« coupable », définition dans le dictionnaire Littré

coupable

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

coupable

(kou-pa-bl') adj.
  • 1Qui a commis un crime, un délit, une faute. Quiconque tue est coupable d'homicide, Pascal, Prov. 14. Pour se rendre coupable devant Dieu, Pascal, ib. 4. Il n'est point de malheur dont je ne sois coupable, Racine, Brit. V, 6. Si je te hais, est-il coupable de ma haine ? Racine, Andr. III, 8. Il serait moins coupable à m'avoir moins aimée, Corneille, Sertor. V, 4. Ils [les méchants] boiront dans la coupe affreuse, inépuisable, Que tu présenteras, au jour de ta fureur, à toute la race coupable, Racine, Ath. II, 9. Hélas ! de vos malheurs innocente ou coupable, Racine, Phèd. III, 1. Ils [les grands] se trouveront encore coupables devant vous des désordres publics, Massillon, Pet. car. Vices et vertus. Pour un fils téméraire et coupable envers vous, Voltaire, Sémiramis, III, 5. Vous sentez-vous coupable, et pouvez-vous répondre ? Voltaire, Alz. III, 5. Non, si je suis aimé, non, tu n'es pas coupable, Voltaire, ib. III, 4. Lorsqu'un Athénien attente à ses jours, il est coupable envers l'État qu'il prive d'un citoyen, Barthélemy, Anach. Introd. part. II, sect. 1. Ce qui me désespère, s'écriait le jeune Apollodore dans l'égarement de son affliction, c'est que vous mourrez innocent. - Aimeriez-vous mieux, lui répondit Socrate en souriant, que je mourusse coupable ? Barthélemy, ib. ch. 67.

    Dans le langage de la galanterie, amant téméraire ou trop impétueux. Quelquefois les femmes, sans égard pour le dictionnaire, prennent le mot de coupable en meilleure part que celui d'innocent, Ch. de Bernard, la Chasse aux amants, § 1.

    Terme de dévotion. Se rendre coupable du corps et du sang de Jésus-Christ, recevoir la communion quand on en est indigne. Que l'homme sonde son propre cœur, de peur de se rendre coupable du corps et du sang du Sauveur, Fénelon, XVIII, 178. Le plus grand nombre de ceux qui recevront Jésus-Christ en ces jours saints se rendront coupables du corps et du sang du Seigneur, Massillon, Car. Comm. 1.

    Par antiphrase. Malheur aux citoyens coupables de vertu ! Chénier M. J. Tibère, I, 1.

  • 2On le dit aussi des choses. Trahissant la vertu sur un papier coupable, Boileau, Art p. IV. … De vos fictions le mélange coupable Même à ses vérités [du christianisme] donne l'air de la fable, Boileau, ib. III. Par de pareils objets [une femme trop décolletée] les âmes sont blessées, Et cela fait venir de coupables pensées, Molière, Tart. III, 2. Seigneur, le croirez-vous qu'un dessein si coupable…, Racine, Mithr. III, 3. J'en ai trop prolongé la coupable durée, Racine, Phèd. I, 3. D'une tige coupable il craint un rejeton, Racine, ib. I, 1. Et je ne prétends pas que sa coupable audace Une seconde fois lui promette ma place, Racine, Brit. IV, 3.
  • 3 Substantivement. Les coupables furent condamnés. … Il n'est point de coupable en repos, Boileau, Épît. X. Un jour, il m'en souvient, le sénat équitable Vous pressait de souscrire à la mort d'un coupable, Racine, Brit. IV, 3. La coupable est punie et vos mains innocentes, Corneille, Rodog. V, 5. Une coupable aimée est bientôt innocente, Molière, Mis. IV, 2. Tout coupable est timide, Voltaire, Sémiram. V, 6. Coupables, approchez ; De la chaîne des ans les jours de la clémence Sont enfin retranchés, Gilbert, le Jug. dernier. Souvent dans sa grandeur quand le coupable en paix Semble de crime en crime affermi pour jamais, Delavigne, Vêpres sicil. I, 3.

    Familièrement et par plaisanterie, se dit d'une personne qui a fait quelque chose qu'elle désire cacher. Vous cherchez l'auteur de cette espièglerie, voici le coupable, la coupable.

HISTORIQUE

XIIe s. Pur ço que pur lui fu (ço conuïst) ocis [parce que Thomas fut occis pour lui, Henri II, qui le reconnut], Est venuz al martyr culpables e clamis, E se rent e conuist e forfait e chaitis, Th. le mart. 161. Qui en un forfait culpables est de toz, Job, 442.

XIIIe s. Li bourgois respondirent que de la mort le bailli lor pesoit et qu'il n'en estoient pas coupable, Chr. de Rains, 227. Ainsi [je] sui de sa mort coupable, Bl. et Jeh. 1069. Lors se coucha adens à terre, Et trois foiz se rendi copables, Puis se seigna por les deables…, Ren. 10867. Tybers s'escuse molement, Que vers lui corpables se sent, ib. 2204. Et se li corpables vient por droit avoir, Liv. de just. 113. Plusors personnes poent estre coupavles d'un vilain fet, Beaumanoir, LXI, 43.

XIVe s. Ou cas que il seroit prouvé par tesmoings en forme de droit que il est culpable, Oresme, Eth. 162. Celui qui est incontinent, il est culpable du proverbe ou quel nous dison en ceste maniere…, Oresme, ib. 195.

XVe s. Il en fut trouvé non culpable, et pour ce fut tenus prisonnier sans estre mis à mort, Fenin, 1420.

XVIe s. Celui qui hait son frere est coupable de jugement ; qui monstre signe de courroux est coulpable d'estre condamné par tout le consistoire ; quiconque lui dit injure est coulpable de la gehenne du feu, Calvin, Instit. 302. Coulpable d'impudicité, Calvin, ib. 304. Certes, seigneur, je sens bien que ma faulte Me rend coulpable à ta majesté haulte, Du Bellay, J. III, 92, recto. Les innocens, qui en tels lieux damnables Tiennent souvent la place des coulpables, Marot, I, 254. Coupable craint de comparaitre, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 278. Voilà doncques jusques où je me sens coulpable de ceste premiere partie que je disois estre au vice de la presumption, Montaigne, III, 67.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. colpable ; espagn. culpable ; portug. culpavel ; ital. colpevole ; du latin culpabilis (voy. COULPE).