« humilier », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
humilier
- 1Rendre humble. Humilier son cœur.
Elle croyait voir partout dans ses actions un amour-propre déguisé en vertu… ainsi Dieu l'humiliait par ce qui a coutume de nourrir l'orgueil, et lui faisait un remède de la cause de son mal
, Bossuet, Anne de Gonz. - 2Donner de la confusion, de la mortification.
Moab fut humilié en ce jour-là sous la main d'Israël
, Sacy, Bible, Juges, III, 30.Ne puis-je pas d'Achille humilier l'audace ?
Racine, Iphig. IV, 8.Je n'ai point… Assez humilié votre orgueil téméraire
, Voltaire, Orph. V, 4.Racine sentait bien son extrême supériorité sur Euripide, mais il louait ce poëte grec pour humilier Perrault
, Voltaire, Dict. phil. Anciens et mod.…Mais les nièces prudentes Aiment bien mieux tromper qu'humilier leurs tantes
, Lanoue, Coquette corr. II, 1.Tenez, monseigneur, n'humilions pas l'homme qui nous sert bien, crainte d'en faire un mauvais valet
, Beaumarchais, Mar. de Fig. III, 5. - 3S'humilier, v. réfl. Avec la prép. à, condescendre humblement.
J'ai obéi à mon père et à ma mère ; je leur ai cédé ; je me suis humilié à leurs volontés raisonnables ou déraisonnables
, Malherbe, le Traité des bienf. de Sénèque, III, 38.Absolument. Se rendre humble, s'abaisser.
Que celui qui s'humilie en votre présence ne soit pas renvoyé couvert de confusion
, Sacy, Bible, Psaum. LXXIII, 21.Notre grand maître a eu cette vertu [l'humilité] pendant sa vie ; mais, parce qu'il s'est humilié, il faut qu'il soit glorifié après sa mort
, Bossuet, Cornet.Humilions-nous devant notre Dieu d'être coupables de ce crime énorme [l'idolâtrie]
, Bossuet, Panég. St Victor, I.…Il croit dans sa folie, Qu'il faut que devant lui tout d'abord s'humilie
, Boileau, Sat. V.Aux pieds de l'Éternel je viens m'humilier
, Racine, Esth. I, 1.Vous voulez que le roi s'abaisse et s'humilie
, Racine, Mithr. III, 1.Ses paupières s'en humiliaient par pudeur
, Hamilton, Gramm. 7.Il s'est humilié sous la main de Dieu
, Massillon, Or. fun. Louis XI.S'infliger des humiliations réciproques. Ils se sont tour à tour humiliés.
HISTORIQUE
XIIe s. De son fieu [fief] ne se daingne vers vous humelier
, Rou, V. 4427. Charles le reconforte et vers lui s'umelie
, Ronc. p. 197. De grant outrage faire nus hom ne monteplie [prospère], Ainz se monte et essauce qui son cuer humelie
, Sax. XXXII. Li reis Henris idunc de tant s'umiliad, Que par s'umilité en plur [pleurs] tuz les turnad
, Th. le mart. 161. Nostre sires est dreituriers, et humilierent sei devant nostre seignur
, Rois, p. 296.
XIIIe s. Sagement s'est vers lui [le roi] Symons humiliés [a fait les salutations convenables]
, Berte, CXX. Quant sa mere le vit si humilié, si fu meüte [mue] en pitiet
, Chr. de Rains, 222. Renart voit bien ne puet guenchir, Ne nule part ne puet foïr ; Vers son oncle moult s'umelie, Et doucement merci li prie
, Ren. 7731.
XIVe s. Se comme par aventure, se ung grant segneur estoit prins et se il se humiliet devant son adversaire par paour de mort
, Oresme, Eth. 49.
XVe s. Adonc le roy [Alexandre le Grand] lui mesme alla prendre le chevalier entre ses bras, et l'ayda à mener en son pavillon, et l'assit en son propre siege, et le frota devant beau feu, et l'eschauffa pour le faire revenir ; et ainsi ce noble empereur humilia la grandeur de sa majesté par pitié et misericorde
, Bouciq. IV, ch. 9.
XVIe s. Nous tenons nos entendemens captifs et les humilions, à ce qu'ils n'entreprennent point de s'eslever ou gronder contre l'authorité de Dieu
, Calvin, Instit. 1118.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. humiliar, umiliar, omeliar ; espagn. humillar ; ital. umiliare ; du lat. humiliare, de humilis (voy. HUMBLE).
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
HUMILIER.S'humilier d'une chose, en ressentir de l'humilité. Croyez-moi, le trop ou le trop peu que vous dites ne vous nuira pas devant Dieu, si vous vous en humiliez
, St-Cyran, à Singlin, dans STE-BEUVE, Port-Royal, t. I, p. 458, 3e éd.