« pédant », définition dans le dictionnaire Littré

pédant

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

pédant

(pé-dan) s. m.
  • 1 Terme de mépris. Celui qui enseigne les enfants. Et ne sais bête au monde pire Que l'écolier, si ce n'est le pédant, La Fontaine, Fabl. IX, 5. Tout ce que je fais a l'air cavalier ; cela ne sent point le pédant, Molière, Préc. 10. On ne s'imagine Platon et Aristote qu'avec de grandes robes de pédants ; c'étaient des gens honnêtes et, comme les autres, riant avec leurs amis, Pascal, Pens. VI, 52, éd. HAVET. Denys, chassé de Syracuse, à Corinthe se fait pédant, Béranger, Denys.
  • 2Pédant, pédante, celui, celle qui, avec de médiocres lumières et peu de savoir-vivre, prend un air de suffisance, et fait un usage mal entendu de sa doctrine. On peut aisément remarquer en ceux qu'on appelle pédants, qu'elle [la philosophie commune] les rend moins capables de raison qu'ils ne seraient s'ils ne l'avaient jamais apprise, Descartes, Principes, préface, 15. Si vous le voulez prendre aux usages du mot, L'alliance est plus forte entre pédant et sot, Molière, Fem. sav. IV, 3. Ce terme pédant est fort équivoque ; mais l'usage, ce me semble, et même la raison veulent qu'on appelle pédants ceux qui, pour faire parade de leur fausse science, citent à tort et à travers toutes sortes d'auteurs, qui parlent simplement pour parler et pour se faire admirer des sots, Malebranche, Rech. vér. II, III, 3. La pédante au ton fier, la bourgeoise ennuyeuse, Boileau, Sat. X. Penser peu naturellement et s'exprimer de même, s'appelait autrefois être pédant, Vauvenargues, Nouv. max. 61. Les gens de lettres ne sont plus pédants, mais il y a beaucoup de pédants chez les gens du monde, Saint-Lambert, Sais. IV, note 4.
  • 3Pédant, pédante, celui, celle qui est compassée, réservée, minutieuse dans des bagatelles. Faire le pédant. Quelle pédante insupportable ! Charles Ier, moins pédant, mais aussi avide d'autorité que son père, Raynal, Hist. phil. XIV, 2.
  • 4 Adj. Pédant, pédante. Ton pédant. Manières pédantes. Je vis dans le fatras des écrits qu'il nous donne Ce qu'étale en tous lieux sa pédante personne, Molière, Femm. sav. I, 3. Un jeune homme pédant est, à mes yeux, l'objet le plus complétement ridicule qu'on puisse rencontrer, Genlis, Théât. d'éduc. le Voyageur, I, 3.

REMARQUE

On disait anciennement pédante, depuis on a dit pédant ; puis enfin on a dit pedan, et c'est comme on parle présentement, MÉNAGE. Pédant a repris le dessus.

HISTORIQUE

XVIe s. …Ceux qui ont Leur sçavoir renfermé dans leur pedante estude, Desportes, Tombeau de Desportes. Tantost des tyrans de Sicile il s'en faict des pedantes à Corinthe, Montaigne, I, 65. Quand on dit c'est un Johannes, cela vaut autant que ce que maintenant on appelle un pedant, H. Estienne, Apol. d'Hérod. p. 19, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Ce mot, qui ne se trouve pas avant le XVIe siècle, vient de l'italien pedante, que Diez tire du grec παδεύειν, instruire, italianisé sous la forme pedare, d'où pedante.