« docteur », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
docteur
- 1Celui qui enseigne, qui dogmatise.
Vous devriez brûler tout ce meuble inutile, Et laisser la science aux docteurs de la ville
, Molière, F. sav. II, 7.Notre docteur bientôt va lever tous ses doutes
, Boileau, Sat. x.On chassa ces docteurs prêchant sans mission
, Boileau, Art p. III.Soyez donc vous-même, ô mon Dieu, le docteur intérieur des fidèles qui m'écoutent
, Massillon, Car. Jeûne.Les docteurs de l'Église, ceux qui enseignent les vérités du christianisme, et, particulièrement, les Pères de l'Église dont les doctrines ont dominé, tels que saint Athanase, saint Augustin, etc.
Il se dit aussi des principaux maîtres de la scolastique ; et alors docteur est d'ordinaire accompagné d'une épithète. Le docteur angélique, saint Thomas. Le docteur séraphique, saint Bonaventure. Le docteur admirable, Roger Bacon. Le docteur subtil, Jean Duns ou Scot. Le docteur invincible, Ockam, chef des nominaux. Le docteur illuminé, R. Lulle.
Les docteurs de la loi dans l'Ancien Testament, ceux qui enseignaient et interprétaient la loi judaïque.
Malheur à vous, docteurs de la loi, qui vous êtes saisis de la clef de la science, et qui, n'y étant point entrés vous-mêmes, l'avez encore fermée à ceux qui y voulaient entrer
, Sacy, Bible, Év. St Luc, XI, 75.C'était [Éléazar] un vénérable vieillard, âgé de quatre-vingt-dix ans, docteur de la loi, dont la vie avait toujours été pure et innocente
, Rollin, Hist. anc. Œuvres, t. VIII, p. 629, dans POUGENS.En mauvaise part.
Va, ne présume pas que, quoi que je te jure, De tes nouveaux docteurs je suive l'imposture
, Corneille, Poly. V, 2.Leur subtil conducteur [Cromwell] qui, en combattant, en dogmatisant, en mêlant mille personnages divers, et faisant le docteur et le prophète aussi bien que le soldat et le capitaine…
, Bossuet, Reine d'Anglet.Les docteurs d'une science orgueilleuse promettaient la sagesse à leurs disciples
, Massillon, Paraphr. Ps. XVIII.Dans un sens général. Faire le docteur, prendre le ton de docteur, faire l'homme capable ; se donner un air capable.
- 2Celui qui est habile en quelque chose que ce soit.
N'y ayant rien de plus injuste que de blâmer la doctrine, à cause des fautes où tombent les docteurs
, Bossuet, Var. II.Ce serait multiplier étrangement les docteurs et, à force de doctrine, renverser toute l'économie et toute la conduite du monde
, Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 340.Par extension.
Et les femmes docteurs ne sont point de mon goût
, Molière, Femm. sav. I, 3.Fig.
Que fit-il ? le besoin, docteur en stratagème, Lui fournit celui-ci…
, La Fontaine, Fabl. X, 4. - 3Celui qui est promu au plus haut grade d'une faculté, après avoir écrit et soutenu une ou deux thèses, suivant la faculté. Docteur en théologie, en droit, en médecine. Docteur ès lettres, ès sciences. Le docteur ès lettres doit présenter et soutenir une thèse latine et une thèse française. Le grade de docteur. Être reçu docteur. Passer son examen de docteur.
Laisse là saint Thomas s'accorder avec Scot, Et conclus avec moi qu'un docteur est un sot
, Boileau, Sat. VIII.C'est ce schisme [entre les chrétiens d'Orient et ceux d'Occident] que quelques docteurs de l'université de Paris crurent éteindre tout d'un coup en donnant un mémoire à Pierre le Grand
, Voltaire, Russie, II, 9.Docteur-médecin, médecin qui a le titre de docteur.
Docteur-régent, se disait autrefois d'un docteur qui enseignait publiquement.
Anciennement. Docteur in utroque jure, et, elliptiquement, docteur in utroque, docteur en droit civil et en droit canon.
Fig. et familièrement, homme instruit à la fois dans deux branches de connaissances.
- 4Médecin (par ellipse pour docteur en médecine). Consulter son docteur. Faire venir le docteur.
- 5Instrument qui sert à racler ou à essuyer le cylindre gravé qu'on emploie pour l'impression sur toile.
HISTORIQUE
XIIe s. Si cum li saint escrit mustrent e li doctur, Deus rove les apostles e que lur successur E tut cil qui laburent el champ nostre Seignur, Ne seient dechacié n'osté de lur tenur
, Th. le mart. 73.
XIVe s. Ne au pere ne doit l'en pas le honeur que l'en doit à un sage comme à son dotteur ou maistre
, Oresme, Eth. 262.
XVe s. Manyant toute la viande, Comme docteur en medecine, Qui tient malades en commande
, Villon, Rep. franch.
XVIe s. Docteur en toute lourdise [ignorant]
, Oudin, Curiosités. De jeune docteur argument cornu
, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 128.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. et espagn. doctor ; ital. dottore ; du latin doctorem, de doctum, supin de docere, enseigner.