« décri », définition dans le dictionnaire Littré

décri

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

décri

(dé-kri) s. m.
  • 1Action de crier en rabaissant, perte de réputation, d'estime. Dans ce grand décri de l'idolâtrie, que commençaient à causer dans toute l'Asie les prédications de saint Paul, Bossuet, Hist. univ. II, 12. Le décri où tombe un homme dont j'avais cru faire le meilleur de mes amis, Bossuet, Lett. quiét. 101. être de leurs adhérents, c'est le souverain mérite ; n'en être pas, c'est le souverain décri, Bourdaloue, Homél. sur l'aveugle-né, Domin. t. IV, p. 483. Ceux-là qui brillent dans une haute réputation et ceux-ci qui tombent dans le décri et la confusion, Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 493. Ils semblent leur vouloir imputer le décri universel où tombe nécessairement tout ce qu'ils exposent au grand jour de l'impression, La Bruyère, Préface de son disc. à l'Acad. Quel décri et quel avilissement pour le prince dans l'opinion des cours étrangères ! Massillon, Petit car. Exemples des Grands. Savez-vous où le Seigneur trouve sa gloire ? Vous croyez que c'est… dans la confusion et dans le décri d'un ennemi de la vertu, Massillon, Myst. Purific. 2. Les soupçons d'infidélité dans le lien sacré du mariage, ne sont plus un décri formel et une flétrissure essentielle, Massillon, Car. Médis. À présent que ces sortes d'accusations sont tombées dans le décri, on a pris un autre tour, Montesquieu, Lett. pers. 145. C'est moins à leurs vexations qu'à l'insolence de quelques-uns d'entre eux que les financiers doivent rapporter le décri où ils sont encore, Duclos, Considérations sur les mœurs, ch. IX.
  • 2Proclamation concernant la suppression ou la réduction d'une monnaie. Il y a des âmes… uniquement occupées de leurs débiteurs, toujours inquiètes sur le rabais ou sur le décri des monnaies, La Bruyère, VI. On croit tous les jours ici être à la veille d'un décri [de monnaie], et cela cause le plus grand désordre du monde, les marchands ne voulant presque rien vendre ou vendant extrêmement cher, Racine, Lett. à son fils, 25.
  • 3Autrefois ordonnance faite pour défendre de fabriquer, vendre ou porter certaines étoffes. Ah ! que je sais au roi bon gré de ces décris ! Molière, Éc. des mar. II, 9.

HISTORIQUE

XVe s. Le sire de Clisson, qui estoit alors le plus especial de son conseil et le mieux cru de tous, y mettoit grand descry [opposition], Froissart, liv. I, p. 400, dans LACURNE. Ce fut honte et descry au roy de Castille, Commines, VIII, 16.

XVIe s. Que cette desloyauté, quoyqu'elle eust quelque apparence d'utilité presente, luy apporteroit pour l'advenir un descri et une desfiance d'infini prejudice, Montaigne, III, 53. Ce qui n'est pas au deshonneur ny descry de la science, comme l'on pourroit penser, mais plustot à son honneur, Charron, Sagesse, Préf. de la 2e édit.

ÉTYMOLOGIE

Voy. DÉCRIER. On a dit aussi descriement au XVIe siècle : Parce que c'est un descriement et rabaissement de mon honneur, je mis en pieces entierement le total de ladite fournée, Palissy, 318.