« unique », définition dans le dictionnaire Littré

unique

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

unique

(u-ni-k') adj.
  • 1Qui est un, dont il n'y a pas d'autre. Votre portrait vous fait tort, Incomparable Angélique, Il vous ressemble si fort Que vous n'êtes plus unique, Gombault, Épig. liv. II, dans RICHELET. Non ! un frère incommode, et n'est pas de mon goût ; Et je veux être fils unique, Molière, Amph. III, 7. Sur ce que la religion chrétienne n'est pas unique, Pascal, Pens. XXIV, 86, éd HAVET. Adieu, ma chère enfant, l'unique passion de mon cœur, le plaisir et la douleur de ma vie, Sévigné, 15. Je trouve des métayers… qui me doivent toutes ces sommes, et qui n'ont pas un unique sou pour les payer, Sévigné, 15 juin 1689. Comme la matière que je traite [la révolution anglaise] me fournit un exemple, manifeste et unique dans tous les siècles, de ces extrémités furieuses, Bossuet, Reine d'Anglet. [Joas à Josabeth, qui lui a servi de mère] ô mon unique mère ! Racine, Athal. IV, 4. Je ne sais s'il est permis de juger les hommes par une faute qui est unique, et si un besoin extrême, et une violente passion, ou un premier mouvement tirent à conséquence, La Bruyère, XII.

    Terme de l'Écriture. L'unique nécessaire, l'affaire du salut.

    Terme d'alchimie. Unique parfait, le mercure des philosophes.

    Terme de numismatique. Médailles uniques, médailles qui ne se trouvent pas même dans les cabinets les plus riches et qu'on ne rencontre que par hasard.

  • 2On dit de certaines charges, qu'elles sont uniques, pour exprimer que ceux qui en sont revêtus n'ont point de collègue.

    Par extension, route unique, route où l'on n'a point de rival. On ne va plus à la postérité que par des routes uniques ; le grand chemin est trop battu, et on s'y étouffe, Voltaire, Lett. Richelieu, 13 juin 1768.

  • 3 Fig. Qui est infiniment supérieur aux autres, auquel nul ne peut être comparé. Ces hommes uniques dont les ouvrages seront de tous les temps, Massillon, Or. fun. Dauphin. Elle [Mlle Clairon] n'était pas alors ce qu'elle est aujourd'hui ; elle a créé son art, elle est unique ; il est juste qu'elle soit persécutée à Paris, Voltaire, Lett. en vers et en prose, 147. Homme unique plutôt que grand homme, Voltaire, Charles XII, 8.

    En mauvaise part, ridicule, extravagant. Il est unique avec ses prétentions. C'était, Dieu lui pardonne, une femme unique pour gâter ses enfants, Diderot, Père de famille, I, 3.

  • 4Il se dit, dans un sens analogue, des choses auxquelles nulle autre ne peut être comparée. Une grâce, une gentillesse unique. Mme de Vins m'a priée de vous bien assurer de… l'estime très particulière et très unique qu'elle a pour vous, Sévigné, à Mme de Grignan, 19 août 1675. Sire, faire des vers et de jolis vers après une victoire, est une chose unique et par conséquent réservée à Votre Majesté, Voltaire, Lett. au roi de Pr. 5 mai 1741.

    Voilà qui est unique, c'est unique, se dit, le plus souvent en mauvaise part, d'une chose à laquelle on ne s'attendait pas. Ce qui est encore unique, c'est que les Chinois n'avaient jamais fait de traité de paix depuis la fondation de l'empire, Voltaire, Russie, I, 7.

  • 5 S. m. Unique dauphin, variété de tulipe.

    Unique impérial, unique triomphant, variété d'œillet.

  • 6 S. f. Espèce de rose.

    Espèce de coquille univalve.

REMARQUE

Corneille a dit le plus unique : Je verrai mon amant, mon plus unique bien, Mourir pour son pays, ou détruire le mien, Hor. I, 3. Voltaire a blâmé cet emploi. Cependant on le trouve aussi dans Bossuet, du moins avec uniquement : Il n'y a qu'à considérer avec attention les paroles de Jésus-Christ dans leur tout, et ensuite l'une après l'autre ; c'est ce que je ferai dans ce discours plus uniquement que jamais, 2e instr. pastor. sur les Promesses de J. C. I.

HISTORIQUE

XVIe s. Ce tant louable labeur de traduire me semble moien unique et suffisant pour elever nostre vulgaire à l'égal des autres plus fameuses langues, Du Bellay, J. I, 7, verso. L'unique et principale amitié descout toutes aultres obligations, Montaigne, I, 217. Sans parangon estes l'unique entre les belles, Nuits de Straparole, t. II, p. 153.

ÉTYMOLOGIE

Lat. unicus, dérivé de unus, un.