« nappe », définition dans le dictionnaire Littré
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nappe
- 1Linge dont on couvre la table pour prendre ses repas.
La déesse, en entrant, qui voit la nappe mise, Admire un si bel ordre
, Boileau, Lutrin, I.On dessert, et soudain, la nappe étant levée, Le prélat, d'une voix conforme à son malheur, Leur confie en ces mots sa trop juste douleur
, Boileau, ib. I.L'usage des nappes n'était point encore connu, on avait grand soin de laver les tables, et de les nettoyer avec des éponges avant et après le repas
, Rollin, Traité des Et. II, 2.Chez les Romains, il n'y avait point de nappe sur la table ; il n'y avait point aussi de serviettes, chaque convié apportait la sienne
, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. IV, p. 329, dans POUGENS.On peut bien manger sans nappe ; Sur la paille on peut dormir
, Béranger, Gueux.Fig. Mettre la nappe, donner à dîner.
Croyez-vous qu'il ne faille pas pardonner quelque chose à celui qui met la nappe ?
Anti-ménagiana, p. 105.Villarceaux proposa à Montchevreuil de le recevoir chez lui, et qu'il mettrait la nappe pour tous
, Saint-Simon, 4, 64.La nappe est toujours mise dans cette maison, on y trouve à manger à quelque heure qu'on y vienne.
Trouver la nappe mise, dîner chez les autres.
Le parasite n'a point tous ses embarras [du riche] ; car il trouve toujours la nappe mise, sans se mettre en peine de rien
, Perrot D'Ablancourt, Lucien, le Parasite.Fig. Il a trouvé la nappe mise, il a fait un mariage riche.
Fig. Servir la nappe, faire sans le vouloir ou le savoir les affaires des autres.
Ouvrez les yeux [palatins de Pologne], le diable vous attrape ; Car vous avez à vos puissants voisins, Sans y penser, longtemps servi la nappe
, Voltaire, Lett. roi de Prusse, 16 oct. 1772.Trancher la nappe, se disait de l'action d'un héraut qui, pendant un banquet solennel, venait couper la nappe devant un des convives, pour lui reprocher un acte déloyal, ou le faire rougir de son oisiveté.
- 2Nappe d'autel, linge bénit dont on couvre un autel.
Nappe de communion, linge fin et blanc qu'on met autour de la balustrade de l'autel devant les communiants.
- 3 Terme de vénerie. La peau des bêtes fauves qu'on étend quand on veut donner la curée aux chiens. Cette nappe de cerf est petite.
- 4Morceau de toile blanche que les bouchers attachent à la tringle où ils suspendent les pièces de viande.
- 5Ce qui a la forme ou l'apparence d'une nappe.
Terme de chasse. Toute pièce de filet dont le tissu est uni, quelle qu'en soit la dimension.
Terme de pêche. Nappe de filet, se dit d'une certaine étendue de filet simple que l'on tend à plat.
- 6Nom donné à toute large table de plomb que l'on emploie sur des terrasses, larges chenaux, etc.
- 7 Terme d'hydraulique. Nappe d'eau, cascade dont l'eau tombe et s'étend en forme de nappe.
Une fontaine qui faisait une nappe d'eau en tombant d'un rocher
, Fénelon, Tél. XI.Ces fleuves s'épancher en nappes transparentes
, Delille, Homme des ch. IV.Nappe d'eau, grande étendue d'eau tranquille, comme celle d'un étang, d'un lac, etc.
Leur terrain est une grande nappe d'eau pendant les huit ou neuf mois de pluie
, Buffon, Œuv. t. XIII, p. 297.Les vapeurs blanches du soir couvrirent quelquefois les vallées des apparences d'une nappe d'eau
, Chateaubriand, Génie, I, IV, 4.Nappe d'eau, le niveau général des eaux d'un canton.
Nappe se dit aussi de la masse d'eau étendue sous des couches de terrain plus ou moins épaisses, et à laquelle on donne issue par les puits artésiens ou autres.
C'est entre ce banc de gravier et ces couches de glaise ou de marne, que s'établit ce niveau de la nappe ordinaire des puits, nappe que les eaux pluviales ne peuvent atteindre qu'après avoir traversé la couche superficielle de terre végétale, et ensuite les bancs plus ou moins épais de sable ou de gravier que cette terre végétale recouvre
, Girard, Instit. Mém. acad. scienc. t. III, p. 98.Nappes d'infiltration, nappes souterraines qui communiquent avec les cours d'eau.
- 8Nappe de feu, vaste surface enflammée, ainsi dite par comparaison à une nappe d'eau.
L'aspect si étrange de ces trous noirs dans une nappe de feu, qu'on appelle les taches du soleil
, Faye, Acad. des sc. Comptes rendus, t. LX, p. 91. - 9 Terme rural. Nappe de blé, ou, simplement, nappe, se dit des blés sur pied, quand ils couvrent également la campagne.
- 10 Terme de mathématique. Nom donné aux surfaces embrassées par les branches de certaines sections coniques. Les nappes d'une hyperbole.
La surface qui correspond à la question est terminée par une nappe infinie qui est la surface particulière que nous venons de considérer
, Fourrier, Instit. Mém. scienc. 1819 et 1820, t. IV, p. 258. - 11Nom que, dans la filature du coton par mécanique, on donne au coton sortant de la première carde.
PROVERBE
Celui qui met la nappe est toujours le plus foulé, c'est-à-dire celui qui donne à manger est celui qui a le plus de frais et le plus de peine.
HISTORIQUE
XIIIe s. Les nappes sont ostées ; quant vint après manger…
, Berte, X. Mès alez, ci metez la nape ; Si nos asserrons au mangier
, Ren. 22250.
XIVe s. Six grosses nappes pour cuisine
, Ménagier, II, 4. Au disner sont assiz en mi le pré joli, Qu'il n'i ot nappe mise, chascun dine sur lui
, Guesclin. 14946.
XVe s. Mappe
, Du Cange, mappa.
XVIe s. On porte son diner et son souper, tellement que l'hoste n'est point foulé, sinon qu'il met la nappe
, Despériers, Contes, XVI. Celuy qui met la nappe tumbe tousjours des despens
, Montaigne, I, 356.
ÉTYMOLOGIE
Bourg. naippe ; wallon, mape ; Berry, nappilloun, déguenillé ; du lat. mappa, par un changement de l'm en n, comme dans nèfle de mespilus.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
NAPPE. Ajoutez :Comptoir avec nappe en étain, Gaz. des Trib. 13 juin 1877, aux Annonces.