« accointer », définition dans le dictionnaire Littré
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accointer (s')
- Faire accointance. Il s'est accointé d'un homme, avec un homme de fort mauvaise réputation.
HISTORIQUE
XIIe s. Et pur ce que li reis l'aveit tant eshaucié, E mustré lui avoit sovent grant amistié, Qu'en tote rien lui out son conseil acointié, Ains ne trova li reis qui plus l'out corecié [courroucé]
, Th. le Mart. 37. Le jur meesmes puis li fu bien acuintié, Et dui riche barun lui unt pur veir nuncié, Que s'il alout à curt, si ert aparillié, Il ert mis en prisun, ne verra mais sun pié
, ib. 35. Celle [ma dame] me fut crueus à l'acointier
, Couci, XX. Mar [je] acointai sa très bele figure Pour ces douleurs et pour ces maus atraire
, ib. 126. Il les firent andeux [tous deux] en une isle nagier [passer] ; S'es [si les] ont andeux laissiez as armes acointier
, Sax. 4. Mar acointa Charles ton fier courage [à malheur Charles fit connoissance avec]
, Ronc. 14. Cil s'acointa et dit à Guenelon
, ib. Qui à mes coups n'est encore acointiés
, ib. 89.
XIIIe s. Ignaures, ki ot le cuer gent, à toutes douze [dames] s'acointa
, Lai d'Ignaurès. [Il] Oï parler de celle dame, qui repairoit en sa tere, et fist tant qu'il parla à li et s'i acointa
, Chr. de Reins, p. 14. Et puis vint au castiel, et s'acointa au castelain de laiens [léans], et dist qu'il estoit menestreus de vielle
, ib. p. 54. À un moine courtois m'accointai tellement…
, Berte, 1. Onque si douce chose [je] ne vi ne n'acointai
, ib. 57. Quand je vois [vais] à Rome ou en Frise Porter nostre marcheandise, Vous devenez tantost si cointe ; Car je sai bien qui m'en acointe, Que partout en va la parole
, la Rose, 8516. Fox est qui s'acointe d'oiseuse [oisiveté] ; S'accointance est trop perilleuse
, ib. 3017. Miex me venist estre alé pendre, Au jor que je dui fame prendre, Quant si cointe fame acointai
, ib. 8879. Bon fait acointier hommes riches, S'il n'ont les cuers avers et chiches
, ib. 13309. Donques t'en vien aveques moi, Et je t'acointerai au roi Et à ma dame la roïne
, Ren. 12212.
XVe s. Et emmena avec lui quinze jeunes et preux chevaliers d'Angleterre, pour eux accointer des seigneurs et des chevaliers qui là devoient estre
, Froissart, I, I, 27. Les Anglois escripvirent au duc de Bretaigne comme à leur accointié qu'il les voulust aider
, Juvénal Des Ursins, Ch. VI, 1387. Car je te vueil avecques moi mener Vers un seigneur dont te fault acointier
, Orléans, I. Nostre gouge fit un beau fils, dont le pere adoptif s'acointa grandement, et de la mere aussi
, Louis XI, Nouv. 22. C'est de se acointer et approcher de lui gens vertueux et honnestes
, Commines, II, 3. En passant par Lyon il s'accointa d'un medecin appellé maistre Simon de Pavie
, Commines, IV, 13.
XVIe s. Il s'accointa de cette Larentia et l'aima tellement qu'il la laissa son heritiere
, Amyot, Rom. 6. Les prestres se crevent les yeux pour acointer les daimons
, Montaigne, I, 112. Autant qu'elles ont accointé de masles
, Montaigne, I, 114.
ÉTYMOLOGIE
Bourguig. s'accointai ; provenç. acoindar, aconjar ; ital. accontare, se rencontrer, s'aboucher, accontato, informé, acconto, ami intime ; angl. to acquaint ; de à et d'un radical roman qui existe en italien, conto, ami, connoissance. Bien qu'on trouve dans l'allemand kund qui a le même sens, il n'y a aucune raison pour ne pas chercher l'étymologie dans le latin cognitus, connu, de cognoscere (voy. CONNAÎTRE). Cognitus avec l'accent sur co donne régulièrement conte ou conto.