« politesse », définition dans le dictionnaire Littré

politesse

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politesse

(po-li-tè-s') s. f.
  • 1Culture intellectuelle et morale des sociétés. En envoyant ses colonies par toute la terre, et avec elles la politesse, Bossuet, Hist. III, 3. Je viens vous faire admirer un homme qui a su joindre la politesse du temps à la bonne foi de nos pères, Fléchier, Duc de Mont. Quelles peines n'eut-on pas à lui persuader d'étendre un peu, en faveur de sa dignité, les limites de son patrimoine, et d'ajouter quelques politesses de l'art aux agréments rustiques de la nature ? Fléchier, le Tellier. Les dissensions domestiques, les guerres étrangères, l'ignorance qui toujours en est le triste fruit, avaient répandu sur toutes les parties de l'État je ne sais quel air de licence et de barbarie, toujours fatal à la sainte politesse et à la candeur des mœurs chrétiennes, Massillon, Panég. St Bernard. Carthage sortit de ses ruines… elle devint la métropole de l'Afrique, et fut célèbre par sa politesse et par ses écoles, Chateaubriand, Itin. 7e part.
  • 2Il se dit aussi de la culture individuelle. La politesse de l'esprit consiste à penser des choses honnêtes et délicates, La Rochefoucauld, Maxime 99. Ce nom, capable d'imprimer du respect dans les esprits où il reste encore quelque politesse, Fléchier, Duc de Mont. Il faut très peu de fond pour la politesse dans les manières ; il en faut beaucoup pour celle de l'esprit, La Bruyère, XII.

    Manière de vivre polie, non sauvage ni farouche. Hélas ! je suis une biche au bois, éloignée de toute politesse ; je ne sais plus s'il y a une musique dans le monde, et si l'on rit, Sévigné, 15 juin 1680. Télémaque fut étonné de voir toute la campagne de Salente cultivée comme un jardin : il en fut charmé, car il aimait naturellement les choses qui ont de l'éclat et de la politesse, Fénelon, Tél. XXII.

  • 3Manière d'agir, de parler civile et honnête, acquise par l'usage du monde. La politesse n'inspire pas toujours la bonté, l'équité, la complaisance, la gratitude ; elle en donne du moins les apparences, et fait paraître l'homme au dehors comme il devrait être intérieurement, La Bruyère, V. Il me semble que l'esprit de politesse est une certaine attention à faire que, par nos paroles et nos manières, les autres soient contents de nous et d'eux-mêmes, La Bruyère, ib. Il est vrai que les manières polies donnent cours au mérite, et le rendent agréable, et qu'il faut avoir de bien éminentes qualités pour se soutenir sans la politesse, La Bruyère, ib. Il [Vauban] méprisait cette politesse superficielle dont le monde se contente, et qui couvre souvent tant de barbarie, Fontenelle, Vauban. La politesse est à l'esprit Ce que la grâce est au visage ; De la bonté du cœur elle est la douce image, Et c'est la bonté qu'on chérit, Voltaire, Stances, 28. Celui qui ne veut satisfaire qu'aux besoins de la nature, ne se morfond point à la porte des grands, n'essuie ni leurs regards dédaigneux, ni leur politesse insultante, Diderot, Claude et Nér. II, 1. Le peuple est ici plus bruyant qu'ailleurs ; dans la première classe des citoyens règnent cette bienséance qui fait croire qu'un homme s'estime lui-même, et cette politesse qui fait croire qu'il estime les autres, Barthélemy, Anach. ch. 20. Il avait des manières élégantes, une politesse facile et de bon goût, Staël, Corinne, I, 3. Une politesse froide, une conversation pleine de solidité, Genlis, Veillées du château t. III, p. 41, dans POUGENS.

    La politesse du cœur, celle qui est inspirée par la bonté, par la cordialité. Il est bon, facile ; il a la politesse du cœur, bien supérieure à celle des manières, Barthélemy, Anach. ch. 51.

  • 4Action conforme à la politesse. De toutes les obligations qu'on peut avoir à une belle âme, ces tendres attentions, ces secrètes politesses de sentiment sont les plus touchantes, Marivaux, Marianne, 3e part. J'ai dû à M. d'Alembert et à M. Diderot la politesse que j'ai eue pour eux : il n'était pas juste que mon nom parût avant le leur, Voltaire, Lett. Panckoucke, 21 févr. 1770. Les hommes savent que les politesses qu'ils se font ne sont qu'une imitation de l'estime, Duclos, Consid. mœurs, 3.

    Faire politesse à quelqu'un, se montrer particulièrement civil à son égard. Déjà l'on me fait politesse, Déjà l'on m'attend au retour, Béranger, Hab. de cour.

    Brûler la politesse, s'esquiver sans dire adieu.

ÉTYMOLOGIE

Ital. pulitezza, de pulilo, poli.