« racler », définition dans le dictionnaire Littré
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racler
- 1Enlever avec un instrument quelques parties de la superficie d'un corps.
Çà, que je racle un peu de tous côtés Votre cuvier, et puis que je l'arrose
, La Fontaine, Cuvier.Ce riche métal [l'or] est si commun dans la contrée [de Bambouk en Afrique], qu'on en peut ramasser presque indifféremment partout, en raclant seulement la superficie d'une terre argileuse, légère et mêlée de sable
, Raynal, Hist. phil. XI, 16.On racla les vieux parchemins généralement dans la Grèce pendant les onzième, douzième, treizième et quatorzième siècles
, Mongez, Inst. Mém. litt. et beaux-arts, t. V, p. 471.Fig. et famil. Ce vin racle le gosier, il est dur et âpre.
Fig. Cela racle les boyaux, se dit de tout breuvage médicinal ou autre, qui donne des tranchées.
- 2Racler une mesure de grain, passer la racloire sur une mesure, pour faire tomber ce qui s'élève au-dessus du bord.
- 3 Fig. et familièrement, racler le boyau, mal jouer d'un instrument à cordes.
Racler un instrument, même sens.
Il racle de temps en temps une guitare, en chantant des romances de sa composition
, Lesage, Diable boit. 3.Un petit Français… habit vert-pomme, raclait un violon de poche
, Chateaubriand, Itin. part. 7.Absolument.
Mes symphonistes raclaient à percer le tympan
, Rousseau, Conf. IV.On dit de même par dénigrement : racler un air.
Deux méchantes voix dont l'une chantait le dessus et l'autre raclait une basse
, Scarron, Rom. com. I, 15.Ma muse épique… Sur un vieux luth qu'il faut monter toujours S'en va raclant quelque air mélancolique
, Voltaire, Poésies mél. 35.Par assimilation, en parlant du style, avoir un langage dur, raboteux, peu agréable.
Phébus, voyant sa mine constipée [d'un abbé qui récite ses vers], Dit : quelle est donc cette muse éclopée Qui vient ici racler du violon En manteau court ?
Rousseau J.-B. Épigr. en rondeau.Ô Chapelain, toi dont le violon De discordante et gothique mémoire, Sous un archet maudit par Apollon, D'un ton si dur a raclé son histoire [de la Pucelle]
, Voltaire, Puc. I. - 4Racler les bois, éclaircir les bois taillis qu'on ne veut couper qu'à onze ou quinze ans.
HISTORIQUE
XIVe s. Et soit [l'ongle] raclé de voirre [verre]
, B. de Gordon, Traduction, I, 27.
XVe s. Oncques nul ne vint au devant, Sinon deux malostrus racletz [tondus]
, Ancien théâtre français, t. II, p. 298. Il fut rez, chef, barbe et sourcil, Comme ung navet qu'on racle et pelle
, Villon, Gr. testam. Rond.
XVIe s. Les gens y fourmillent, ainsi qu'ils faisoyent dans la comté de Flandres, avant que ces derniers orages eussent raclé ses habitans, ses richesses et ses superbes bourgs
, Lanoue, 356. Les superstitions sont raclées du monde, afin que la pure religion y florisse
, Calvin, Instit. 29. Les gresles et tempestes raclent tout ce qu'elles rencontrent
, Calvin, ib. 137. C'est un point raclé [la chose est faite]
, Cotgrave † Et n'est gueres homme qui ne se trouble à ce bruit aigre et poignant que font les limes en raclant
, Montaigne, II, 367.
ÉTYMOLOGIE
Catal. rasclar ; ital. raschiare ; d'un latin fictif rasiculare, qui provient d'un diminutif du lat. rasus, rasé.