« courtois », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
courtois, oise
- 1Gracieux dans ses discours et ses manières.
Tout courtois il me suit et d'un parler remis…
, Régnier, Sat. X.Ils sont toujours parfaitement courtois envers un chacun
, Descartes, Pass. 146.… Maximin courtois ou furieux
, Rotrou, St-Gen. II, 8.Voyons sous cet habit qui me fait méconnaître, S'il m'est aussi courtois qu'il m'a promis de l'être
, Rotrou, Bélis. I, 6.Par extension.
Un âne accompagnait un cheval peu courtois
, La Fontaine, Fabl. VI, 16. - 2En parlant des choses, qui a le caractère de la courtoisie. Façons peu courtoises.
Ce monstre si cruel [l'Envie] sous un front si courtois N'a-t-il pas de l'accès en la maison des rois ?
Rotrou, Bélis. V, 5.En langage de chevalerie, on appelait armes courtoises, c'est-à-dire douces et innocentes, des armes qui ne pouvaient blesser, par opposition aux armes à outrance.
REMARQUE
Marguerite Buffet et Bouhours déclarent vieilli ce mot ainsi que courtoisie ; et de Caillières dit : " Courtois n'est plus guère dans le commerce des gens du monde ; civil a pris sa place, de même que civilité a remplacé courtoisie. " Il est certain que dans le langage ordinaire on dit plutôt civil et civilité ; mais, dans le style soutenu, et quand on veut ajouter quelque idée d'élégance à la civilité, courtois, courtoisie ont repris faveur, et l'on s'en sert très bien.
HISTORIQUE
XIe s. Et Oliviers li preux et li curteis
, Ch. de Rol. XLII.
XIIe s. Ses oncles [son oncle] li cortois
, Ronc. p. 25. Oliviers fu cortois et afaitiés
, ib. p. 65. Beaus et cortois, pleins de chevalerie
, ib. p. 126. Fils, mout feroies que cortois…
, la Charrette, V. 3234. Certes, dame, mout s'honeure Qui cortois est contre tort
, Couci, IV. Car nuls dons n'est cortois qu'en trop delaie [retarde]
, ib. XVI. Après parla dus Bueves li proz et li cortois
, Sax. XXXIII. Guillames en fu uns, li buens quens d'Arundel, Sages, curteis e preus e senz nul mal apel
, Th. le mart. 53.
XIIIe s. Adonc sali li rois es piés, et prist un frain, et s'en ala as cambres cortoises, tous desesperés, et s'estrangle des rienes dou frain
, Chr. de Rains, p. 16. Et il i entrerent volentiers à son comant, car il estoit larges et courtois
, ib. p. 79. Belin, ce dist Nobles li rois, Moult estes sages et cortois, Jà mauvès conseil ne donez…
, Ren. 18108. Moult est esperance cortoise, Qu'el ne laira [laissera] jà une toise Nul vaillant homme jusqu'au chief [à la fin], Ne por peril, ne por meschief
, la Rose, 2643. Je n'i lesse mie atouchier Chascun vilain, chascun porchier ; Ains doit estre cortois et frans Cil de qui tel servise prens
, ib. 1949. La tierce reson, comment cil qui est porsivis de servitute se pot deffendre, si est par une cause qui n'est pas cortoise
, Beaumanoir, XLV, 16.
XIVe s. Laides paroles ou courtoises
, Oresme, Eth 137. … [Les oiseaux de fauconnerie] Que nature fais a si beaux, Si joincts, si courtois, si jolis
, Modus, f° CVI.
XVe s. [Le sire des Flamands ne voulait pas épouser la fille du roi d'Angleterre par qui son père avait été tué, les Flamands étaient au contraire portés pour l'alliance anglaise] Si le prirent et mirent en prison courtoise, et bien lui dirent que jamais n'en istroit s'il ne creoit leur conseil
, Froissart, I, I, 310. L'escuyer espaignol entra tout premierement dedans [le gué de la riviere] et leur monstra le chemin ; quant ils veirent que le passage estoit bon et courtois, si furent tous resjouis
, Froissart, liv. III, p. 242, dans LACURNE.
XVIe s. Qui fit françois il fit courtois
, Fauchet, Des origines, liv. I, p. 88, dans LACURNE.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. et anc. espagn. cortes ; portug. cortez ; ital. cortese ; du bas-latin curtis, cour (voy. COUR), par l'intermédiaire du suffixe ois, eis, qui est le représentant du suffixe latin ensis. Chambre courtoise, dans l'ancienne langue, signifiait latrines, lieux d'aisance.