« ortie », définition dans le dictionnaire Littré

ortie

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

ortie

(or-tie) s. f.
  • 1Genre de plantes sauvages, où l'on distingue l'ortie dioïque, urtica dioïca, Linné, ou grande ortie, l'ortie brûlante, urtica urens, Linné, ou petite ortie, ou ortie grièche, dont la feuille et la tige sont piquantes, et l'ortie romaine, urtica pilulifera, Linné ; genre qui est le type de la famille des urticées. Leur argent, qu'ils aimaient avec tant d'ardeur, sera caché sous les orties, et l'on verra croître les épines dans leurs maisons, Sacy, Bible, Osée, IX, 6. J'aime l'araignée et j'aime l'ortie, Parce qu'on les hait, Hugo, Contempl. III, 27.

    Fig. et familièrement. Jeter le froc aux orties, renoncer à la profession monacale. Un compère qui avait jeté le froc aux orties, ne devait pas être de trop bonnes mœurs, Sévigné, 237.

    Par extension, renoncer à une profession quelconque. Il y a bon moyen pour cela : c'est de jeter tous les deux aux orties, vous ce rabat, elle ce collet rond, Marmontel, Mém. II.

  • 2Nom de plantes diverses qui ont pour caractère commun d'avoir des feuilles d'aspect analogue à celles de l'ortie proprement dite.

    Ortie jaune, nom vulgaire du galéobdolon jaune (labiées).

    Ortie rouge, nom vulgaire du galéopsis ladanum (labiées) ou galéopsis versicolore, et du lamier pourpre (labiées).

    Ortie blanche, le lamier blanc (labiées), appelé parfois simplement le lamier.

    Ortie puante, nom vulgaire de la stachyde des forêts, dite encore ortie des crapauds et ortie morte des bois ; c'est l'épiaire des bois de certains auteurs.

    Ortie bleue, la campanule trachélion (campanulacées).

    Ortie morte, ou ortie royale, le galéopsis tétrahit, le lamier blanc, la stachyde palustre et la mercuriale annuelle.

    Ortie grimpante, nom que porte, aux Antilles, la tragie volubile (euphorbiacées), dite aussi liane brûlante.

  • 3Ortie de mer, nom vulgaire sous lequel on désigne plusieurs espèces du genre actinie ; plusieurs sécrètent une humeur âcre, irritante pour la peau de l'homme qui les a touchées, d'où le nom d'orties de mer donné à ces animaux. Le nom d'ortie est très impropre, et ne réveille l'idée d'aucun des caractères par lesquels l'animal est connu ; le nom de cul de cheval qu'il porte sur quelques côtes de France réveille au moins l'idée de sa figure, Bonnet, Contempl. nat. XII, 21.

    Ortie coralline, le madrépore murique.

  • 4En art vétérinaire, sorte de séton (voy. SÉTON).

HISTORIQUE

XIIe s. Car feme à prendre, c'est grant chose ; Cil prent l'ortie, et cil la rose, Gautier D'Arras, Éracle, V. 1263.

XIIIe s. Sa vie doit paroir necte et pure et sans fronce ; Ses euvres doivent estre sans ortie et sans ronce, J. de Meung, Test. 734.

XIVe s. Pour assaut, pour estour, ne pour nulle envaïe, N'i avoient conquis une foeille d'ortie, Et s'avoient perdut de cheulz [ceux] de leur partie, Baud. de Seb. IX, 830.

XVIe s. Comme une fleur qui a langui longtemps dans un hallier d'horties et de serpens, D'Aubigné, Hist. Préf. VI. Vous sortirez des bois et de devotion, Et jetterez bien-tost vostre froc aux orties, Desportes, Diane, II, 9. Quand on voit les orties de mer nager sur l'eau, c'est signe de tempeste ; ils sont de couleur de cristal reluisant, avec du pers meslé, de substance si fragile qu'à peine en peut-on tirer d'entiere de la mer, Paré, Anim. II. Il cognoist tost l'ortie qui ortier doit, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 81.

ÉTYMOLOGIE

Génev. ourtie ; wallon, ourtèie ; namur. ôrtîe ; Hainaut, ortile ; bourguig. ôtie ; picard, ortile ; Berry, ortruge ; provenç. urtica, ortiga ; espagn. ortiga ; ital. ortica ; du lat. urtica, qui se rattache à urere, brûler.