« réformer », définition dans le dictionnaire Littré

réformer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

réformer

(ré-for-mé) v. a.
  • 1Rectifier, c'est-à-dire rétablir dans l'ancienne forme ou dans une forme meilleure. Je me persuadai qu'il n'y aurait véritablement point d'apparence qu'un particulier fît dessein de réformer un État, en y changeant tout dès le fondement, et en le renversant pour le redresser ; ni même aussi de réformer le corps des sciences ou l'ordre établi dans les écoles pour les enseigner, Descartes, Méth. II, 2. L'armée toute indépendante [appartenant aux sectaires dits indépendants] réforme elle-même, à sa mode, le parlement, et se rend maîtresse de tout, Bossuet, Reine d'Anglet. Combien de projets M. de Lamoignon a-t-il faits ou réformés ! Fléchier, Lamoignon. Chacun a débité ses maximes frivoles… Corrigé la police et réformé l'État, Boileau, Sat. III. N'allons donc point ici réformer l'univers, Boileau, ib. X. Prendre sur vous le soin de réformer la ville, Boileau, ib. IX. Une vaste capacité… qui réforme les lois et les coutumes, si elles étaient remplies d'abus, La Bruyère, X.
  • 2Procurer une amélioration morale, intellectuelle. Il réforme à son pied les humeurs de la cour, Régnier, Sat. X. Jamais mon dessein ne s'est étendu plus avant que de tâcher à réformer mes propres pensées, et de bâtir dans un fonds qui est tout à moi, Descartes, Méth. II, 3. Sachez que leur objet [des jésuites] n'est pas de corrompre les mœurs ; ce n'est pas leur dessein ; mais ils n'ont pas aussi pour unique but celui de les réformer, Pascal, Prov. V. Faites-moi la grâce de réformer ma raison corrompue, Pascal, Prière. Il eût voulu réformer tous les défauts, Fléchier, Duc de Mont.
  • 3Rétablir dans un ordre religieux la discipline qui s'était relâchée.
  • 4Corriger, modifier la rédaction, la forme d'une pièce, d'un écrit. Réformer une déclaration, un édit. Il n'est pas raisonnable, quoi que vous disiez, que je réforme les louanges que je vous donne, ni que je commence à dire moins de bien de vous lorsque j'en reçois le plus, Voiture, Lett. 25. Il est constant que cette faute est dans l'original et qu'ainsi il n'a de rien servi de la réformer dans les dernières éditions qu'on en a faites, Pascal, Prov. XI. J'ai envoyé à ma nièce deux volumes où j'ai réformé, autant que je l'ai pu, tout ce que vous avez eu la bonté de remarquer dans le Siècle de Louis XIV, Voltaire, Lett. Hénault, 1er févr. 1752.

    Réformer un arrêt, un jugement, se dit d'un tribunal qui modifie un arrêt, un jugement rendu. Sous le nom de conseil s'élève un tribunal souverain où l'on réforme les jugements, Fléchier, le Tellier.

  • 5Retrancher ce qui est nuisible ou superflu. Réformer le luxe. Le pire de tous les abus dans la société, c'est de les réformer sans règle, et cent expériences ont démontré la vérité de cette maxime, Condillac, Étud. hist. III, 1.
  • 6Réformer son train, sa dépense, sa maison, les diminuer, les réduire. A-t-on par quelque édit réformé la cuisine ? Boileau, Sat. III. Vous venez d'être réformé, il faut bien que vous réformiez votre train, Regnard, Attend. s. l'orme. 1.
  • 7Réformer les troupes, les réduire à un moindre nombre. Voilà la paix ; vous serez réformé, vous quitterez le service malgré vous, Dancourt, Vert-galant, sc. 1. On réforme, à la paix, des régiments entiers qui ne se plaignent pas ; pourquoi les jésuites poussent-ils de si hauts cris, quand on les réforme pour avoir la paix ? Voltaire, Pol. et lég. Tolérance, seul cas où l'intolérance est de droit humain.

    Réformer un officier, lui retirer son emploi, en raison d'infirmités physiques ou morales.

    Réformer un soldat, lui donner son congé de réforme.

    Réformer des chevaux, les retirer du service auquel ils ne sont plus propres.

  • 8Réformer les monnaies, en changer l'empreinte ou la valeur sans les refondre.
  • 9Se réformer, v. réfl. Se faire à soi-même quelque correction. On dit qu'après l'avoir achevé [le Jupiter d'Olympie], Phidias ôta le voile dont il l'avait couvert, consulta le goût du public, et se réforma lui-même d'après les avis de la multitude, Barthélemy, Anach. ch. 38.

    Renoncer à ses anciennes habitudes. Un bourgmestre d'Amsterdam le louait [Pierre Ier] de ce qu'il voulait réformer sa nation ; j'y aurai beaucoup de peine, répondit le czar ; mais j'ai un plus grand ouvrage à entreprendre. Eh ! quel est-il ? dit le Hollandais. - C'est de me réformer moi-même, Voltaire, Lett. Pr. roy. de Pr. janvier, 1738.

  • 10S'infliger les uns aux autres des réformations religieuses. Les zwingliens et les calvinistes, qui, de tous ceux qui se sont séparés de Rome, se vantent d'être les plus unis entre eux, ne laissent pas de se réformer, Bossuet, Var. X, 66.
  • 11Subir un retranchement. La table s'allait réformer tout doucement d'elle-même, Hamilton, Gramm. II.

HISTORIQUE

XVe s. À quoy pensois-tu, bel amy ? veulx-tu refformer ou corriger le monde ? Gerson, Harengue au roi Charles VI, p. 16. À la poursuite du duc de Bourgogne furent reffourmez tous ceulx qui du roy avoient eu dons, et contraints à les restituer, Geste des nobles, Viriville, p. 119.

XVIe s. [Alcibiade] autant reformé à Sparte, comme voluptueux en Ionie, Montaigne, I, 185. Ceux de la religion nouvelle qu'ils appellent maintenant reformée, Pasquier, Lett. t. I, p. 189.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. reformar ; ital. riformare ; du lat. reformare, de re, et formare (voy. FORMER).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

RÉFORMER.
4Ajoutez :

Réformer un portrait, le corriger, le retoucher. Pour le portrait que vous daignez désirer, il m'a dit qu'il faut que je lui donne une après-dînée pour le réformer, Malherbe, Lexique, éd. L. Lalanne.