« humble », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
humble
- 1Qui a de l'humilité. Un homme humble. Une femme humble.
Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes
, Sacy, Bible, Évang. St Math. XI, 29.Tout humble chrétien se contentera aisément de la même certitude sur la justice que sur le salut éternel
, Bossuet, Var. XV, § 154.Elle accomplit tous ses devoirs sans présomption, et fut humble non-seulement parmi toutes les grandeurs, mais encore parmi toutes les vertus
, Bossuet, Marie-Thérèse.Peut-être n'est-il pas moins rare dans le siècle où nous sommes et jusque parmi ceux qui sont les plus sévères pour eux-mêmes, de trouver des hommes à couvert de l'orgueil et humbles d'esprit et de cœur
, Bourdaloue, Sévér. évang. 2e avent, p. 438.Peut-être je devrais, plus humble en ma misère, Me souvenir du moins que je parle à son frère
, Racine, Mithr. I, 2.Humble dans le bonheur grand dans l'adversité, Dans la seule vertu trouvant la volupté
, Destouches, Phil. marié, III, 3.Substantivement.
Un vrai humble est aussi soigneux de cacher son humilité que toutes ses autres vertus
, Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 147.Heureux donc les humbles de cœur !
Bourdaloue, ib. t. II, p. 165.Il prend l'humble sous sa défense
, Racine, Esth. I, 5.Il entend les soupirs de l'humble qu'on outrage
, Racine, ib. III, 4.La grâce est réservée aux humbles, à ceux qui se défient…
, Massillon, Carême, Fausse conf. - 2Qui a le caractère de l'humilité, en parlant des choses. Une humble supplication.
Par de profonds respects, par d'humbles sacrifices
, Corneille, Sertor. II, 4.Sa confession fut humble, pleine de componction et de confiance
, Bossuet, Louis de Bourb. - 3Dont la déférence est excessive. Être humble devant les grands.
Demandez à ceux qui ont dans le cœur quelque passion violente, s'ils conservent quelque orgueil ou quelque fierté en présence de ce qu'ils aiment ; on ne se soumet que trop, on n'est que trop humble
, Bossuet, la Vallière.Cet humble adorateur se déclare mon maître
, Racine, Alex. III, 1. - 4 En termes de civilité. Faire de très humbles remercîments. Rendre de très humbles grâces. Assurer de ses très humbles respects.
On termine souvent une lettre par ces mots : Votre très humble serviteur ; Votre très humble servante.
Selon mon humble opinion, formule exagérée de modestie, assez souvent employée.
- 5Il se dit quelquefois pour modeste. D'humbles vertus.
Telle aimable en son air, mais humble dans son style, Doit éclater sans pompe une élégante idylle
, Boileau, Art p. II. - 6Qui a peu d'apparence, peu d'éclat, peu de force. L'humble violette. Les humbles bruyères.
Cependant l'humble toit devient temple, et ses murs Changent leur frêle enduit aux marbres les plus durs
, La Fontaine, Philém. et Baucis.Touchée de ces sentiments [le renoncement aux grandeurs], elle aima cette humble maison [des religieuses de Sainte-Marie de Chaillot] plus que ses palais
, Bossuet, Reine d'Angl.Le luxe n'y fait point d'outrages à l'humble médiocrité
, Lamotte, Od. t. I, p. 185, dans POUGENS.Enfin de Mahomet les sublimes desseins Que n'ose approfondir l'humble esprit des humains
, Voltaire, Fanat. II, 1.Il se dit, en un sens analogue, des personnes. L'humble laboureur.
Absolument et poétiquement. L'humble toit, la demeure des paysans, des gens du peuple.
Ni l'or ni la grandeur ne nous rendent heureux ; Ces deux divinités n'accordent à nos vœux Que des biens peu certains, des plaisirs peu tranquilles ; Des soucis dévorants c'est l'éternel asile… L'humble toit est exempt d'un tribut si funeste
, La Fontaine, Phil. et Baucis.On parlera de sa gloire Sous le chaume bien longtemps ; L'humble toit, dans cinquante ans, Ne connaîtra plus d'autre histoire
, Béranger, Souv. du peuple. - 7 Fig. Peu relevé. Remplir les fonctions les plus humbles. L'humble condition de gardeur de moutons.
Heureux qui satisfait de son humble fortune, Libre du joug superbe où je suis attaché…
, Racine, Iphig. I, 1.Ces chaumes, ces déserts, où des pompes des rois Je vous vis descendue aux plus humbles emplois
, Voltaire, Scythes, III, 4. - 8 Terme d'anatomie. Muscle humble, le droit inférieur de l'œil, à cause de son mode d'action sur le globe oculaire, qu'il abaisse.
HISTORIQUE
XIIe s. …Le puissant seigneur Qui l'orguilus abat, met l'umble en sié [siége] haucur [plus haut]
, Th. le mart. 74.
XIIIe s. Si doit estre [le prêtre] humeles, benignes, larges
, Du Cange, humilis.
XIVe s. …Tous ceux qui sont blandiseeurs, humbles et serviables et veulent à chescun plere, il sont flateurs et de servile condicion
, Oresme, Eth. 124.
XVIe s. …Qui aux humbles pardonne, Aux fiers porte rigueur
, Marot, J. V, 163. Et bon courage et espoir lui donras, Prestant l'oreille à son humble oraison
, Marot, J. IV, 246. Ce qui près toy me rend bas et humile
, Marot, J. III, 277. Demande à Marot tant habile Si humile Doibt pour humble (sic) en francoys
, Crit. de Marot, VI, 93.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. humil, omil ; esp. humilde ; ital. omile ; du lat. humilis, qui vient de humus, terre (voy. HUMUS).