« éléphant », définition dans le dictionnaire Littré

éléphant

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

éléphant

(é-lé-fan) s. m.
  • 1Grand et gros mammifère de l'ordre des pachydermes, qui se distingue par sa trompe et ses longues défenses. On exposait anciennement les personnes coupables aux éléphants qui les écrasaient, Vaugelas, Q. C. X, 9, dans RICHELET. Il en aurait dit davantage ; Mais le chat, sortant de sa cage, Lui fit voir en moins d'un instant Qu'un rat n'est pas un éléphant, La Fontaine, Fabl. VIII, 15. L'éléphant est, si nous voulons ne nous pas compter, l'être le plus considérable de ce monde, Buffon, Éléphant. Une charge de quatre à cinq milliers n'est pas trop forte pour un grand éléphant, Bonnet, Contempl. nat. XII, 46. Le plus vieux des éléphants, comme le plus expérimenté, est à la tête de la troupe et la conduit ; le plus âgé après lui ferme la marche ; les jeunes et les faibles sont au centre du bataillon ; et les mères qui allaitent encore portent leurs petits qu'elles embrassent de leur trompe, Bonnet, ib. Les anciens connaissaient très bien l'éléphant, et l'histoire de ce quadrupède est plus exacte dans Aristote que dans Buffon, Cuvier, Révol. 72. Tandis que, triviale, errante et vagabonde, Entre tes quatre pieds toute la ville [Paris] abonde, Comme une fourmilière aux pieds d'un éléphant, Hugo, Voix intér. à l'arc de l'Étoile.

    Éléphant blanc, éléphant atteint d'une sorte d'albinisme.

    L'éléphant mammouth, ou, simplement, le mammouth, éléphant qu'on ne trouve plus que fossile.

    Éléphant de guerre, éléphant que les anciens employaient dans les batailles. N'avons-nous pas donné… Nos femmes, nos enfants, nos vaisseaux et nos armes, Nos éléphants, nos biens ? …, Mairet, Mort d'Asdrub. I, 3. En vain leurs éléphants et leurs tranchants ivoires Ont voulu retarder le cours de nos victoires, Rotrou, Bélis. I, 6.

    Familièrement. Faire d'une mouche un éléphant, exagérer une faute légère.

  • 2 Familièrement. Éléphant se dit d'une personne grosse et forte, surtout peu gracieuse. C'est un éléphant, un vrai, un gros éléphant.
  • 3Ordre de l'Éléphant, ordre fondé en 1478 par Christiern I, roi de Danemark, ainsi nommé parce que les chevaliers portaient un collier d'où pendait un éléphant d'or émaillé de blanc.
  • 4 Terme de commerce. Sorte de papier.
  • 5Éléphant de mer, éléphant marin, nom vulgaire du morse et d'une espèce de phoque dit phoque à trompe.

HISTORIQUE

XIe s. Un faldestoed [fauteuil] i ot d'un olifant [ivoire], Ch. de Rol. XLVI. Compainz Rolanz, l'olifant [le cor] car sonez, ib. LXXXII.

XIIe s. E sor chascon olyphant un chastiel de fust [bois], dont se combattoient cil qui desuz la beste estoient, Machab. I, 6.

XIIIe s. L'oliphant est moult corporu, Du Cange, pasticium. Entre les autres joiaus qu'il envoia au roi, li envoia un oliphant de cristal moult bien fait, Joinville, 260.

XVe s. La principale ville Gelbona : et en ceste cité a grand quantité d'or, et y multiplient plus les olifans que en aultre partie du monde, Jeh. de Saintré, ch. 60.

XVIe s. Cest animal se nomme elephant de mer, et plus gros qu'un elephant ; lequel habite en l'eau et en la terre, ayant deux dents semblables à celles d'un elephant, par lesquelles, lorsqu'il veut prendre son sommeil, il s'attache et pend aux rochers, Paré, Licorne, 11. Le sommeil est le cheoir de l'elephant, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 175.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. elephant ; espagn. et ital. elefante ; du latin elephantus. L'ancienne forme est olifant ; ce n'est qu'au seizième siècle que la forme latine l'expulse.