« oeillade », définition dans le dictionnaire Littré
oeillade
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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)
œillade [1]
(eu-lla-d', ll mouillées, et non euya-d' ; Ménage avertit de ne pas prononcer, comme faisaient quelques-uns, è-lla-de) s. f.
- 1Coup d'œil (ce qui est le sens propre).
D'une œillade… le général perce les coupables jusqu'au cœur ; et en les regardant il les punit
, Guez de Balzac, le Romain.Vous parlez de ce regard que je lui vis jeter sur elle : oh ! jamais je ne l'ai oublié ! cette œillade-là ne valait rien : il y avait quelque chose dedans qui n'était pas dans l'ordre
, Marivaux, Fauss. confid. III, 2.Je le retrouvais [un ennemi] sur ce terrain, me poursuivant de ses œillades furibondes et ourdissant contre moi des complots ténébreux
, Reybaud, Jér. Pâturot, II, 7. - 2 Particulièrement. Coup d'œil furtif et lancé à dessein.
Et ne permettons pas qu'après tant de bravades Mon sceptre soit le prix d'une de ses œillades [de Cléopatre]
, Corneille, Pomp. II, 4.Jamais œillade de la dame, Propos flatteur et gracieux, Mot d'amitié ni doux sourire, Déifiant le pauvre sire, N'avaient fait soupçonner qu'il fût vraiment chéri
, La Fontaine, Fabl. IX, 15.Ces œillades qui parlent sans parler, et qui disent bien plus que les paroles mêmes
, Bourdaloue, 11e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 241.Les œillades à demi lâchées et à demi rendues entre deux personnes
, Marivaux, Pays. parv. part. 7.Vos jeunes attraits, vos œillades Ne me rendront pas mon printemps
, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 145.Il avait souvent jeté des œillades, serré le bout des doigts
, Comte de Caylus, Étrennes de la St-Jean, Œuv. t. X, p. 401, dans POUGENS.Partout ses yeux, pour m'alarmer, Provoquaient l'œillade indiscrète
, Béranger, Rosette.
HISTORIQUE
XVIe s. Depuis cela ilz s'entrejetterent force œillades
, Amyot, Sylla, 72. Il [le malade qui a succombé] a descouvert son bras… il s'est couché sur le costé gauche… somme, une parole, un songe, une œuillade leur semble [aux médecins] suffisante excuse pour se descharger de faulte
, Montaigne, III, 210.
ÉTYMOLOGIE
Œil ; wallon, ouyâd ; picard, euyade, coup à l'œil.