« compatir », définition dans le dictionnaire Littré

compatir

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

compatir

(kon-pa-tir) v. n.
  • 1Être touché, attendri des maux d'autrui. Bien qu'à ses déplaisirs mon âme compatisse, Corneille, Cid, II, 8. Mon Dieu, de quelle humeur, Dorine, tu te rends ! Tu ne compatis point au déplaisir des gens, Molière, Tart. II, 3. Vous étiez né dur et hautain… mais enfin vous êtes devenu homme, et vous commencez, par l'expérience de vos maux, à compatir aux maux des autres, Fénelon, Tél. XXIII. On sait compatir aux peines d'autrui, Fénelon, ib. XX. J'entre dans vos peines et j'y compatis, Bossuet, Lett. Corn. 121. Je sens qu'à sa douleur je pourrais compatir, Racine, Bérén. III, 4. Qui ne sait compatir aux maux qu'on a soufferts ? Voltaire, Zaïre, II, 2.
  • 2Avoir une tolérance charitable. Compatir à la faiblesse humaine. Il [Dieu] compatit d'en haut à l'erreur qui le prie ; à défaut des clartés, il nous compte un désir, Lamartine, Harm. I, 6.
  • 3S'accorder, vivre avec. Vous dites tous les jours qu'une autre [personne] enfin est toute pétrie d'humeur et de caprice, et que dans l'enceinte de sa maison personne ne peut compatir avec elle, Massillon, Car. Injust. du monde. Vous vous plaignez que votre frère vous déplaît et qu'il n'est pas en vous de le supporter et de compatir avec lui, Massillon, Car. Pardon des offenses. Ceux qui font sonner le plus haut les défauts de leurs frères, sont ceux mêmes avec qui personne ne peut compatir, Massillon, ib. Tous ensemble [la ligue des Lorrains] aspiraient à gouverner un prince qui, n'étant que dauphin, les faisait tous compatir dans la vue de se soutenir, Saint-Simon, 270, 147.

    En parlant des choses, se concilier, être compatible. J'ai expliqué comment cela peut compatir avec la bonté de Dieu, Descartes, Rép. II. Cette vertu impitoyable ne peut compatir avec votre générosité, Voiture, Lett. 22. Une étroite amitié l'un à l'autre nous joint ; Mais enfin nos désirs ne compatissent point, Corneille, Attila, I, 3. L'engagement ne compatit point avec mon humeur, Molière, D. Juan, III, 6. Une paix qui ne peut compatir avec le péché, Bourdaloue, Avent, Sur la pénit. 206. La pénitence ne compatit pas avec des péchés, Bossuet, Var. 1. On en prend tout ce qui peut compatir avec le sérieux de son état, Massillon, Avent, Délai. Le respect est de glace et l'amour est de flamme, Ils ne sauraient tous deux compatir dans une âme, Chaulieu, à madame D. L. Madrigal 2.

HISTORIQUE

XVIe s. Celui qui demeure longtemps sans se ranger à une telle association, est estimé semblable à un cheval hargneux, qui ne peut compatir avec les autres, Lanoue, 297. Cette inhumanité ne peut compatir avec les autres courtoisies de ce prince, D'Aubigné, Hist. I, 170. Je ne me saurois compatir avec ses humeurs, Carloix, I, 35. Ces deux grands seigneurs qui ne se pouvoient compatir, jouoient à boute-hors, Carloix, ib. II, 9. Ils ne sauroient jamais bien compatir ensemble, Brantôme, Cap. fr. t. III, p. 351, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. compatir ; ital. compatire ; du bas-latin compatire, dit pour compati, de cum, avec, et pati, pâtir (voy. PÂTIR). L'espagnol dit compadecer, de compatiscere.