui vous aime
, Racine, Iphig. IV, 4.Si un chef n'a eu que le bonheur de faire égorger deux ou trois mille hommes, il n'en remercie pas Dieu
, Voltaire, Dict. phil. Guerre.Ce courtisan [à Rome] à qui l'on demandait comment il était parvenu à une si longue vieillesse, et qui répondit : En recevant des outrages, et en en remerciant
, Diderot, Cl. et Nér. II, 48.Familièrement. Il peut bien remercier Dieu que son maître n'ait pas été là, il est heureux pour lui que son maître n'y ait pas été.
Fig. Remercier une chose, attribuer à une chose quelque effet.
Il peut remercier l'avantage qu'il a de vous appartenir
, Molière, G. Dand, I, 5.Familièrement. Un je vous remercie, un remerciement.
Afin qu'en ta vieillesse un livre en maroquin Aille offrir ton travail à quelque heureux faquin Qui, pour digne loyer de la Bible éclaircie, Te paye en l'acceptant d'un je vous remercie
, Boileau, Sat. VIII.Familièrement. En vous remerciant, c'est-à-dire je vous remercie.
Monsieur le commissaire, en vous remerciant ; Vous et vos grippechairs vous pouvez disparaître
, Boursault, Mots à la mode, sc. 15.Ironiquement. Il se dit pour se venger de quelque insulte.
Oui, je suis donc un sot, un voleur, à son compte ! Un sergent s'est chargé de la remercier
, Racine, Plaid. II, 3. - 2Refuser honnêtement. Il nous a remerciés de nos offres de service.
Si le roi m'en disait autant, je le remercierais de son amitié
, Voltaire, Comment. sur Corn. Cinna, V, 1.Ironiquement. Je vous remercie de vos conseils, se dit pour exprimer qu'on n'est pas disposé à les suivre.
On dit aussi, à propos d'un mauvais service, d'une chose désagréable : Je vous remercie de vos confitures.
- 3 Fig. Congédier, destituer honnêtement. On a remercié deux surnuméraires.
En remerciant ses médecins : Voilà, dit-il, maintenant mes vrais médecins, et il montrait les ecclésiastiques dont il écoutait les avis
, Bossuet, Louis de Bourbon.M. de Beauvillier me parla de Torcy comme d'un homme qu'il était absolument nécessaire de remercier
, Saint-Simon, 305, 228.Et moi, serai-je donc seule disgraciée ? Sans espoir de retour suis-je remerciée ?
Fagan, Rendez-vous, sc. 16. - 4Se remercier, v. réfl. Se féliciter.
Monsieur se remercia beaucoup de ce qu'il n'avait pas suivi le conseil que je lui avais donné
, Retz, III, 314.Attribuer le bon succès à sa propre force, se remercier soi-même de ses bonnes œuvres
, Bossuet, 2e sermon, Pâques, 2.Sous ce prétexte [dire qu'elle s'occupe de Dieu], au fond elle [l'âme] s'occupe d'elle-même, et elle cherche à se glorifier de faire bien ; ce qui est se remercier soi-même et non pas Dieu
, Bossuet, Ét. d'orais. V, 10.Vous [Mlle Clairon] exercez un magique pouvoir, Qui fait aimer ce qu'on ne saurait lire : On bat des mains, et l'auteur ébaudi Se remercie et pense être applaudi
, Voltaire, Ép. LXXXII. - 5Se congédier réciproquement.
Pour moi, je n'ai jamais vu Dorante ; il était absent quand j'étais chez son père ; mais, sur tout le bien qu'on m'en a dit, je ne saurais craindre que vous vous remerciiez ni l'un ni l'autre
, Marivaux, Jeux de l'am. et du has. I, 2.
HISTORIQUE
XVe s. Et remercia les chefs des seigneurs moult courtoisement, quand si appareillement ils l'estoient venus servir
, Froissart, I, I, 94.
XVIe s. Ilz le convoyerent tous jusques en sa maison ; Lycurgus, en les remerciant, les renvoya
, Amyot, Lyc. 16. Nous te remercions, nostre pere celeste, Du repas qu'avons pris, aussi de tout le reste
, Marot, IV, 344. Le voleur… le remercie [Dieu] de l'aysance qu'il a trouvé à desgosiller un passant
, Montaigne, I, 402.
ÉTYMOLOGIE
Re…, et l'anc. verbe mercier (voy. MERCI) ; wallon, rimersi ; bourguig. remarcié ; provenç. remarciar. Mercier a été en usage jusque dans le XVIe siècle ; remercier paraît n'avoir commencé que vers le XVe.