« pitoyable », définition dans le dictionnaire Littré

pitoyable

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pitoyable

(pi-to-ia-bl' ; plusieurs disent pi-toiia-bl') adj.
  • 1Qui est naturellement enclin à la pitié. Qu'à la fin mes ennuis la rendent pitoyable [ma dame], Pourvu que je la serve à son contentement, Malherbe, V, 23. Si le ciel pitoyable eût écouté ma voix, Corneille, Hor. III, 5. La femme du meunier, pitoyable comme une femme, lui fit dresser un lit et le fit coucher, Scarron, Rom. com. II, 16. Le missionnaire rendait les maîtres plus pitoyables et les esclaves plus vertueux, Chateaubriand, Génie, IV, IV, 7.

    Il se dit en ce sens des sentiments, des regards, etc. Il n'y eut jamais une tristesse pareille à la mienne ; et, si j'osais écrire des lettres pitoyables, je dirais des choses qui vous feraient fendre le cœur, Voiture, Lett. XI. J'entre en des sentiments qui ne sont pas croyables, J'en ai de violents, j'en ai de pitoyables… J'aime ce malheureux…, Corneille, Poly. III, 5. …Allez, je vous fais grâce, Je jette encore un œil pitoyable sur vous, Molière, Ét. II, 8.

    Il vieillit en cet emploi, et pour l'employer il faut en bien choisir la place.

    En style d'anciennes ordonnances, lieux pitoyables, les hôpitaux, maladreries, etc.

  • 2Qui excite la pitié. Je jure donc par vous, ô pitoyable reste [cendres de Pompée]…, Corneille, Pomp. v, 1. Je voudrais pouvoir me dispenser de vous représenter un si pitoyable spectacle, Fléchier, Panég. II, 363.

    Substantivement. Est-il moins dans la nature de s'attendrir sur le pitoyable que d'éclater sur le ridicule ? La Bruyère, I.

  • 3 Par dénigrement. Méprisable, mauvais dans son genre. Quels pitoyables vers ! quel style languissant ! Boileau, Ép. X. Je ne m'amuserai point à prouver ici combien sont pitoyables tous ces raisonnements, Diderot, Opin. des anc. philos. (antédiluvienne philos.)

    Cela est pitoyable, se dit d'un acte, d'une parole qui ne mérite aucune attention sérieuse. On m'a bien reproché cet embrasement du temple d'Éphèse ; toute la Grèce en a fait beaucoup de bruit ; mais en vérité cela est pitoyable ; on ne juge guère sainement des choses, Fontenelle, Dial. 1, Morts anc.

    Il se dit aussi des personnes. Un poëte pitoyable. Il [le duc de Montmouth] paraît partout tel qu'il était dans sa conduite, téméraire dans ses entreprises, incertain dans l'exécution, et pitoyable dans les extrémités où beaucoup de fermeté doit au moins répondre à la grandeur de l'attentat, Hamilton, Gramm. X.

HISTORIQUE

XIIIe s. Ele ot le cuer si piteable, Et si dous et si amiable…, la Rose, 1211.

XVe s. [Sa grâce] n'estoit pas trop difficile de conquerre, tant estoit douce et pitiable, Louis XI, Nouv. XXXIV.

XVIe s. Le pape ne peut convertir aucuns legs, ores qu'ils fussent pitoyables [pieux], en autre usage contre la volonté des deffunts, P. Pithou, 25. Chelonys, fille et femme de roys de Sparte… n'ayant aultre choix que de se jecter au party où elle faisoit le plus de besoing, et où elle se montroit plus pitoyable, Montaigne, IV, 284. Les gestes et mouvements pitoyables… d'un homme mourant en angoisse, Montaigne, II, 131. Les grimaces de la vieillesse, ces grimaces difformes et pitoyables, Montaigne, III, 382.

ÉTYMOLOGIE

Pitoyer, qui se trouve dans a-pitoyer, et qui vient de piteux ; prov. piatable.