« abolir », définition dans le dictionnaire Littré

abolir

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abolir

(a-bo-lir) v. a.
  • 1Mettre à néant. Abolir une loi. Les actes de ce gouvernement furent abolis. Des sectes ont voulu abolir le mariage. Les parlements furent abolis par l'Assemblée constituante. Dans les républiques anciennes, on abolissait quelquefois en partie les dettes pour soulager la plèbe obérée. En vain l'hérésie lui a-t-elle refusé ce culte suprême, et, par une audace insoutenable, a-t-elle entrepris de l'abolir, Bourdaloue, Pens. t. III, p. 262. Pour en abolir la mémoire, Bossuet, Hist. I, 10. L'idolâtrie allait abolir la loi de Dieu, Bossuet, ib. II, 109. On verra de David l'héritier détestable Abolir tes honneurs, profaner tes autels, Racine, Ath. v, 6. Et veulent aujourd'hui qu'un même coup mortel Abolisse ton nom, ton peuple et ton autel, Racine, Esth. I, 4. Une mode a à peine détruit une autre mode, qu'elle est abolie par une plus nouvelle, qui cède elle-même à celle qui la suit et qui ne sera pas la dernière, La Bruyère, 13. Il abolit la dignité de patriarche, quoique assez dépendante de lui, et par là se trouva plus maître de son église, Fontenelle, Czar Pierre. J'abolis les faux dieux, Voltaire, Mah. II, 5. Tu juras toi-même D'abolir pour jamais l'autorité suprême, Voltaire, M. de Cés. I, 3.
  • 2 Terme d'ancien droit criminel. Abolir une créance, en interdire les poursuites. Mes services… Pour le faire abolir [mon crime] sont plus que suffisants, Corneille, Cid, II, 1.
  • 3S'abolir, être aboli. Cet usage s'est aboli peu à peu. Une maison de confusion où les plus anciennes pratiques s'abolissent, Bourdaloue, Pens. t. II, p. 386. [Liberté] Tes purs adorateurs, étrangers sur la terre, Voyant dans ces excès ton saint nom s'abolir, Ne le prononcent plus, Lamartine, Méd. II, 20. Tout crime s'abolit au bout d'un certain nombre d'années, Acad.

SYNONYME

ABOLIR, ABROGER. Idée commune, mettre hors d'usage. Abolir est plus général que abroger ; tout ce qui met hors d'usage abolit, mais tout ce qui abolit n'abroge pas. La désuétude, l'oubli, l'indifférence abolissent une loi, mais ne l'abrogent pas ; pour qu'elle soit abrogée, il faut un acte solennel et régulier de la puissance publique. C'est pour cela qu'une loi seule, un édit, un règlement sont abrogés ; tandis qu'une coutume, une tradition, en usage sont abolis.

HISTORIQUE

XVIe s. Jésus dit qu'il n'est point venu pour abolir la loy, mais pour l'accomplir, Calvin, Inst. 267. L'Église est establie gardienne de la verité de Dieu, afin qu'elle ne s'abolisse point en ce monde, Calvin, ib. 820. Les pierres moyennant lesquelles Deucalion et Pyrrha restituoient le genre humain aboly par le deluge, Rabelais, Pant. III, 8. Le temps me peut abolir avant eage, Et mon malheur me garder de vous voir Beaucoup de jours, Saint-Gelais, 174. Voilà comment Timoleon alloit coupant et arrachant les tyrannies de la Sicile et y abolissant toutes guerres, Amyot, Tim. 46. Onques puis le peuple n'en voulut user [de l'ostracisme] et en abolit l'usage entierement, Amyot, Arist. 18. Ils conspirerent ensemble de ruiner et abolir à Athenes l'autorité du peuple, Amyot, ib. 32.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. abolir ; ital. abolere ; de ab, indiquant diminution, et de olescere, croître, par conséquent faire décroître. La comparaison d'abolere avec adolescere, inolescere, exolescere, montre un radical commun ol, qui signifie croître. Les langues néo-latines ont changé abolere en aboliscere, d'où la conjugaison de ce mot en italien, abolisco, etc.