« exhorter », définition dans le dictionnaire Littré

exhorter

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

exhorter

(è-gzor-té) v. a.
  • 1Pousser à… par des paroles. Exhorter à la paix, à l'union. En secret dans mon cœur je l'exhorte à la fuite, Corneille, Pomp. II, 1. Je vous exhorte non pas à pleurer une reine, mais à imiter une bienfaitrice, Fléchier, Marie-Thér. d'Autr. On exhorte les autres à faire le bien ; il suffisait de le proposer à cette princesse, Fléchier, ib.

    Donner du courage pour. Exhorter des troupes avant le combat. Je lis qu'il exhorta sa femme à vivre ; mais je ne lis point qu'elle l'ait exhorté à mourir, Diderot, Règne de Claude et Néron, I, § 108.

    Exhorter quelqu'un à la mort, l'exhorter à mourir en bon chrétien. Il fallut exhorter à la mort celle qui m'avait donné la vie, Genlis, Mlle de Lafayette, p. 106, dans LACURNE.

    Absolument. Nous sommes ambassadeurs pour Jésus-Christ, dit saint Paul, et Dieu exhorte par nous, Bossuet, Polit. VII, v, 13.

    Exhorter, avec que et le verbe suivant au subjonctif. Nous vous exhortons que vous ne receviez pas en vain la grâce de Dieu, Bossuet, II, Pénit. 1.

    Exhorter, avec de et le verbe suivant à l'infinitif (plus rare que exhorter à). Il l'exhortait d'entreprendre quelque chose digne de sa naissance, Vaugelas, Q. C. liv. III, dans RICHELET. Quand un académicien est reçu, on doit lui faire lecture des statuts, qu'il est exhorté de garder, Pellisson, Hist. de l'Acad. II. Lorsque David exhortait le généreux Urie de retourner dans sa maison et d'y jouir, dans le repos, des plaisirs domestiques, Massillon, Conf. Fuite du M. Les exhortant de ne pas flétrir par une fuite honteuse la gloire du nom français, Massillon, Conty. Elle m'exhorta de consulter d'habiles gens, Rousseau, Conf. VI.

    Fig. Exhorter peut avoir rien pour sujet. Il n'y a rien qui exhorte tant à savoir bien mourir que de n'avoir point de plaisir à vivre, Voiture, Lett. 71.

  • 2S'exhorter, v. réfl. Se donner des exhortations à soi-même. Il [Pompée] craint que la défaite N'étouffe dans leurs cœurs [de ses soldats] l'espoir de la retraite, Et qu'outré de douleur en le voyant mourir, L'univers sur son chef ne s'exhorte à périr, Brébeuf, Pharsale, VII. Il est quelquefois difficile de discerner le pressentiment, de l'instinct de la raison, du tact des vraisemblances ; alors l'homme ferme s'exhorte et se résout ; la femme et l'homme faible courent au devin, Diderot, Claude et Néron, I, § 92.

    Se donner des exhortations réciproques. Ils s'exhortèrent à se bien conduire.

HISTORIQUE

XVIe s. Ce prophete parle à eulx en public, les exhortant à la vertu et à leur debvoir, Montaigne, I, 238.

ÉTYMOLOGIE

Lat. exhortari, de ex, et hortari, exciter, que les grammairiens latins disent être le fréquentatif d'horior ; on rapproche horior du grec ὄρνυμι, pousser, presser, avec changement d'esprit. L'ancienne langue disait enhorter, usité jusque dans le XVIe siècle.