« caprice », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
caprice
- 1Volonté subite qui vient sans aucune raison.
L'esprit Qui dans ses caprices s'égaie Et souvent se donne la baie
, Régnier, Ép. III.Le chef de cette république Par caprice ou par politique, La changea bientôt de logis
, La Fontaine, Fab. VII, 6.Savez-vous quels devoirs, quels travaux, quels services Viendront de mon orgueil exiger les caprices ?
Corneille, Rodog. III, 4.Suivez votre caprice, offensez vos amis
, Corneille, Nicom. IV, 5.Ce que peut le caprice, osez-le par raison
, Corneille, Hor. III, 4.Comme elle a de l'amour, elle aura du caprice
, Corneille, Nicom. II, 4.Rien n'égale en fureur, en monstrueux caprices, Une fausse vertu qui s'abandonne aux vices
, Boileau, Sat. X.J'étudiai leurs mœurs [des rois], je flattai leurs caprices
, Racine, Ath. III, 3.Madame, j'ai sur lui de véritables droits Que je saurais sauver du caprice des lois
, Racine, Phèd. II, 2.Il ne faut qu'un caprice
, Racine, Brit. V, 8.C'est ma mère et je veux ignorer ses caprices
, Racine, Brit. II, 1.L'homme a ses passions… Il a comme la mer ses flots et ses caprices
, Boileau, Sat. VIII.Que de caprices la coquette M'a fait essuyer en six mois !
Béranger, Print. et Aut.… Un baiser cueilli sur les lèvres d'Iris, Qui mollement résiste et par un doux caprice Quelquefois le refuse afin qu'on le ravisse
, Boileau, Art p. II.Le jeune homme toujours bouillant dans ses caprices, Est prompt à recevoir l'impression des vices
, Boileau, ib. III.Le caprice est dans les femmes tout proche de la beauté, pour être son contre-poison
, La Bruyère, III.[Humeur] Qui le fait débauché, frénétique, rêvant, Et plus qu'à la raison sujet à ses caprices
, Régnier, Sat. V.Votre Vésuve et votre Etna sont pleins de caprices ; ils ressemblent aux petits hommes qui se mettent souvent en colère sans raison
, Voltaire, Lettr. Hamilton, 17 juin 1773.Familièrement. Il a un caprice pour cette femme, il s'en est épris.
C'est un séducteur, il a fait bien des caprices, il a attiré sur lui l'attention de bien des femmes.
Il faut que je m'en passe le caprice, que je satisfasse ma fantaisie d'avoir cette chose-là.
- 2Saillie d'esprit et d'imagination, en bonne ou en mauvaise part. Ce poëte ne compose guère que de caprice. C'est un auteur plein de caprice.
Puis dessus le papier mes caprices je rime
, Régnier, Sat. XI.L'élégie en orna ses douloureux caprices
, Boileau, Art poét. II.Mais pour bien exprimer ses caprices heureux [de l'amour], C'est peu d'être poëte, il faut être amoureux
, Boileau, ib.La ballade, asservie à ses vieilles maximes, Souvent doit tout son lustre aux caprices des rimes
, Boileau, ib.Terme de musique et, plus particulièrement, de musique instrumentale. Composition où l'artiste écrit au gré de son inspiration, c'est-à-dire sans s'assujettir aux formes qui caractérisent les pièces de musique réglées, telles que les rondeaux, les variations, les menuets, etc. Ce pianiste a joué un fort beau caprice.
- 3Inconstance, irrégularité, mobilité. Les caprices de la fortune. Les caprices de la mode.
Quoi ! la nécessité des vertus et des vices D'un astre impérieux doit suivre les caprices
, Corneille, Œdipe, III, 5.Et, croyant qu'il n'y a pas de loi là où il ne voit point de juges, il fait révérer, comme des arrêts du ciel, les caprices du hasard et de la fortune
, Montesquieu, Lett. pers. 104.Hélas ! que le sort des humains Est plein d'un étrange caprice !
Chaulieu, à Mme d'Aligre.Absolument.
Dieu n'a pas abandonné ses élus au caprice et au hasard
, Pascal, Prov. 4. - 4Caprice de houille, veines de houille qui ne suivent pas leur direction ordinaire.
HISTORIQUE
XVIe s. Nos nouveaux François italianisez disent : quel caprice !
, Léon Trippault, Celthellenisme, au mot FANTAISIE. Et tout ce caprice [l'idée de parler de cela] m'est tombé presentement en main, sur le conte que me faisoit…
, Montaigne, I, 100. Elle n'estoit point femme sans caprice [passion]
, D'Aubigné, Hist. II, 456. Le caprice est une volonté qui vient subitement à quelqu'un sans aucune raison
, H. Estienne, Fr. ital. p. 111.
ÉTYMOLOGIE
Ital. capriccio ; de capra, chèvre, c'est-à-dire saut de chèvre, chose inattendue ; espagn. capricho.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
CAPRICE. Ajoutez :Je dirai peu de chose de cette pièce ; c'est une galanterie extravagante qui a tant d'irrégularités qu'elle ne vaut pas la peine de la considérer, bien que la nouveauté de ce caprice en ait rendu le succès assez favorable pour ne me repentir pas d'y avoir perdu quelque temps, Corneille, Éx. de l'Illusion.
Saint-Amand a, dans ses Œuvres, plusieurs pièces intitulées caprices.