« turbulent », définition dans le dictionnaire Littré
turbulent
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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)
turbulent, ente
(tur-bu-lan, lant') adj.
- 1Porté à faire du bruit, à s'agiter bruyamment.
Ainsi le turbulent Éole te soit aussi affable qu'aux pacifiques nids des Alcyons !
Cyrano de Bergerac, Péd. joué, I, 5.Lorsque deux animaux m'ont arrêté les yeux : L'un doux, benin et gracieux, Et l'autre turbulent et plein d'inquiétude
, La Fontaine, Fabl. VI, 5.Le jeu rassemble tout ; il unit à la fois Le turbulent marquis, le paisible bourgeois
, Regnard, le Joueur, III, 6.On m'avait donné là [aux Tuileries] une chambre où j'allais quelquefois me reposer l'après-dîner à l'abri de mes turbulentes compagnes
, Staal, Mém. t. II, p. 30.Par extension.
Trois pasteurs… accourus aux abois turbulents Des molosses, gardiens de leurs troupeaux bêlants
, Chénier, l'Aveugle. - 2Qui se plaît dans le désordre, dans le trouble.
Esprits vastes, mais inquiets et turbulents, capables de tout soutenir hors le repos
, Massillon, Pet. carême, Fausse gloire hum.L'humeur turbulente des strélitz
, Voltaire, Russie, I, 6.Quoique je déteste Paris, je vous aime beaucoup plus que je ne hais cette grande, vilaine, turbulente, frivole et injuste ville
, Voltaire, Lett. d'Argental, 8 oct. 1749.Vaut-il mieux qu'un peuple soit éternellement abruti que d'être quelquefois turbulent ?
Raynal, Hist. phil. x, 13. - 3Qui a le caractère du trouble, du tumulte.
Et [le sénat] s'est débarrassé… Du turbulent espoir de tant de concurrents Que la soif de régner avait mis sur les rangs
, Corneille, Pulch. II, 1.Les actes vains et turbulents que donnent les soins du monde
, Bossuet, Ét. d'orais. III, 13.Cette vie turbulente et tumultueuse
, Bossuet, Élévat. sur myst. XVIII, 11.Les jeux bruyants, la turbulente joie voilent les dégoûts et l'ennui
, Rousseau, Ém. IV. - 4 Poétiquement, il se dit du trouble des éléments.
L'onde turbulente Mugit de fureur
, Rousseau J.-B. Cantate, Circé.Tyndarides brillants, dont l'éclat toujours pur Des turbulentes mers blanchit le noir azur
, Millevoye, Élég. liv. II. - 5 S. m. Le turbulent, espèce de merle.
HISTORIQUE
XVIe s. Il ne pouvoit reposer la nuit, ou, s'il s'endormoit, il luy venoit des songes turbulens en la fantaisie
, Amyot, Marius, 84. Il n'est pas moins ennuyeux, ne moins turbulent à l'esprit, omettre les choses honnestes, que commettre les deshonnestes
, Amyot, De la tranq. de l'âme, IV. Un sommeil turbulent, et souvent une inquietude du corps et de l'esprit qui empesche de dormir
, Paré, XX, 13.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. turbulent, turbolent ; espagn. turbulento ; ital. turbolento ; du lat. turbulentus, de turba, trouble (voy. TOURBE).