« éclabousser », définition dans le dictionnaire Littré

éclabousser

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

éclabousser

(é-kla-bou-sé) v. a.
  • 1Faire rejaillir de la boue sur quelqu'un, sur quelque chose. Guenaud sur son cheval en passant m'éclabousse, Boileau, Sat. VI. Il avait un carrosse qu'il quitta parce qu'il fit réflexion qu'il éclaboussait des gens qui valaient mieux que lui, Lesage, Diable boit. ch. 17. Le char de l'opulence M'éclabousse en passant, Béranger, Vocation. La guerre… Vous fit [canons] pour la bataille, et nous vous avons pris, Pour vous éclabousser des fanges de Paris, Hugo, Voix int.

    Fig. et familièrement. Éclabousser tout le monde, étaler un luxe insolent. Un comédien qui éclabousse insolemment le poëte qui le nourrit, oubliant qu'il n'est plus rien quand il n'a plus de rôle à jouer, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuvres, t. III, p. 419.

  • 2S'éclabousser, v. réfl. Faire rejaillir sur soi de la boue. Il s'éclaboussa en sautant le ruisseau.

HISTORIQUE

XVe s. Le cheval esclabouta un escuier, Jacq. le Bouvier, Chron. depuis 1402, dans LACURNE. Floridas fiert Nabur à travers, et lui fait la teste voler si près de Bruyant qu'il fust esclaboté du sang, Perceforest, t. I, f° 89. Hennericq d'un baston qu'il avoit frappa en la dite eau, tellement que la grigneur partie des supplians furent esclabotez et moulléz [mouillés], Du Cange, ellutare. Icelluy Loyset feri d'un baston contre terre pour eschaboter ung mont d'enfans qui estoient assez près, Du Cange, ib.

XVIe s. Esclabocher, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

La plus ancienne forme est esclaboter, qui paraît une transformation irrégulière de l'ancien verbe esclafer, qui veut dire faire éclater, et dont le radical claf ou clif se trouve sans doute dans clifoire (voy. ce mot). Mais, à mesure qu'on s'est éloigné de la forme primitive pour se fixer à éclabousser, l'usage n'y a plus vu qu'un composé tel quel d'éclat et de boue.