« gouverneur », définition dans le dictionnaire Littré

gouverneur

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gouverneur

(gou-vèr-neur) s. m.
  • 1Celui qui est chargé du commandement dans une province, dans une place, dans une maison royale. Maxime, je vous fais gouverneur de Sicile, Corneille, Cinna, II, 1. Notre ville demande un nouveau gouverneur. - Et la raison ? - Le nôtre est devenu trop riche ; On ne peut tant gagner à moins que l'on ne triche, Boursault, Fabl. d'Ésope, II, 5. Puisque César et Jupiter sont ignorés dans le royaume le plus vaste de l'univers [la Chine], il vous sied bien, ô gouverneurs de quelques petits pays, ô prédicateurs d'une petite paroisse dans une petite ville… de prétendre à la réputation, Voltaire, Dict. philos. Gloire, § 2. Napoléon n'entra qu'avec la nuit dans Moscou ; il s'arrêta dans une des premières maisons du faubourg de Dorogomilow ; ce fut là qu'il nomma le maréchal Mortier gouverneur de cette capitale, Ségur, Hist. de Nap. VIII, 6.

    Le gouverneur de la Banque de France, le directeur général de cet établissement.

    On dit de même : gouverneur du crédit foncier, du crédit mobilier.

    Sous-gouverneur, celui qui est sous le gouverneur.

    C'est un gouverneur de lions, se disait pour se moquer d'un homme qui ne change jamais d'habits par pauvreté ou par lésinerie, à cause que ceux qui gouvernent les lions dans les ménageries n'osent changer l'habit auquel les lions sont accoutumés.

  • 2Celui qui dirige l'éducation d'un jeune homme. Il lui recommanda [à M. de Montausier] le soin de l'instruction [du Dauphin], et se chargea des grands exemples ; il voulut que le siècle présent jouît de la félicité de son règne, et laissa à la conscience et à l'habileté de ce prudent gouverneur les espérances du siècle à venir, Fléchier, M. de Montausier. J'eus soin de vous nommer, par un contraire choix, Des gouverneurs que Rome honorait de sa voix, Racine, Brit. IV, 2. Le duc d'Orléans avait eu successivement quatre gouverneurs, qui moururent à si peu de distance l'un de l'autre que Benserade disait qu'on ne pouvait pas élever de gouverneur à ce prince, Duclos, Mém. Œuv. t. v, p. 196, dans POUGENS.
  • 3Celui qui, à la cour, est à la tête de certains jeunes gens. On lui donnait pour dot sa place de gouverneur des pages qu'il cédait à son gendre, Marmontel, Mém. VIII.
  • 4 Terme de marine. Se dit quelquefois de l'homme qui tient le gouvernail.
  • 5 Terme de papeterie. Ouvrier chargé de faire pourrir les chiffons, de les couper, de les mettre dans les piles.
  • 6Nom d'un petit poisson qui sert, dit-on, de conducteur à la baleine.
  • 7 Au féminin, gouverneuse s'est dit quelquefois, mais toujours par plaisanterie, pour gouvernante d'un homme, celle qui est à la tête de son ménage.

HISTORIQUE

XIIe s. Saint iglise est espuse al soveraing seignur, E, s'um dune à s'espuse malvais guverneür, à Deu e à s'espuse en fait um deshonur, Th. le mart. 128.

XIIIe s. Nous Baudoins par la grace de Dieu très feaus empereres en Crist, gouvernieres de Romanie, Du Cange, Villehard. App. p. 6. Je vous commant à Dieu qui est vrais gouverniere, Berte, IV. Et disoit encore que nul ne pooit estre bon gouverneur de terre, se il ne savoit aussi hardiment escondire [refuser] comme il sauroit donner, Joinville, 289.

XIVe s. Tout aussi comme le bon gouverneur d'un ost use de sa gent de tant et de tielz comme ilz sont, au mielx qu'il appartient selon fait d'armes, Oresme, Eth. 25. Il y aura à present au dit duché de Bourgogne un gouverneur souverain ayant de nous pleine puissance, Ordonn. des rois de Fr. t. III, p. 535.

XVe s. Et n'y avoit dame ni damoiselle… fors la gouverneresse de Lille femme au gouverneur, Froissart, II, II, 217. Gouverneur des celiers du duc de Bourgogne, Estats des officiers des ducs de Bourgogne, p. 56, dans LACURNE.

XVIe s. Il y a une grande admiration de la societé et amitié qui est entre le poisson appellé gouverneur et la balaine, Paré, Animaux, 16. Est-ce pas faire au ciel injure et deshonneur, De dire que l'amour, du monde gouverneur, Soit meschant et cruel et autheur de tout vice ? Ronsard, 770.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. governaire, governador ; espagn. gobernador ; portug. governador ; ital. governatore ; du lat. gubernatorem, de gubernare, gouverner. Dans l'ancien français et le provençal, governere, governaire sont au nominatif, de gubernátor ; governeor, governador sont au régime, de gubernatórem. Gouverneresse (qui est dans Froissart), et non pas gouvernante, serait le vrai nom pour la femme d'un gouverneur de province, de ville.