« possesseur », définition dans le dictionnaire Littré

possesseur

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

possesseur

(po-sè-seur) s. m.
  • 1Celui qui possède un bien, un héritage. Ne croyez point pourtant qu'éloigné de l'Asie J'en laisse les Romains tranquilles possesseurs, Racine, Mithr. III, 1. Il faut espérer que, dans dix ou douze mille siècles, quand les hommes seront plus éclairés, les grands possesseurs des terres, devenus plus politiques, traiteront mieux leurs manœuvres, Voltaire, Dict. phil. Politique. Le possesseur est de bonne foi quand il possède comme propriétaire, en vertu d'un titre translatif de propriété dont il ignore les vices, Code Nap. art. 550.
  • 2 Par extension, celui qui possède un objet quelconque. Une philosophie pratique par laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent… nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature, Descartes, Méth. VI, 2. Jadis certain Mogol vit en songe un vizir Aux champs élysiens possesseur d'un plaisir Aussi pur qu'infini tant en prix qu'en durée, La Fontaine, Fabl. XI, 4. De l'argent qui t'échut quand le ciel te fit naître, Ne sois pas possédé, sois-en le possesseur ; L'argent, disait Bacon, est un bon serviteur ; Mais c'est toujours un mauvais maître, Pons, (de Verdun).
  • 3Il se dit aussi de celui qui possède le cœur d'une femme. Madame… Vous aurez en Léonce un digne possesseur, Corneille, Héracl. I, 4. Il [Ch. de Sévigné] voit Ninon tous les jours, mais c'est un ami ; il entra l'autre jour avec elle dans un lieu où il y avait cinq ou six hommes ; ils firent tous une mine qui la persuada qu'ils le croyaient possesseur…, Sévigné, 27 avr. 1671. Il se vit possesseur de Mlle d'Hamilton, Hamilton, Gramm. 11. Possesseur d'un trésor où s'attache ma vie, Voltaire, Adél. du Guesclin. II, 7.

HISTORIQUE

XIVe s. Celle ordenance espoante les possesseurs des terres publiques, Bercheure, f° 42, recto.

XVIe s. Possesseur de malle-foi ne peut prescrire, Loysel, 730. Tout possesseur de bonne foi fait les fruits siens, Loysel, 743. Dame et possesseresse de plusieurs grandes provinces, Pasquier, Lettres, t. II, p. 760. Possesseuse, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Provenç. possessor ; espagn. posesor ; ital. possessore, du lat. possessorem, qui vient de possessum, supin de possidere, posséder. On trouve aussi possiere, au nominatif ; mais il vient d'une forme barbare posseditor.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

POSSESSEUR. - HIST. Ajoutez : XIIe s. La quelle chose quant ot oït ses possieres [le possesseur d'un esclave], li Dial. Gregoire lo pape, 1876, p. 114.