« notre », définition dans le dictionnaire Littré

notre

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notre

(no-tr'), au pluriel NOS (nô ; l's selie : nô-z hommes) adj. poss. qui précède toujours son substantif.
  • 1Qui est à nous. Notre père. Notre fille. Nos deux amis. Notre excellente mère. Notre hôte cependant s'adressant à la troupe : Que vous semble, a-t-il dit, du goût de cette soupe ? Boileau, Sat. III.
  • 2Notre, parmi le peuple, est quelquefois synonyme de mon. Ainsi un artisan dit : notre femme, notre ménagère, notre servante, notre maître, etc.
  • 3Employé au lieu de mon par le souverain, les évêques, etc. dans les mêmes cas où ils emploient nous pour je ou moi. Notre ordonnance. Notre mandement.
  • 4Notre, avec un sens indéterminé, se dit des gens dont nous parlons. Toutes deux firent tant, que notre tête grise…, La Fontaine, Fabl. I, 17. Nos deux époux suivaient, ne marchant qu'avec peine, La Fontaine, Philém. et Baucis. Voilà comment s'y prit notre assiégeant, La Fontaine, Magn. C'est un air pour une sérénade, que je lui ai fait composer ici, en attendant que notre homme fût éveillé, Molière, Bourg. gent. I, 1. M. le baron de Sercour (c'était le nom de notre dévot), Marivaux, Marianne, 9e part. M. Swift est Rabelais dans son bon sens et vivant en bonne compagnie ; il n'a pas, à la vérité, la gaieté du premier, mais il a toute la finesse, la raison, le choix, le bon goût qui manque à notre curé de Meudon, Voltaire, Dict. phil. Prior, etc. Si notre Alexandre avait connu cette invention [la poudre à canon], il n'aurait pas eu besoin de sa valeur pour conquérir le monde, Voltaire, Dial. d'Évhémère, XXIX, 12. Il n'est point ordinaire que la chair d'un oiseau de proie soit bonne à manger, comme l'est celle de notre caracara, Buffon, Ois. t. IV, p. 158.
  • 5Notre, placé devant les adjectifs ou adverbes comparatifs, fait un superlatif relatif. Notre meilleur ami. Nos plus beaux arts. Nos moindres ennuis.

HISTORIQUE

IXe s. Pro Deo amur et nostro commun salvament, Serment.

XIe s. Charles li reis nostre emperere magne, Ch. de Rol. I. Enveions i les filz de nos moillers [femmes], ib. III. Se li servez [Mahomet], l'honur del champ ert [sera] nostre, ib. LXXII. Ce dist Rolans : nostre home sont mout proz, ib. CX.

XIIe s. Nos bons Franzois n'ont cure du fuïr, Ronc. 60. Legerement aurez les nos vengez, ib. 70. Or vont li nostre à grant destrucion, ib. 76. Car pleüst Deu, le nostre creator…, ib. 79. Pour un des noz cinq des paienz prenez, ib. 101.

XIIIe s. À notre gent françoise la fist li rois monstrer, Berte, III. Ha ! rois Pepins, fait-ele, vo bien ne sont pas no [nôtres], ib. XXX, 11. Ainsi ont no ministre cest ordre devisé, ib. XLV. Si lui donriens [donnerions] no [notre] terre et trestout nostre avoir, ib. LXV.

XVIe s. La victoire est nostre, compagnons, la victoire est nostre, Amyot, Lucul. 54. Apportons-y seulement du nostre, l'obeissance et la subjection, Montaigne, II, 226.

ÉTYMOLOGIE

Berry, noute, notre, le noûte, le nôtre ; picard, no ; provenç. nostre ; esp. nuestro ; port. nosso ; ital. nostro ; du lat. noster, de nos, nous. L'ancienne langue avait, de cet adjectif, deux formes qui se suppléaient : notre au singulier et nostre au pluriel ; et nos qui était à la fois la forme du singulier et celle du pluriel.