« rumeur », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
rumeur
- 1Bruit sourd et général, excité par quelque mécontentement, annonçant quelque disposition à la révolte, à la sédition. Exciter de la rumeur. Apaiser la rumeur. De sourdes rumeurs. Des rumeurs menaçantes.
En ce temps un petit écrit de Luther mit en rumeur toute l'Allemagne
, Bossuet, Var. IV, 1.Toute la ville est en rumeur ; toutes les bouches crient vengeance
, Voltaire, Dict. phil. Crimes.Fig.
Des passions en vous les rumeurs ont cessé
, Sainte-Beuve, Ép. à Lamartine. - 2Bruit qui s'élève tout à coup, et qui a pour cause un accident, un événement imprévu.
Tout le monde était aux fenêtres, il semblait qu'il y avait eu une rumeur, ou quelque accident considérable
, Marivaux, Marianne, 11e part. - 3Bruit confus de plusieurs voix.
Destin allait commencer son histoire, quand ils entendirent une grande rumeur dans la chambre voisine
, Scarron, Rom. com. I, 12.En nos murs tout remplis d'une rumeur guerrière
, Briff. Ninus II, III, 4. - 4Réunion des opinions ou des soupçons du public contre quelqu'un. La rumeur publique l'accusait de cet assassinat.
Cependant la rumeur commençait ; on brûla le livre je ne sais où
, Rousseau, Conf. XI. - 5Bruits qui courent, qui se répandent.
J'avouerai les rumeurs les plus injurieuses
, Racine, Brit. III, 3.Quoi ! monsieur, une rumeur odieuse [contre Marie de Médicis] l'emportera sur les pièces authentiques du procès de Ravaillac !
Voltaire, Philos. Cons. à M. Bergier.De sorte que huit rumeurs, qui ne sont qu'un écho d'un bruit mal fondé, peuvent devenir une preuve complète ; et c'est à peu près sur ce principe que Jean Calas fut condamné à la roue
, Voltaire, Pol. et lég. Comm. délits et peines, procéd crim.Ne jugez pas Timon d'après de faibles rumeurs accréditées par ses ennemis, mais d'après ces effusions de cœur que lui arrachait l'indignation de la vertu
, Barthélemy, Anach. ch. 73.Ces petits intérêts, ces nouveautés futiles, Qui des grandes cités composent les rumeurs
, Delille, Convers. Prolog. - 6Il se dit quelquefois de quelque grand bruit physique.
Bientôt je distinguai, confuses et voilées, Deux voix dans cette voix [la voix de l'océan] l'une à l'autre mêlées, De la terre et des mers s'épanchant jusqu'au ciel… Et je les distinguai dans la rumeur profonde, Comme on voit deux courants qui se croisent sous l'onde
, Hugo, Feuilles d'automne, 5.
HISTORIQUE
XIe s. De quinze liues en ot [ouit] hom la rimur
, Ch. de Rol. LXIII.
XIIIe s. Ti oil [tes yeux] soient sans legiereté, et tes riz [ton rire] sanz huchier, et ta voiz sans cri, t'aleure sans rumor
, Latini, Trésor, p. 385. Quant il [les mangonneaux] furent dreciez, si furent tenduz ; si getterent chascun une pierre dedens la cité, et feurent les pierres aux maisons, et rompirent et confondirent tout, et firent moult remour et grant tempeste
, Marc Pol, p. 472.
XVe s. Jehan de Lille et Gilles Marcel Furent mors et occis ce jour Semblablement en la rumour, Comme le prevost [Marcel] dessus dit
, Deschamps, Miroir de Mariage, p. 150.
XVIe s. Tellement que la servante du sieur Fagoet entendant ce rumeur d'une chambre haute…
, Le Sieur de Boufflers, dans FR. MICHEL, Argot. Aristippus establit des opinions si hardies en faveur de la volupté et des richesses, qu'il meit en rumeur toute la philosophie à l'encontre de luy
, Montaigne, II, 124.
ÉTYMOLOGIE
Prov. rumor, rimor ; espagn. rumor ; ital. romore, rimore ; du lat. rumorem.