« fût », définition dans le dictionnaire Littré

fût

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fût

(fû ; le t ne se lie pas ; au pluriel, l's se lie : des fû-z arrangés dans la cave) s. m.
  • 1Bois de haut fût, bois élevé.

    Terme de vénerie. La principale branche du bois d'un cerf, de laquelle sortent les andouillers.

  • 2Le bois sur lequel est monté le canon d'un fusil, d'un pistolet.

    Par extension. Le fût d'un rabot.

  • 3 Terme d'architecture. Le corps de la colonne compris entre la base et le chapiteau. Fût cannelé. Fût uni. Puis l'œil entrevoyait dans le chaos confus Aqueducs, escaliers, piliers aux larges fûts, Hugo, Orient. 1.

    On dit aussi le fût d'un candélabre.

  • 4Bois qui forme le manche de la raquette et qui en porte les cordes.
  • 5 Terme de marbrier. Outil en fer dans lequel on monte des mèches de différentes grosseurs pour percer des trous.
  • 6 Terme de marine. Assemblage de petites lattes qui forment la monture de la girouette.
  • 7Baguette d'un archet de violon.

    Planchette sur laquelle s'attachent les cordes.

    Fût de couteau, instrument dont le relieur se sert pour rogner les livres.

  • 8Tonneau où l'on met le vin. Acheter de vieux fûts.

    Sentir le fût, en parlant du vin, avoir un mauvais goût pris dans le tonneau. Je ne comprends pas par quelle fantaisie je vous demandais cette inutilité ; je crois que c'était dans le transport de la reconnaissance de ce bon vin qui sent le fût, Sévigné, 282.

  • 9Cylindre creux sur lequel sont montées les peaux d'un tambour.

    Buffet d'orgue.

    Carcasse d'une malle.

  • 10Fût de girofle, petit bouton tendre, qui se trouve au milieu de la tête du clou de girofle.

HISTORIQUE

XIe s. Al cors [il] li met et le fer et le fust, Ch. de Rol. CXIX. Bien le batirent à fuz et à bastons, ib. CXXXV. [Ils] Tranchent les cuirs et les fuz [des écus] qui sunt doubles, ib. CCLXI. Va, les pend tous à l'arbre de mal fust, ib. CCXC.

XIIe s. E il fud cume li petiz vermes ki le dur fust [bois] perced [perce], Rois, p. 211. Le fust qued est plantet dejuste les decurs des ewes, Liber psalm. p. 1.

XIIIe s. Lors s'esleeceront [se réjouiront] tuit li fust des selves contre la face de Nostre Seigneur, Psautier, f° 116. Quant il [le chèvrefeuille] est si laciez e pris E tut entur le fust [arbre] s'est mis, Ensemble poient bien durer, Marie de France, Chèvrefeuille. Et n'i avoit si haute tour qu'il n'i feissent deus estages ou trois de fust pour plus haussier, Villehardouin, CI.

XIVe s. Et semblablement font ceulx qui veulent drecier les fusts ou les bastons qui sont tors et boisteux, Oresme, Eth. 54. [Il] Fist dresser les vaisseaux de vin en lor estant, Et le fust defonsser ; et vont le vin puisant Les fames, les varlés, qui no gent vont servant, Guesclin. v. 20136. Une boitellete d'or en la quelle a du fust de la vraie crois, Bibl. des chartes, 4e série, t. V, p. 161. Le pont de fust de l'isle Nostre Dame, De Laborde, Émaux, p. 326.

XVe s. Et adonc ordonnerent que les trois capitaines seroient atout soixante fusts de lance, Monstrelet, liv. 2. À tels chanteurs respondez courte messe ; Du fust qu'ils font, rendez leur le merien [rendez-leur bois pour bois, ce que nous dirions rendez-leur la monnaie de leur pièce], Deschamps, Poésies mss. f° 225. Et dist qu'uns naistroit de femme… Lequel Dieu et homme seroit, Mort et passion souffreroit En un fust dont l'en feroit croiz…, La nativité de J. C. Mystère.

XVIe s. La France n'avoit qui peust, Que toy, remonter de cordes De la lyre le vieil fust, Du Bellay, J. II, 50, recto. Aulner fust à fust, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Génev. une fuste, un tonneau ; prov. fust, bois, arbre, fusta, poutre ; esp. et port. fuste ; ital. fusto ; du lat. fustis, bâton, bois, pour lequel voy. à l'étymologie de fétu.