« réciproque », définition dans le dictionnaire Littré

réciproque

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réciproque

(ré-si-pro-k') adj.
  • 1Proprement, alternatif, qui va en sens inverse.

    Vers réciproques, se dit des vers latins qu'on peut lire en commençant par le dernier mot, sans que la mesure et le sens soient détruits.

  • 2 Terme de logique. Propositions réciproques, deux propositions telles que le sujet de l'un peut devenir l'attribut de l'autre, et l'attribut de l'une le sujet de l'autre ; ou, autrement, propositions réciproques, se dit de deux propositions qui sont telles que chacune d'elles se déduit de l'autre comme conséquence nécessaire.

    S. f. La réciproque, l'inverse d'une proposition démontrée. La réciproque est vraie, n'est pas vraie. Démontrer la réciproque.

  • 3Termes réciproques, termes qui ont la même signification, et qui se peuvent prendre l'un pour l'autre, par exemple homme et animal raisonnable.
  • 4 Terme de mathématique. Figures réciproques, celles dont les côtés se peuvent comparer de manière que l'antécédent d'une raison et le conséquent de l'autre se trouvent dans la même figure.

    Il se dit aussi pour inverse. La gravitation s'exerce en raison réciproque du carré de la distance. De là il suit que, les carrés des moyens mouvements étant réciproques aux cubes de ces axes, si le mouvement de Saturne se ralentit par l'action de Jupiter, celui de Jupiter doit s'accélérer par l'action de Saturne, Laplace, Exp. IV, 3.

  • 5Qui se communique de l'un à l'autre, mutuel. Et ces torrents volants, ces fleuves suspendus [les nuages] Par un choc réciproque et crevés et fondus, Brébeuf, Phars. IV. [Dans les ouvrages de parti] Les faits y sont déguisés, les raisons réciproques n'y sont point rapportées dans toute leur force, ni avec une entière exactitude, La Bruyère, I. Le roi, le sénat et le peuple étaient, pour ainsi dire, dans une dépendance réciproque ; et il résultait de cette mutuelle dépendance un équilibre d'autorité qui modérait celle du prince, Vertot, Révol. rom. I, p. 26. Il y avait entre elle [Mme des Ursins] et cette princesse [la reine d'Espagne] une amitié fondée sur ce besoin d'une confiance réciproque, qui rend si souvent les femmes nécessaires les unes aux autres, Voltaire, Mél. litt. Observ. sur les mém. de Noailles.

    S. m. Terme familier. Le réciproque, la pareille. Adieu, mon adorable petite sœur que j'aime avec toute la tendresse dont je suis capable… je ne sais pourquoi vous me quittez du réciproque ; il me semble que vous devriez être contente de ce que je sens pour vous, Ch. Sévigné, à Mme de Grignan, dans SÉV. 11 nov. 1676. Mme de Castries était aussi glorieuse pour son mari que pour elle ; elle en recevait le réciproque et toutes sortes d'égards et de respects, Saint-Simon, 42, 253.

  • 6 Terme de grammaire. Verbes réciproques, verbes qui expriment l'action mutuelle de plusieurs sujets les uns sur les autres. Ils se frappent.

    Duclos l'a pris au sens de verbe réfléchi : Il y en a un [verbe] qu'on nomme réciproque, c'est-à-dire qui rentre dans lui-même : Pierre s'aime, Caton s'est tué, Œuvr. t. IX, p. 98.

HISTORIQUE

XVe s. Quand ils furent approchés des Sarrasins, de beau traict les saluerent, et au reciproque les Sarrasins eux, Bouciq. II, 20.

XVIe s. Il y avoit eu entre eulx [César et Pompée] une si longue intelligence et societé… tant d'offices reciproques et d'alliances…, Montaigne, I, 268.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. reciproc ; du lat. reciprocus, que Corssen (Nachtr. p. 137) explique comme un composé de recus (de re) et procus (de pro), et signifiant : qui va en arrière et en avant.