« provoquer », définition dans le dictionnaire Littré

provoquer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

provoquer

(pro-vo-ké) v. a.

Je provoquais, nous provoquions, vous provoquiez ; que je provoque, que nous provoquions, que vous provoquiez.

  • 1Appeler à, exciter, inciter. Provoquer à boire. Provoquer au combat, Rotrou, Herc. mour. II, 2. Ils m'ont provoqué à courroux… et je les provoquerai à jalousie [c'est Dieu qui parle]…, Pascal, Pens. XXI, 1, éd. HAVET.

    Il peut avoir, en ce sens et pris absolument, un nom de chose pour sujet. Cela provoque au sommeil.

  • 2Faire éprouver ce qui excite, irrite. Il a frappé ; mais il avait été provoqué.

    Il peut aussi, en ce sens, avoir pour sujet un nom de chose. Ce langage le provoqua.

  • 3Causer, avec un nom de chose pour sujet. Les bulbes de plusieurs narcisses ayant en général la propriété de provoquer le vomissement, Loiseleur, Instit. Mém. sc. ph. et math. Sav. étr. t. II, p. 605. Chagrins, vapeurs mélancoliques, Dégoût de tous les biens, abattement moral, Voilà ce que l'ennui provoque en général, Delavigne, Princ. Aurél. III, 5.
  • 4Se provoquer, provoquer à soi, s'attirer. Personnes qui se provoquent la juste indignation de Dieu, Pascal, Prov. VIII.
  • 5 Terme de jurisprudence. Provoquer une action, une procédure, prendre l'initiative devant le juge, se porter demandeur pour quelque chose. Tout parent est recevable à provoquer l'interdiction de son parent, Cod. Nap. art. 490. Le mari peut, sans le concours de sa femme, provoquer le partage des objets meubles ou immeubles à elle échus qui tombent dans la communauté, ib. art. 818.
  • 6Se provoquer, v. réfl. S'adresser l'un à l'autre des provocations. Tous deux, les bras levés d'un air audacieux, Se provoquent du geste et s'attaquent des yeux, Delille, Én. v.

HISTORIQUE

XIIe s. Purvochat nostre Seigneur li peccherre [le pécheur provoqua notre Seigneur], Liber psalm. p. 10. E fist faire altels par tuz les angles de Jerusalem à deable e par tutes les citez de Juda, e forment [fortement] purvuchad à ire nostre Seignur, Rois, p. 390.

XIVe s. Et pour ce ceulz qui mettent et font ou publient les lois, il ont estimacion que il convient appeller et provoquer les gens à vertu en ceste matiere, Oresme, Eth. 326. Il se print à provoquer chascun singulierement, Bercheure, f° 31, recto.

XVIe s. Ce que l'eunuque lui disoit malicieusement, non qu'il ne sceust bien la verité, mais pour le provoquer à parler, Amyot, Artax. 19. Icelle meslange provoque beaucoup la sueur, Paré, XXIV, 27.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et esp. provocar ; ital. provocare ; du lat. provocare, de pro, en avant, et vocare, appeler (voy. VOIX).