« marri », définition dans le dictionnaire Littré

marri

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

marri, ie

(mâ-ri, rie) adj.
  • Terme vieilli. Fâché et repentant. Je serais pourtant bien marri d'être moins affligé, et j'aime ma tristesse quand je songe qu'elle vous plairait, si vous la voyiez, Voiture, Lett. 32. Vous êtes mari ? - Depuis plus de six mois. - Et n'êtes point marri ? Hauteroche, le Deuil, 4. La dame de ces biens, quittant d'un œil marri Sa fortune ainsi répandue, La Fontaine, Fabl. VIII, 10. Oui, son mari, vous dis-je, et mari très marri, Molière, Sgan. 9. Je serais bien marri que vous crussiez…, Pascal, Prov. V. Avec Téone ils [les juges] avaient ri ; Avec Apamis ils pleurèrent ; J'ignore, et j'en suis bien marri, Quel est le vainqueur qu'ils nommèrent, Voltaire, Les trois manières. On serait bien marri de passer un seul jour à la merci du temps et des fâcheux, Vauvenargues, Max. CXLVIII.

HISTORIQUE

XIIe s. Mout fut Rolant couroucés et marris, Roncisv.

XIIIe s. Ahi ! mere, fait ele, come auriez cuer [cœur] marri, Se vous saviez… , Berte, LIX. Et que il est marris [égaré] dedens ce bois ramé, ib. CXIV. Dolens et à mesaise, espoentés, marris, ib. XX.

XVe s. Le roy nostre maistre fut marry et eut quelque honte en ce cas, Commines, V, 7.

XVIe s. Je suis en mon cueur desplaisant et marry de l'estrange façon dont ilz moururent tous deux, Amyot, Marcel. et Pélop. comp. 5.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. marrir, marir ; anc. ital. marrito ; du germanique : goth. marzjian ; anc. haut allem. marrjan, empêcher, rendre vain ; angl. to mar. Il y a aussi, dans le celtique, le bas-breton mâr, difficulté.