« loyer », définition dans le dictionnaire Littré

loyer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

loyer

(lo-ié ; plusieurs disent loi-ié ; l'r ne se lie jamais ; au pluriel, l's se lie, les lo-ié-z enchéris) s. m.
  • 1Prix de louage d'un objet quelconque. Sous le règne de François Ier le total des loyers de toutes les maisons de Paris ne montait qu'à la somme de trois cent douze mille livres ; aujourd'hui les carmes déchaussés, indépendamment du vaste terrain qu'occupent leurs jardins et leur couvent, jouissent de près de cent mille livres de rente en loyers de maisons qu'ils ont fait bâtir dans cette rue et dans les rues adjacentes, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. III, p. 311, dans POUGENS. Je pris à loyer une fort belle Circassienne, Voltaire, Scarmentado. Un jour qu'elle [Mme de Maintenon] rassemblait chez elle une nombreuse compagnie, une blanchisseuse lui prêta des chaises et quelques autres meubles, et ne voulut jamais en recevoir le loyer, Genlis, Mme de Maintenon, t. II, p. 207, dans POUGENS.

    Fig. Le mariage est un loyer ; On entre en octobre, on sort en janvier, Béranger, Juge de Ch.

    Donner une femme à loyer, la louer à un fermier.

    Loyer ne se dit point des prix qu'on paye ou qu'on reçoit pour une ferme ; on dit fermage.

    On ne dit pas le loyer d'un cheval, on dit le louage d'un cheval.

    Absolument. Le loyer d'un appartement, d'une maison. Payer son loyer. Les loyers augmentent. Dix mille francs, dix mille francs d'amende ! Dieu ! quel loyer pour neuf mois de prison ! Béranger, 10 000 francs.

  • 2Salaire, ce qui est dû à un serviteur, à un ouvrier pour ses services, pour son travail. On ne doit pas retenir le loyer du serviteur et du mercenaire, Dict. de l'Académie. Toute peine, dit-on, est digne de loyer, La Fontaine, Fabl. XII, 22.

    Peu usité en ce sens.

  • 3Récompense, dans le style élevé et poétique. Mais serait-ce raison qu'une même folie N'eût pas même loyer ? Malherbe, II, 12. Les lois… Confondent le loyer avec le châtiment, Régnier, Sat. III. Pouvoir dire : ce bras a servi Venceslas, N'est-ce pas un loyer digne de cent combats ? Rotrou, Vencesl. III, 6. Et, sans considérer quel sera le loyer D'une action de ce mérite, La Fontaine, Fabl. VI, 13. L'ombrage n'était pas le seul bien qu'il [l'arbre] sût faire ; Il courbait sous les fruits, cependant pour salaire Un rustre l'abattait, c'était là son loyer, La Fontaine, ib. X, 2. Afin qu'en ta vieillesse un livre en maroquin Aille offrir ton travail à quelque heureux faquin Qui, pour digne loyer de la Bible éclaircie, Te paye en l'acceptant d'un " je vous remercie ", Boileau, Sat. VIII. Très peu de gré, mille traits de satire Sont le loyer de quiconque ose écrire, Voltaire, Ép. LIII. Un mot d'éloge est son loyer, Lebrun, Épît. I, 10. Psamménite eut le loyer de ses méchants desseins, car il avait tenté de faire soulever l'Égypte, Courier, Traduct. d'Hérod.

HISTORIQUE

XIe s. Qui mult te sert, malvais luer l'en [tu lui en] dones, Ch. de Rol. CLXXXIII.

XIIe s. Qui ci mourra loier aura mout grant, Roncisv. 130. E vus, pur ço, ki Deu servez, cunfortez vus en bien, car pleniers de vos uevres iert [sera] li luiers, Rois, p. 301. En tant creisset plus li travalz, ke li lowier del travailh aprochent, Job, p. 467.

XIIIe s. N'ont pas [les juges] les honors por ce faire, Sans loier doivent à chief traire [mener à terme] Les quereles que l'en lor porte, la Rose, 5696. Qui malvès sert, malvès loyer atent, Beaumanoir, I, 9. Par se [sa] tricerie, si comme s'il prendoit loier à l'autre partie por fere perdre son segneur se querele, Beaumanoir, IV, 22. Et quiconques louera meson à fole femme, il rendra au prevost ou au baillif le loier de la meson d'un an, Joinville, 295.

XIVe s. Pour ce que honour est le loyer de vertu et est attribué as bons, Oresme, Eth. 120. À meste Jehan le mie [mire], pour le leuwier de un keval, Caffiaux, Abattis de maisons, p. 11. Pour le leuwier de ses quevauls, ID. ib. p. 18.

XVIe s. Qui bon maistre sert bon loyer en attend, Cotgrave Courtisants, qui jettez vos dedaigneuses vues Sur ce chien delaissé, mort de faim par les rues, Attendez ce loyer de la fidelité, D'Aubigné, Mémoires, éd. LALANNE, p. 50.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, louwi, lowî ; provenç. loguier, loguer ; esp. loguero ; du lat. locarium, prix du gîte, de locare (voy. LOUER 1).