« poindre », définition dans le dictionnaire Littré
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poindre
- 1Piquer.
Fig.
Le regret du passé cruellement me point
, Régnier, Plainte.Et quand la faim les point
, Régnier, Sat. II.Et moi chétif, de vos suivants le moindre, Combien de fois, las ! me suis-je vu poindre De traits pareils !
Rousseau J.-B. Épît. à Marot.Voir avorter tous ses projets de nom et de rang d'arrière-petit-fils de France, c'est ce qui la poignait dans le plus intime de l'âme [la duchesse d'Orléans]
, Saint-Simon, 262, 2.Fig.
Quel taon vous point ?
La Fontaine, Gag. c'est-à-dire quelle mouche vous pique ? quelle fantaisie vous prend ?PROVERBE
Oignez vilain, il vous poindra, voy. OINDRE. - 2 V. n. Commencer à pousser comme une pointe.
On voyait des violettes et des primevères ; les bourgeons des arbres commençaient à poindre
, Rousseau, Confess. IX.Fig.
De tous les maux on vit poindre l'engeance
, Benser. dans GIRAULT-DUVIVIER.On m'assure qu'elle [Mme de Coulanges] est très bien, et que les épigrammes recommencent à poindre
, Sévigné, 14 oct. 1676.Le poil commence à lui poindre au menton, se dit d'un jeune garçon à qui la barbe commence à venir.
- 3Il se dit de la lumière qui commence à paraître.
Le jour venant à poindre
, La Fontaine, Berc.Il [le roi] demanda en s'habillant : le jour point-il déjà ? puis me fit l'honneur de s'adresser à moi, pour me demander s'il fallait dire point-il ou pointe-t-il ?
Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 89, dans POUGENS.Y entrant à mesure que la lumière y poignait, et s'en éloignant à mesure que les ténèbres s'y reformaient
, Diderot, Opin. des anc. philos. (Platonisme).Fig.
La spiritualité commence en l'homme, où la lumière de l'intelligence et de la réflexion commence à poindre
, Bossuet, Conn. de Dieu, v, 13.Laissez former le corps jusqu'à ce que la raison commence à poindre : alors c'est le moment de la cultiver
, Rousseau, Hél. V, 3.
REMARQUE
Fréd. Soulié, Mém. du Diable, t. I, p. 263, 1837, a dit : L'effroi avait poigné son cœur. C'est un barbarisme. Poignant vient de poindre ; il n'y a point de verbe poigner.
HISTORIQUE
XIe s. As-vous poignant [piquant des éperons] Malprimes de Brigant
, Ch. de Rol. LXIX. [Il] Puint le cheval, laisse courre ad espleit
, ib. CCLIX.
XIIe s. Le scorpiun [ils] resemblent al chief e al partir, Qui vult [veut] derriere puindre e devant conjoïr
, Th. le mart. 85.
XIIIe s. Que erbelete poignent et pré sont reverdi
, Berte, I. Dont passent oultre pour leur poindre parfornir
, H. de Valenciennes, XXVI. Et en orent à cel poindre li Englois le piour, Chr. des Rains, p. 76. Tout le monde par parole oignent, Mès lor losenges les gens poignent Par derriere dusques as os
, la Rose, 1046.
XIVe s. Il cuidoit un peu poindre et il a navré
, Oresme, Eth. 158. Plus vault amy qui poinct que flatteur qui oingt
, Le Chev. de la Tour, Instr. à ses filles, f° 46, dans LACURNE.
XVe s. Quand ceux de Calais qui s'appuyoient et estoient sur les murs, les virent premierement poindre et apparoir sur le mont de Sangattes
, Froissart, I, I, 316.
XVIe s. …Mais le cas viendroit mieux à point, Si je disois : adieu jeunesse ; Car la barbe grise me poinct
, Marot, II, 189. Non que je sois ennuyé d'entreprendre D'avoir le fruit dont le desir me poinct
, Marot, Épigr. de oui et nenny. Le matin si tost que le jour commencea à poindre, Fabius se meit à suivre son ennemy à la trace
, Amyot, Fab. XVIII. Ceste parole poignit Philippus au vif, et lui fit recognoistre sa faulte
, Amyot, Alex. X. Douleur cuisante et poignante
, Paré, VI, 14. Charité oingt, et peché poinct
, Cotgrave † Qui contre esguillon recule deux fois se poind
, Cotgrave †
ÉTYMOLOGIE
Provenç. punger, ponjer, poigner ; cat. punyir ; espagn. pungir ; ital. pungere ; du lat. pungere.