« délier », définition dans le dictionnaire Littré
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délier
- 1Détacher ce qui lie, défaire ce qui est lié. Délier un paquet.
La bourse déliant, je mis pièce sur table
, Régnier, Sat. X.Sans bourse délier, sans rien payer.
Les ayant condamnées [ces familles] à l'amende du triple, les ayant ruinées en frais, et fait mettre en prison les pères de famille, il [le contrôleur] avait acheté leurs possessions sans bourse délier
, Voltaire, l'H. aux 40 écus, Audience du contrôleur général.Fig.
Un désir qui ne délie jamais nos chaînes
, Massillon, Panég. St J. Bapt.Délier la langue rendre la parole, permettre de parler.
Voici le jour qui rompt mon silence et qui délie ma langue
, Perrot D'Ablancourt, Disc. de Cicéron pour Marcellus, dans RICHELET.Délier sa langue, prendre la parole.
Les flatteurs, les fourbes, les calomniateurs, ceux qui ne délient leur langue que pour le mensonge et l'intérêt
, La Bruyère, XII. - 2Dénouer. Délier des cordons, des rubans, une corde.
Pendant mon sommeil, si ta main De mes jours déliait la trame, Céleste moitié de mon âme, J'irais m'éveiller dans ton sein
, Lamartine, Méd. I, 9.Fig. N'être pas digne de délier le cordon des souliers de quelqu'un, lui être infiniment inférieur. Cette locution provient de l'Écriture :
Je ne suis pas digne de délier le cordon de ses souliers, en me prosternant devant lui
, Sacy, Bible, Év. St Marc, I, 7. - 3Rendre libre d'un engagement. On l'a délié de toute obligation. Ce prince, en abdiquant, délia ses sujets de leur serment de fidélité.
Terme de théologie. Absoudre.
Tout ce que vous délierez sur la terre sera aussi délié dans les cieux
, Sacy, Bible, Év. St Matthieu XVI, 19.Les ministres n'osent plus vous délier qu'après de longues épreuves
, Massillon, Car. Rech.Dans cette acception, délier s'emploie presque toujours absolument. L'Église a le pouvoir de lier et de délier.
- 4Se délier, v. réfl. Défaire ses liens.
Qu'on me l'attache bien, de peur qu'il se délie
, Tristan, M. de Chrispe, V, 10.Fig. Se dégager.
Ils semblent même appréhender de pouvoir se délier un jour et de devenir libres
, La Bruyère, XII.êtes-vous lié avec une femme ? ne cherchez point à vous délier ; n'êtes-vous point lié avec une femme ? ne cherchez point de femme
, Sacy, Bible, St Paul, 1re Ép. aux Cor. VII, 27.Terme de marine. Se délier, éprouver, en parlant d'un navire, en ses pièces principales, quelque dérangement.
HISTORIQUE
XIIe s. Ours et liparz [il] voioit touz desliez
, Ronc. p. 112. À prince terrien ne volt ainc Deus baillier Les clefs del ciel, qu'il poent lier et deslier, Mais as ordenez fait sa poesté traitier
, Th. le mart. 91. Mult fuissent à pecher li pluisur deslié, Quant autrement ne fussent destraint par le clergié
, ib. 59.
XIIIe s. La deslie Morans, qui en ot grant pitié
, Berte, XX. Mes cist mauvesement deslient Le neu de ceste question
, la Rose, 17484. Quant deslié fu, sans plus dire, Son col [il] met enz et sache et tire Le chien par la cuisse…
, Ren. 17548. Et Renart, qui, en mainte guise, Engingne la gent et deçoit, Deslié l'a, si le conjoit
, ib. 5300. Nostre sires deslie les enliez
, Psautier, f° 176.
XVIe s. Nature nous a mis au monde libres et desliez
, Montaigne, IV, 103.
ÉTYMOLOGIE
Dé… préfixe, et lier ; picard, déloyer ; provenç. desliar ; anc. catal. desliguar ; espagn. desliar, desligar ; ital. slegare.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
DÉLIER. Ajoutez :Il serait plus à propos qu'il se plaignît dans sa maison où le met l'Espagnol ; mais, en ce cas, il faudrait délier les scènes comme il a fait, Corneille, Cid, Exam.