« poche », définition dans le dictionnaire Littré

poche

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

poche

(po-ch') s. f.
  • 1Petit sac attaché à un habit, à un gilet, etc. pour y mettre ce qu'on veut sur soi. Voilà justement de ces choses qui lui viennent, quand il [M. de Grignan] parle et quand il écrit, et qui fait que ses lettres sont toujours, deux mois durant, l'ornement de toutes les poches, Sévigné, 26 janv. 1680. L'estomac est fait comme une poche, Fénelon, Exist. 35. Heureusement encor, laissant ma malle au coche, J'ai mis fort prudemment mon argent dans ma poche, Regnard, Ménechm. II, 2. Nos anachorètes visitèrent ensuite les poches des vaincus, Lesage, Gil Bl. v, 2. Un sot provincial arrivé par le coche Eût été moins que moi tourmenté dans sa peau ; Je me mouchais presque au bord de ma poche, J'éternuais dans mon chapeau, Sedaine, Épître à son habit.

    Rien dans les mains, rien dans les poches, disent les escamoteurs pour montrer que le tour ne se fait avec rien qui soit dans la main ou dans la poche.

    Fig. J'ai mes poches pleines de compliments pour vous, Sévigné, 492. Méfiez-vous de ces gens qui ont leurs poches pleines d'esprit, et qui le sèment à tout propos, Diderot, Salon de 1765, Œuv. t. XIII, p. 34, dans POUGENS.

    Fig. Avoir en sa poche, avoir toujours sur soi ou sous la main, à sa disposition. Avez-vous à Paris la traduction du plaidoyer de l'empereur Julien contre les Galiléens, par le marquis d'Argens ? il serait à souhaiter que tous les fidèles eussent ce bréviaire dans leur poche, Voltaire, Damilaville, 15 oct. 1764. C'est un philosophe [Maupertuis]… portant toujours scalpel en poche pour disséquer les gens de haute taille, Voltaire, Diatribe du docteur Akakia.

    De poche, qu'on porte dans sa poche. Pistolet de poche.

    Fig. De poche, qui n'est pas plus gros qu'il ne faudrait pour être porté dans la poche. On s'enivra partout à votre santé, à celle de M. Turgot et de M. Trudaine ; on tira nos canons de poche toute la journée, Voltaire, Lett. Mme de St-Julien, 14 déc. 1775.

    Fig. De sa poche, de ses propres deniers. Sainte-Mame était peut-être le seul homme de qualité que Monseigneur aidât de sa poche, Saint-Simon, 294, 14. Eh bien, je vous donne quatre cents francs de ma poche, Voltaire, Dict. phil. Éducation.

    Payer de sa poche, payer de ses propres deniers.

    Payer de sa poche, c'est aussi payer avec l'argent qu'on destine à ses menues dépenses personnelles.

    L'argent de la poche, l'argent qu'on destine à ses petites dépenses personnelles.

    Argent de poche, partie de la solde militaire dont le soldat a la libre disposition.

    Cette terre produit, vaut dix mille francs dans la poche, c'est-à-dire le produit net est de dix mille francs.

    Fig. Mettre en poche, s'approprier. Villeroy et le prévôt des marchands de Lyon mettaient en poche tout ce qu'il leur plaisait de prendre, Saint-Simon, 474, 77.

    Jouer de la poche, débourser de l'argent, donner de l'argent.

    Avoir ses mains dans ses poches, tenir ses mains enfoncées dans ses poches, attitude qui montre qu'on n'est actuellement occupé à rien

    Fig. Avoir ses mains dans ses poches, ne rien faire. Il est certain qu'en demeurant leurs mains dans leurs poches, ils pouvaient tenir encore cinq ou six jours, sans être exclus d'une composition honnête, Pellisson, Lett. hist. t. III, p. 401, dans POUGENS.

    Fig. Il n'a pas toujours eu les mains dans ses poches, il n'a pas toujours été à ne rien faire.

    Fig. N'avoir pas ses mains dans ses poches, s'enrichir du bien d'autrui. M. d'Elbœuf était gouverneur de Picardie et d'Artois, où il ne tenait pas ses mains dans ses poches, et se moquait des intendants, Saint-Simon, 475, 83.

    Faire crédit de la main à la poche, ne pas faire crédit du tout.

    Manger son pain dans sa poche (voy. PAIN, n° 1).

    Fig. Tenir une affaire dans sa poche, être assuré du succès de cette affaire. Et quand par mon moyen quelque intrigue s'accroche, Qu'il faut jouer un fat, j'en ai le rôle en poche, Hauteroche, Bourg. de qual. IV, 6.

    Fig. N'avoir pas sa langue dans sa poche, savoir fort bien parler et répondre. On peut bien dire qu'elle n'a pas sa langue dans sa poche, Carmontelle, Prov. les Voisins, sc. 3.

    Fig. Mettre sa langue dans sa poche, ne pas parler, garder le silence. Mettez, je vous prie, votre langue dans votre poche, Mme D'Épinay, Mém. t. II, p. 384, dans POUGENS.

    Fig. et familièrement. Se mettre dans la poche de quelqu'un, ne pas le quitter, être toujours pendu à ses côtés. M. le duc de Chartres est un peu plus à la société et moins occupé de me poursuivre et de se mettre dans ma poche, Genlis, Mém. t. III, p. 288, dans POUGENS.

    Familièrement. Il semble sortir de sa poche, se dit de quelqu'un très petit placé à côté de quelqu'un très grand, ou qui lui prend le bras.

    Familièrement. Il le mettrait dans sa poche, se dit d'un homme qui a une grande supériorité de force sur un autre.

  • 2Grand sac pour mettre du blé, de l'avoine, etc. Une poche de blé.

    Vendre, acheter chat en poche, voy. CHAT, n° 1.

    Donner chat en poche, attraper dans un marché. Vous me voulez chat en poche donner, La Fontaine, Troq.

    Dans les sucreries, poche aux écumes, sac de toile forte à travers lequel les écumes laissent échapper le sirop.

  • 3 Terme de chasse. En général, filet qui a la forme d'une poche. Poche à prendre les blaireaux, les loutres, etc. Poche à perdrix, à faisans.

    Filet servant à fermer les ouvertures des terriers, pour prendre les lapins au furet.

  • 4 Terme de pêche. Espèce de sac avec lequel on prend la menuise.

    Se dit aussi de la manche des filets traînants, dans laquelle le poisson se rassemble.

  • 5Jabot des oiseaux. Des pigeons qui ont la poche pleine.
  • 6Espèce de sac extérieur formé par la peau du ventre chez certains animaux, notamment chez les marsupiaux.

    Poches gutturales, deux grands sacs membraneux particuliers aux mammifères monodactyles, qui sont adossés l'un à l'autre, et s'étendent sous les grandes branches de l'hyoïde et sous les muscles environnants.

  • 7 Terme d'obstétrique. Poche des eaux, la saillie que les membranes de l'œuf, détachées de la matrice et poussées par les contractions utérines, font à travers le col dilaté.
  • 8Sac qui se forme à un abcès.
  • 9Faux plis aux habits mal taillés. Cet habit fait des poches.
  • 10Violon de poche, ou, elliptiquement, une poche, petit violon qui fait peu de bruit, et que les maîtres de danse portent dans leur poche pour aller donner des leçons de danse, en ville. Un petit Français poudré et frisé comme autrefois, habit vert-pomme… raclait un violon de poche, et faisait danser Madelon Friguet à ces Iroquois, Chateaubriand, Itinér. 7e partie.

    On dit actuellement d'ordinaire pochette.

  • 11Cuiller avec laquelle on sert le potage, ainsi dite de sa forme.

    Cuiller de fer avec un long manche, dont les fondeurs se servent pour puiser le métal en fusion.

    Cuiller dont se sert le raffineur de sucre.

  • 12Espèce de sac dans lequel les cloutiers vendent différentes sortes de broquettes, ou bien encore la quantité de broquettes qui peut tenir dans une poche de grandeur déterminée.
  • 13Poche de navette, la partie creuse qui est au milieu de la navette
  • 14Poche à cristaux, nom donné par les mineurs à des cavités quartzeuses renfermant des cristaux plus ou moins développés de quartz hyalin.
  • 15Boucle faite à l'extrémité de certaines lettres.

HISTORIQUE

XIVe s. Et tens tes poches es plus hantées bouches du terrier, Modus, f° 75. Se la matiere est dure et la boce pendant… encise selon le long du membre, mais garde que tu ne touches à la pouche dont la boce est envelopée, Lanfranc, f° 58, verso. Poques ou sacs où le dit sel avoit esté mis, Du Cange, pochia. Les assaillir y nous convient, Et que de près fort on les touche De hache et d'espée poignant, Et que sur eulx fort on approche ; Vous les mectrez en une poche, Où en faire ce que vouldrez, Mist. d'Orléans, p. 416. Messeigneurs, c'est à vous grant honte De vouloir avoir ce reproche, Comme bergiere vous surmonte… Y semble que en une poche Vous mettroit se elle vouloit, ib. p. 471. Jehan cuisinier frappa le suppliant d'une coillier, autrement dit poche de bois, Du Cange, pochia.

XVIe s. La poche sent tousjours le haran, Contes d'Eutrapel, p. 38, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Vosgien, peuche, pôche, pouche ; norm. pouque ; Berry, poche, sac ; du germanique : anglosax. pocca ; isl. poka ; angl. poke, pouch, et, avec une nasale, anc. h. allem. phunc ; suéd. pung ; d'où le bas-lat. punga, puncha ; grec mod. πούγγι.