« neveu », définition dans le dictionnaire Littré
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neveu
- 1Dans le sens latin, qui n'est plus guère usité, petit-fils.
Avant que d'y périr, s'il faut qu'il y périsse, Qu'il vous laisse un neveu qui le soit de Maurice
, Corneille, Héracl. I, 1.Jusques à souhaiter des fils et des neveux
, Corneille, Pulch. V, 3.À la postérité vous devez des neveux
, Corneille, Suréna, I, 3.Rome, dans ton palais [d'Auguste], vient de voir immoler Le seul de tes neveux qui te pût ressembler
, Racine, Brit. V, 8.Et la terre humectée But à regret le sang des neveux d'Érechthée
, Racine, Phèdre, II, 1.Au plur. Dans le style soutenu, les neveux, la postérité, ceux qui viendront après nous.
Pourquoi n'ont pas péri ces tristes monuments ? Faut-il qu'à nos neveux j'en raconte l'histoire ?
La Fontaine, Adonis.Je m'en réjouis par avance pour l'intérêt de nos neveux, qui trouveront un grand goût à ces mémoires
, Sévigné, à Bussy, 17 mai 1671.Votre règne aux neveux doit servir de modèle
, Racine, Esth. II, 5.Ô Richardson, si tu n'as pas joui, de ton vivant, de toute la réputation que tu méritais, combien tu seras grand chez nos neveux, lorsqu'ils te verront à la distance d'où nous voyons Homère !
Diderot, Éloge de Richards.On dit dans le même sens : derniers neveux, arrière-neveux.
Mes arrière-neveux me devront cet ombrage ; Eh bien ! défendez-vous au sage De se donner des soins pour le plaisir d'autrui ?
La Fontaine, Fabl. XI, 8.Et qu'enfin votre livre aille au gré de vos vœux Faire siffler Cotin chez nos derniers neveux
, Boileau, Sat. IX.Que ses derniers neveux s'arment contre les miens ! Que mes derniers neveux s'acharnent sur les siens !
Delille, Én. IV.Là régneront Énée et ses derniers neveux, Et les fils de ses fils, et ceux qui naîtront d'eux
, Delille, ib. III. - 2Fils du frère ou de la sœur.
Je vieillis, et ne puis regarder sans effroi Les neveux affamés dont l'importun visage De mes biens à mes yeux fait déjà le partage
, Boileau, Sat. X.Mon père la [Aricie] réprouve, et, par des lois sévères, Lui défend de donner des neveux à ses frères
, Racine, Phèdre, I, 1.Guillaume Dubois, né en 1656, était fils ou neveu, car on n'est pas d'accord sur sa généalogie, d'un pauvre apothicaire de Brives-la-Gaillarde, en Limosin
, D'Alembert, Art. du card. Dubois, Œuv. t. X, p. 86, dans POUGENS.Petit-neveu, le fils du neveu ou de la nièce.
Neveu à la mode de Bretagne, le fils du cousin germain ou de la cousine germaine.
J'ai un maître maquignon, qui est mon neveu à la mode de Bretagne
, Lesage, Turcar. III, 12.Mon cher neveu à la mode de la Bretagne, car vous l'êtes, et non pas mon cousin, apprenez, s'il vous plaît, à prendre les titres qui vous conviennent
, Voltaire, Lett. à M. de la Houlière, 27 oct. 1770.Neveu à la mode du Marais, bâtard ; locution qui vient d'un fils naturel que M. de Tresmes avait eu d'une sœur de Scarron, logée au Marais, à Paris.
Cardinal neveu, cardinal qui est le neveu d'un pape vivant.
HISTORIQUE
XIe s. Vint i ses niés, ot vestue sa broine [cuirasse]
, Ch. de Rol. XXVIII. [Ils] Plorent lur filz, lur freres, lur nevolz
, ib. CLXXIV. Pur mon neüd, que [je] voudreie trouver
, ib. CCI.
XIIe s. Qui son neveu vendi à la gent Herupois
, Sax. XVIII. Fai nus livrer set de ses fiz e des nevoz Saül
, Rois, p. 202. Cil qui esteit niez, fis devint, Et por mere l'ante [la tante] se tint ; Au nevo fu l'ante livrée
, Wace, Vierge Marie, p. 62.
XIIIe s. Cil dui conte estoient cousin germain et neveu le roi de France
, Villehardouin, LI. Joffrois de Villehardoin, qui niés estoit Joffroi le mareschal de Champaigne
, Villehardouin, CXXXIII. Li fix de mon frere m'est el secont degré de lignage de costé en avalant, et l'apele on neveu
, Beaumanoir, XIX, 3.
XIVe s. Se ses filz ou nevouz ont prosperités ou adversités
, Oresme, Eth. 22.
XVe s. [Mathieu de Gournay] reçut son neveu liement et tous les autres… l'intention de messire Thomas Bridet estoit telle que d'aller tout droit son chemin… mais messire Mathieu de Gournay lui dit : Beau nieps, il faut delivrer le pays d'aucuns Bretons
, Froissart, II, II, 39.
XVIe s. Item doresnavant ayeul ou ayeule ne pourront prendre la garde noble de leurs nepveux en ligne directe
, Coust. génér. t. I, 395. Fut à nos anciens fort familier et frequent, pour la proximité de parentage, le mot de nepveu, non pour le regard de l'oncle, ains de l'ayeul, c'est à dire pour ce que nous disons, par un contour de langage, petit-fils
, Pasquier, Rech. VIII, 50.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. neps, nebs, nebot ; esp. nieto ; port. neto ; ital. nepote, nipote ; du lat. nepos, nepotem, petit-fils, et plus tard neveu. Le vieux français niés, le provençal neps, nebs, est le nominatif, répondant au latin nepos, avec l'accent sur nep ; nevou, neveu, nebot, est le régime et répond à nepotem, avec l'accent sur po. Nepos est parallèle à l'allemand Neffe ; inscription persane, nepa ; zend, naptar ; sanscr. naptri, tous mots qu'Eugène Burnouf rattache au sanscrit nābhi, nombril et race.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
NEVEU. - HIST.XIIIe s. Ajoutez : Por l'amor de lor oncle [ils] ont tuit le roi guerpi ; Por ce dit on encore : ainz venge [vienne] niez que fiz
, Aye d'Avignon, V. 2669.