« oreiller », définition dans le dictionnaire Littré

oreiller

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oreiller

(o-rè-llé ; l'r ne se prononce et ne se lie jamais ; au pluriel, l's se lie : des o-rè-llé-z en plumes) s. m.
  • 1Coussin qui soutient la tête quand on est couché. Alexandre mettait Homère sous son oreiller ; Scipion y mit Xénophon, Diderot, Opin. des anc. philos. (Romains). Sénèque dit : l'homme fort se reconnaît jusque sur son oreiller, Diderot, Claude et Nér. II, 28. Rose, partons ; voici l'aurore ; Quitte ces oreillers si doux, Béranger, Champs. En philosophe, hier sur l'oreiller, J'ai mis mon âme en train de babiller, Béranger, Métempsyc.
  • 2 Fig. Ce qui est pour l'esprit ou la conscience ce qu'est un oreiller dans un lit. Il [Montaigne, IV, 244, où il y a non oreiller, mais chevet] montre… que l'ignorance et l'incuriosité sont deux doux oreillers pour une tête bien faite, Pascal, Entret. avec M. de Saci. Cette vérité est un oreiller sur lequel on peut dormir en repos ; le reste est un éternel sujet d'arguments pour et contre, Voltaire, Lett. d'Argenson, 6 nov. 1770. Vous avez acquis de la gloire, et lui [Sirven] du repos ; ce sont deux bons oreillers sur lesquels on peut dormir à son aise, Voltaire, Lett. de la Croix, 6 déc. 1771. Un autre oreiller de paresse dans toute affaire un peu longue, quoique aisée, était pour lui l'incertitude que le temps jette sur les succès qui dans l'avenir semblent les plus assurés, Rousseau, 2e dialogue. Exercez-vous donc sans maître ; ne le pouvez-vous pas ? restez dans l'ignorance, c'est un oreiller assez doux pour bien des têtes, Condillac, Lang. calc. II, 5. Pour qui s'épuise à travailler, La mort est un doux oreiller, Béranger, Jacques.
  • 3 Terme de marine. Pièce de bois qui croise les deux varangues opposées de la membrure d'un bâtiment, afin de les fortifier.
  • 4Coussin de toile rembourrée que les couteliers mettent au-dessus de la roue à repasser, afin de pouvoir s'y appuyer.
  • 5 Terme de métallurgie. Oreiller d'un soufflet, partie placée dans le culeton pour maintenir les bords.

HISTORIQUE

XIIe s. [Un haubert] Ne peise gaires plus d'un oreiller, Gérard de Ross. p. 316.

XIIIe s. Coiffes à dames, et toies [taies] à orilliers et de paveillons que on met pardesus les autex…, Liv. des mét. 85. D'une pierre a fait orillier, Si commença à someillier, Ren. 1529.

XIIe s. Et puis s'assieent à menger, De l'erbe vert font oriller, Modus, f° cx, verso. La grande baniere et cinq orellierz d'autel, Bibl. des ch. 4e série, t. v, p. 160.

XVe s. Un escu d'argent à trois oreillers de gueules, Froissart, I, I, 31.

XVIe s. Prendre conseil à l'oreiller, Génin, Récréat. t. II, p. 248.

ÉTYMOLOGIE

Oreille ; bourguign. orillier ; provenç. aurelhier.