« tirailler », définition dans le dictionnaire Littré
tirailler
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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)
tirailler
(ti-râ-llé, ll mouillées, et non ti-râ-yé) v. a.
- 1Tirer une personne, une chose à diverses reprises, avec insistance, avec violence. Tirailler une étoffe pour l'allonger.
Elle prend messire Énéas, Et, le tiraillant par le bras, Le promène dedans la ville
, Scarron, Virg. IV.Est-ce, dis-je, un fort grand plaisir, Lorsque l'on dort du meilleur somme… D'être tout à coup réveillé Et cruellement tiraillé Par un pauvre ami que harasse L'inquiet démon de la chasse ?
Perrault, Chasse, dans RICHELET.Fig.
Il y avait à peine de l'étoffe pour deux chants ; l'auteur l'a tiraillée pour en fournir quatre
, Grimm, Corresp. t. II, p. 275.Absolument et fig.
Faire des efforts pour Je ne vois goutte à ce qu'il me mande ; il me parle dans un pot cassé : je tiraille, je devine, je lis un mot pour un autre, et puis, quand le sens m'échappe, je me mets en colère, et je jette tout
, Sévigné, 5 juillet 1671. - 2 Fig. S'efforcer d'attirer.
Ils [Mme de Grignan et l'évêque de Marseille] se tiraillent les consuls, à qui en aura le plus
, Sévigné, 23 nov. 1673.Je ne sais pas encore où je me fixerai : chacun me tiraille de son côté
, Rousseau, Corresp. du Peyrou, t. III. p. 119, dans POUGENS.Multiplier les instances.
À quoi sert de le tirailler ainsi ? Je ne sais point tirailler ni violenter les gens
, Mme D'Épinay, Mém. t. II, p. 352, dans POUGENS. - 3Causer des embarras, des peines.
La pauvre Sanzei est tiraillée par de ridicules espérances que son mari n'est point mort [il n'avait pas reparu après une bataille]
, Sévigné, 6 sept. 1675.Ce bon saint n'avait été ni enfermé dans une communauté, ni tiraillé par des courtisans
, Maintenon, Lett. à Mme de Glapion, 26 sept. t. III, p. 191, dans POUGENS.Une demi-douzaine d'affaires très désagréables me tiraillent de tous côtés
, Voltaire, Lett. Thibouville, 28 nov. 1776.Du tumulte des sociétés naissent des multitudes de rapports nouveaux et souvent opposés, qui tiraillent en sens contraire ceux qui marchent avec ardeur dans la route sociale
, Rousseau, 2e dial. - 4 V. n. Tirer d'une arme à feu souvent et ennuyeusement. Toute la journée il tiraille sous mes fenêtres.
Activement.
Deux méchants pierriers qu'il tiraillait tout le jour
, Rousseau, Ém. v. - 5 Terme de guerre. Engager un feu irrégulier et à volonté.
Le roi dit à son souper : Orange est pris ; Grignan avait sept cents gentilshommes avec lui : on a tiraillé du dedans ; et enfin on s'est rendu le troisième jour : je suis fort content de Grignan
, Sévigné, 173.Le général Kellermann n'arriva que le 2 mai à Lugo, après avoir tiraillé sur toute la route avec les paysans de la contrée
, Thiers, Hist. de l'Emp. XVIII. - 6Se tirailler, v. réfl. Se tirer les uns les autres à diverses reprises et avec violence. Les écoliers, en se tiraillant entre eux, déchirent souvent leurs habits.
ÉTYMOLOGIE
Tirer, avec le suffixe péjoratif aill.