« fidèle », définition dans le dictionnaire Littré

fidèle

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

fidèle

(fi-dè-l') adj.
  • 1Qui garde la foi donnée, les engagements pris. Ah ! mon fils, qu'il est partout des traîtres ! Qu'il est peu de sujets fidèles à leurs maîtres, Corneille, Nicom. V, 8. Je vous suis aussi fidèle sur l'eau que sur la terre, Sévigné, 21. Les Écossais, à qui il [Charles 1er] sedonne, le livrent aux parlementaires anglais ; et les gardes fidèles de nos rois trahissent le leur, Bossuet, Reine d'Anglet. Soyons-nous donc au moins fidèles l'un à l'autre, Racine, Mithr. I, 5. Hobbes, si fidèle à son infortuné monarque Charles 1er, Voltaire, Jenni, 6. Reviens me joindre ici, sois fidèle, ou je cours Livrer au peuple entier mon secret et mes jours, Delavigne, Paria, III, 4.

    Être fidèle à… ne pas manquer à… Être fidèle à ses principes. Un homme est plus fidèle au secret d'autrui qu'au sien propre, La Bruyère, III. Ce cœur sera fidèle à tes secrets desseins, Et ce bras combattra l'ennemi des Romains, Voltaire, Rome sauv. II, 3.

    Être fidèle à… avec un infinitif. Afin que ce qui était caché dans votre cœur fût découvert, et que l'on connût si vous seriez fidèle ou infidèle à observer ses commandements [de Dieu], Sacy, Bible, Deutér. VIII, 2. Si vous êtes fidèle à ne pas chercher les occasions, vous ne sauriez répondre de celles qui vous cherchent, Massillon, Profess. relig. Serm. 1. On veut qu'ils aient été tous également fidèles à garder ce secret, également jaloux d'une gloire qu'ils pouvaient changer contre une autre, Fontenelle, Malézieu.

  • 2Dont les affections ne changent pas. Il est plus difficile d'être fidèle à sa maîtresse quand on est heureux que quand on est maltraité, La Rochefoucauld, Réfl. mor. 331. Oui, puisque je retrouve un ami si fidèle, Ma fortune va prendre une face nouvelle, Racine, Andr. I, 1. Je pars fidèle encor, quand je n'espère plus, Racine, Bérén. I, 2. Pour comble de bonheur, il avait retrouvé sa maîtresse fidèle, Genlis, Veillées du chât. t. III, p. 224, dans POUGENS.

    Femme fidèle, femme qui ne viole pas la foi conjugale. Je rêve à l'écorce d'orange [le roi de Prusse avait comparé Voltaire à une écorce d'orange que l'on presse et qu'on jette] ; je tâche de n'en rien croire ; mais j'ai peur d'être comme les cocus, qui s'efforcent à croire que leurs femmes sont très fidèles, Voltaire, Lett. Mme Denis, 29 oct. 1751.

    II se dit aussi des sentiments eux-mêmes. Amitié, amour fidèle. L'agrément de cette fidèle passion, Sévigné, 515.

  • 3Particulièrement, en parlant d'un employé, d'un domestique, etc. qui ne commet point de soustractions. Un caissier fidèle. Celle-ci est adroite, soigneuse, diligente, et surtout fidèle, et vous savez qu'il faut maintenant de grandes précautions pour les gens que l'on prend, Molière, Mal. imag. I, 6. Quoi ! l'avez-vous surprise à n'être pas fidèle ? Molière, F. sav. II, 6.
  • 4Qui professe la vraie religion. Le peuple fidèle a presque toujours été faible, opprimé, persécuté, Massillon, Car. Vérité de la religion.
  • 5Qui ne s'écarte point de la vérité. Fidèle en ses paroles, incapable de déguisement, sûre à ses amis, Bossuet, Duch. d'Orl. Et Dieu trouvé fidèle en toutes ses menaces, Racine, Athal. I, 1. Le plus tendre de vos admirateurs, le fidèle témoin de ce qui se passe dans votre belle âme, Voltaire, Lettre au prince royal de Prusse, 30 mai 1738.

    Exact, conforme à la vérité. On nous faisait, Arbate, un fidèle rapport, Racine, Mithr. I, 1.

    Une mémoire fidèle, celle qui retient avec une grande exactitude. Sa mémoire est fidèle ; et, dans tout ce qu'il dit, De vous et de Joad je reconnais l'esprit, Racine, Athal. II, 7.

    Souvenir fidèle, souvenir exact et durable que l'on a d'une chose.

    Présage fidèle, présage auquel l'événement a répondu. Ô d'un trouble inconnu présage trop fidèle ! Corneille, Oth. v, 6.

    Miroir, glace fidèle, celle qui reproduit exactement les traits, le teint.

    Traducteur fidèle, traduction fidèle, traducteur, traduction qui reproduit exactement l'original. En voulant donner une traduction plus fidèle, il craint de gâter un ouvrage qui a eu du succès, D'Alembert, Lett. au roi de Prusse, 10 déc. 1773.

  • 6Il se dit des choses qui accomplissent ce qu'on en attend. Un service fidèle. Va, tu me veux en vain rappeler à la vie ; Ma haine est trop fidèle et m'a trop bien servie, Corneille, Rod. V, 4. Vois si j'en puis attendre un fidèle secours, Racine, Brit. I, 4.

    Fig. Il se dit aussi de certaines choses dont on veut marquer la continuité, la constance. Les souvenirs me sont restés fidèles, Béranger, Bon vieillard.

  • 7 S. m. Ami dévoué. C'est son fidèle.
  • 8Celui qui a la vraie foi. Il [saint Ambroise] en parle comme d'un parfait fidèle, Fléchier, Hist. de Théod. IV, 36. Lequel des deux fait un usage plus sensé de sa raison, ou le fidèle qui croit, ou l'incrédule qui refuse de croire ? Massillon, Carême, Vérité de la religion. L'autorité qui exige la soumission du fidèle est la plus grande, la plus respectable, la mieux établie qui soit sur la terre, Massillon, ib. Notre siècle est plein de ces demi-fidèles qui, sous prétexte de dépouiller la religion de tout ce que la crédulité ou les préjugés ont pu y ajouter, ôtent à la foi tout le mérite de la soumission, Massillon, ib.
  • 9Dans les temps mérovingiens, les compagnons du prince. Tacite les désigne [les volontaires qui, chez les Germains, suivaient les princes dans leurs entreprises] par les noms de compagnons ; la loi salique, par celui d'hommes qui sont sous la foi du roi ; les formules de Marculfe, par celui d'antrustions du roi ; nos premiers historiens, par celui de leudes, de fidèles ; et les suivants, par celui de vassaux et seigneurs, Montesquieu, Esp. XXX, 16. Chamarré de vieux oripeaux, Ce roi, grand avaleur d'impôts, Marche entouré de ses fidèles, Béranger, Ch. le Simple.

HISTORIQUE

XIe s. An la sameine [semaine] qued il s'en dut aler, Vint une voiz treiz feiz en la citet, Hors del sacrarie [sanctuaire] par cumandement Deu, Ki ses fideilz si ad tuz amuiet [rendus muets], St Alexis, LIX. Que jel suivrai od mil de mes fedeilz, Ch. de Rol. VI.

XIIe s. Recevez le conseil, sire, e l'asensement De celui qui vus est fedeilz veraiement, Th. le mart. 80. E jo susciterai à mun oes [à mon besoin] pruveire [prêtre] fedeil ki sulunc mun quer se deduirra, Rois, p. 10.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. fizel, fiel ; catal. fidel, fiel ; espagn. et portug. fiel ; ital. fedele ; du lat. fidelis, de fides, foi (voy. ce mot ; voy. aussi FÉAL, qui est le même mot que fidèle).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

FIDÈLE. Ajoutez :
10Très Fidèle, titre donné au roi de Portugal.

Fidélissime, titre donné jadis aux rois de Navarre. Henri II, Très Chrétien de France, et Antoine Ier, Fidélissime de Navarre…, Cayet, dans BAYLE, Note N de l'art. IV de Jeanne d'Albret.