« langueur », définition dans le dictionnaire Littré
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langueur
- 1Etat d'une personne affaiblie, malade. Maladie de langueur. Être en langueur.
Il est revenu un gentilhomme de Commerci qui m'a fait peur de la santé du cardinal de Retz : ce n'est plus une vie, c'est une langueur
, Sévigné, 28 juill. 1677.Ma tante est toujours très mal ; laissez-nous le soin de partir, nous ne souhaitons autre chose ; et même, s'il y avait quelque espérance de langueur, nous prendrions notre parti
, Sévigné, 27 avr. 1672.Une langueur qui semble d'abord plus incommode que dangereuse ; des maux d'autant plus à plaindre que, n'étant pas assez connus, ils n'étaient pas peut-être assez plaints…
, Fléchier, Dauphine.Il y a plus de deux ans qu'il est malade, et tant de médecins qui l'ont vu ne l'ont pu guérir, non plus que les eaux de Bourbon ; c'est une langueur dont son esprit ne se sent point
, Bouhours, Chevalier de Méré.Après trois mois de langueur, elle [Mme de Maintenon] mourut à quatre-vingt-trois ans, le samedi 15 d'avril
, Duclos, Mém. rég. Œuv. t. V, p. 402, dans POUGENS.Langueur d'estomac, état d'un estomac qui a perdu le ton nécessaire pour bien faire ses fonctions.
Fig. Tenir en langueur, faire languir.
…Ces lois dont la rigueur Tiennent mes souhaits en langueur
, Malherbe, V, 19. - 2 Fig. Sorte d'affaiblissement moral et physique causé par les fatigues de l'esprit, par les peines de l'âme. L'excès du travail l'a mis dans un état de langueur dont il a peine à se tirer.
La reine, qui se trouva grosse, et qui ne put par tout son crédit faire abandonner ces deux siéges qu'on vit enfin si mal réussir, tomba en langueur, et tout l'État languit avec elle
, Bossuet, Reine d'Anglet.L'état de langueur qui me menaçait d'une mort prochaine
, Fénelon, Dial. des morts mod. Charles-Quint, François 1er.La nature vous a donné ce feu avec lequel on ne sent jamais la langueur de l'âge ; vous serez plus philosophe, mais vous ne serez jamais vieux
, Voltaire, Lett. Richelieu, 31 août 1751.L'impression que l'idée d'une mort prochaine faisait sur mon âme était moins de la tristesse qu'une langueur paisible et qui même avait ses douceurs
, Rousseau, Confessions, VI. - 3Il se dit, dans un sens analogue, de la passion de l'amour.
Moi qui m'étais défendu toute ma vie des tristesses, des langueurs et des inquiétudes de l'amour
, Voiture, Lett. 43.De mes yeux interdits la confuse langueur Trahirait, malgré moi le secret de mon cœur
, Th. Corneille, Ariane, II, 3.Un nuage confus se répand sur ma vue ; Je n'entends plus, je tombe en de douces langueurs ; Et pâle, sans haleine, interdite, éperdue, Un frisson me saisit, je tremble, je me meurs
, Boileau, Traité du sublime, VIII.Soutiendrai-je ces yeux dont la douce langueur Sait si bien découvrir les chemins de mon cœur ?
Racine, Bérén. IV, 4.Les yeux, qui vainement voulaient vous éviter, Déjà pleins de langueur, ne pouvaient vous quitter
, Racine, Phèdre, II, 1. - 4État de l'âme qui se laisse aller à un état comparé à la langueur physique. Les langueurs d'une vie sans occupation.
Je ne vous dirai pas avec quelles langueurs D'un si cruel exil j'ai souffert les longueurs
, Corneille, Tite et Bérén. II, 5.Ce n'est pas que j'aie sur le cœur de n'avoir pas senti le plaisir d'être avec vous ; je vous jure et je vous proteste que je ne vous ai jamais regardée avec indifférence ni avec la langueur que donne quelquefois l'habitude
, Sévigné, 12 juill. 1671.[Les bienheureux]… goûtent, dans les feux d'une éternelle ardeur, Des plaisirs sans regrets, du repos sans langueur
, Voltaire, Henr. VII.Occupé sans tumulte, amusé sans langueur, Je méprise le monde et je vous y regrette
, Voltaire, Lettres en vers et en prose, 27.Je n'irai point, en proie à de lâches amours, Aux langueurs d'un sérail abandonner mes jours
, Voltaire, Zaïre, I, 2.Vous êtes bien mon Prométhée ; votre feu réveille les étincelles d'une âme affaiblie par tant de langueurs et de maux
, Voltaire, Lett. Pr. roy. de Prusse, 1739.Vivez, madame, avec des amis qui adoucissent le fardeau de la vie, qui occupent l'âme et qui l'empêchent de tomber en langueur
, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 15 mars 1769.Ce prince, seul, farouche, à ses langueurs livré, Aime à nourrir le fiel dont il est dévoré
, Ducis, Hamlet, I, 1. - 5Absence d'intérêt, de chaleur, de mouvement dans les productions de l'esprit. Il y a de la langueur dans cet ouvrage.
Cette chaleur ou se communique aux auditeurs, ou du moins les préserve d'une langueur involontaire qui aurait pu les gagner
, Fontenelle, du Verney.Le spectateur pardonne tout, hors la langueur ; et, lorsqu'il est une fois ému, il examine rarement s'il a raison de l'être
, Voltaire, Œdipe, lett. 5e. - 6Il se dit des choses qui n'ont point d'activité, de développement. La langueur du commerce, des affaires.
Les sept cent cinquante-neuf plantations distribuées dans soixante-une vallées sortaient de leur langueur, et il s'en formait d'autres
, Raynal, Hist. phil. VII, 14.
HISTORIQUE
XIIe s. De le [la] enferteit [infirmité] de ceste languor ne muert nulz, se cil non ki est encor floibes [faible]
, Job, p. 518. Si chaï [il chut, il tomba] en langur grevuse à desmesure
, Th. le mart. 167.
XIIIe s. Sire, fai me dire à ton devin, de mon seigneur, que ge gart ci en langor, quant il morra, ne se il garra jamès de ceste maladie
, Merlin, f° 47, verso. Et avint que maladie li prist ; et moult fu grant pieche en langour
, Chr. de Rains, 222.
XIVe s. Comme dit Tulles, vice est langour de l'ame
, Oresme, Eth. 42.
XVIe s. Refus, oubly, jalousie et langueur Suyvent amours
, Marot, I, 340. Les douces passions, les delectables peines, Et les cheres langueurs dont les amours sont pleines
, Desportes, Élégies, I, 7.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. languor, langor ; espagn. languor ; ital. languore ; du lat. langorem.