« mince », définition dans le dictionnaire Littré

mince

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

mince

(min-s') adj.
  • 1Qui a fort peu d'épaisseur. Tous les corps sont transparents ; il n'y a qu'à les rendre assez minces pour que les rayons, ne trouvant qu'une lame, qu'une feuille à traverser, passent à travers cette lame, Voltaire, Newt. II, 10. Avec son habit un peu mince, Avec son chapeau goudronné, Comme l'honneur de la province Ce Bourguignon [vin de Bourgogne] nous est donné, Béranger, Agent provocat.

    Chose mince comme la langue d'un chat, chose très mince.

    Taille mince, personne mince, taille, personne non grasse, pourtant sans maigreur.

    Substantivement. Un grand mince, un homme grand et mince.

  • 2 Fig. Peu considérable, de peu d'importance, en parlant des choses. Pour le petit marquis qui me tint hier longtemps la main, je trouve qu'il n'y a rien de si mince que toute sa personne, et ce sont de ces mérites qui n'ont que la cape et l'épée, Molière, Mis. V, 4. Cette dot me parut bien mince pour la fille d'un homme que je croyais très riche, Lesage, Guzm. d'Alfar. VI, 3. Je les trouvais échauffés sur une dispute la plus mince qui se puisse imaginer, Montesquieu, Lett. pers. 36. Ses mémoires du comte de Grammont, son beau-frère, sont de tous les livres celui où le fond le plus mince est paré du style le plus gai, le plus vif et le plus agréable, Voltaire, Louis XIV, Écriv. Hamilt. Deux fripons gouvernaient cet État assez mince ; Ils avaient abruti l'esprit de monseigneur, Voltaire, Éduc. d'un prince.

    Cet homme a la mine bien mince, il est de mince étoffe, il a l'air d'un homme de peu de considération, de peu de mérite.

    Il se dit des personnes dans un sens analogue. Trêve donc de grandeur pour un homme si mince, Boursault, Fables d'Ésope, I, 2. On est toujours surpris de voir Auguste, né d'une famille si mince, un provincial sans nom, devenir le maître absolu de l'empire romain, et se placer au rang des dieux, Voltaire, Triumv. note. Nous venons de perdre un homme bien médiocre à l'Académie française ; on dit qu'il sera remplacé par Thomas, il aura besoin de toute son éloquence pour faire l'éloge d'un homme si mince, Voltaire, Lett. d'Argental, 22 oct. 1766. Je soutiens qu'il n'y a si mince auteur grec, latin, italien, anglais, français, allemand, qui n'ait quelque tour qui lui soit propre, Diderot, Lett. à Galiani. Quoique je sois un des plus minces officiers de Sa Majesté, je suis aussi peu disposé que vous à souffrir qu'on lui fasse tort, Collé, Part. de chasse de Henri IV, II, 11.

  • 3 Terme de tactique. L'ordre mince, par opposition à l'ordre profond, ordre de bataille dans lequel les hommes sont sur peu de rangs. Que Platof, avec ses canons, avait mordu de loin sur les masses profondes qu'il [Davoust] lui avait présentées ; qu'alors seulement le maréchal ne leur avait plus opposé que quelques lignes minces qui s'étaient reployées promptement, Ségur, Hist. de Nap. IX, 9.

HISTORIQUE

XIVe s. Mince [petite monnaie valant un demi-denier], Guiart, t. II, p. 109, V. 2809 (11787) Les troncs [des chous] qui sont tous defeuillés, ne convient-il plus replanter, mais laissier en terre, car ils getteront minces [rejetons], Ménagier, II, 2.

XVIe s. Son fait est bien mince, Oudin, Curios. franç.

ÉTYMOLOGIE

Champenois, mîce. Origine incertaine. Mince ne peut venir du latin minūtus, l'accent s'y oppose. Diez a recours à l'anc. haut allem. minuisto, superlatif de min, petit ; anc. scand. minst : ç pour s, et s pour st. Langensiepen et Scheler allèguent le latin mancus, qui est en défaut, par l'intermédiaire d'un mancius ; mince pour maince. Tout cela est fort douteux. L'historique conduit à une autre conjecture : le mot mince ne paraît pas de très bonne heure dans la langue, ce n'est qu'au commencement du XIVe siècle, et alors il signifie une très petite monnaie ; peut-on y voir l'allemand Münze, danois et angl. mint, monnaie ? puis le mot sera devenu un adjectif désignant quelque chose de très peu épais.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MINCE. Ajoutez :
4 Adv. Peindre mince, donner peu d'épaisseur à la couche de couleur. Il ne peint pas mince, comme disent les peintres, mais il procède par de solides empâtements qui lui donnent le brillant et le coloris que l'on remarque dans ses ouvrages, E. Gautier, Journ. offic. 10 avr. 1877, p. 2784, 1re col.