« mitonner », définition dans le dictionnaire Littré
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mitonner
- 1 V. n. Rester longtemps sur le feu en trempant dans du bouillon ou de l'eau. Le potage mitonne.
- 2 V. a. Cuire à petit feu et dans un liquide. [Pour un coulis] Les écrevisses bien pilées, Mitonnez-les dans du bouillon, Joignez-y du pain qui soit bon, Et que toutes soient bien passées, Les recettes de cuisine en chansons (XVIIe siècle), dans le Temps, 11 févr. 1867.
Chez les peintres en émail, faire cuire doucement la couleur à l'entrée du fourneau de réverbère.
Fig.
Je n'ose m'abandonner à toute la joie que me donne la pensée de vous embrasser ; je la cache, je la mitonne
, Sévigné, 8 août 1685. - 3 Fig. et familièrement. Mitonner quelqu'un, ménager adroitement son esprit, dans des vues intéressées.
Mon cœur aura bâti sur ses attraits naissants, Et cru la mitonner pour moi pendant treize ans…
, Molière, Éc. des f. IV, 1.La comtesse a pris soin d'amasser des écus ; Il faut la mitonner
, Th. Corneille, Comt. d'Orgueil, IV, 5.Je la mitonne [une servante] pour moi
, Brueys, l'Important, I, 2.Ah ! que cela est bon, monsieur ! comme l'amour nous la mitonne !
Marivaux, Préj. vaincu, sc. 2.Disposer, préparer doucement. Je vous ai mitonné cette ressource, ce protecteur.
Il est certains moments, pourvu qu'on les mitonne…
, Hauteroche, dans LE ROUX, Dict. comique.Ainsi nous mitonnerions les choses jusques à ce que nous vissions le moment propre à les décider [les généraux]
, Retz, II, 332.Mitonner une affaire, en préparer doucement le succès.
- 4Dorloter, prendre un grand soin de tout ce qui regarde la santé et les aises d'une personne.
Le petit garçon [Charles de Sévigné] vous répondra sur ma santé ; vraiment, ma chère enfant, il a bien d'autres affaires qu'à me mitonner ; rien n'est si occupé qu'un homme qui n'est point amoureux ; il représente en cinq ou six endroits, quel martyre !
Sévigné, 23 juin 1677.Dans un sens particulier, à la cour de Louis XIV, amuser en faisant des contes.
Mme de Coulanges voulut bien nous faire part des contes avec quoi l'on amuse les dames de Versailles ; cela s'appelle les mitonner ; elle nous mitonna donc, et nous parla d'une île verte où l'on élevait une princesse plus belle que le jour
, Sévigné, 6 août 1677. - 5Se mitonner, v. réfl. Être cuit doucement. La soupe se mitonne.
Fig. Se procurer toute sorte d'aises et de commodités.
Mais, ma chère comtesse, comment vous portez-vous ? je vous ai laissée vous mitonnant dans votre lit
, Sévigné, 8 févr. 1690.La jeune Iris…Jusqu'à midi volontiers se mitonne
, Deshoulières, Rondeau. - 6 Fig. Être en voie secrète de préparation. L'affaire qui se mitonne.
Il y a eu ces jours-ci quantité de sentences aux consuls ; il se mitonne nombre de banqueroutes
, Dancourt, les Agiot. I, 9.
HISTORIQUE
XVIe s. Faire mitonner un potage
, Oudin, Curios. franç.
ÉTYMOLOGIE
Miton 3.