« lange », définition dans le dictionnaire Littré

lange

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

lange

(lan-j') s. m.
  • 1Morceau d'étoffe en laine, dont on enveloppe les enfants au maillot. Aimable enfant [Jésus], heureux ceux qui vous ont vu hors de vos langes développer vos bras, étendre vos petites mains, caresser votre sainte mère…, Bossuet, Élévat. sur myst. XX, 1. Le pape s'était engagé à l'envoyer nonce extraordinaire à Vienne porter les langes bénits au prince dont l'impératrice accoucherait, Saint-Simon, 457, 196. Il [l'enfant] était moins comprimé dans l'amnios qu'il n'est dans ses langes, Rousseau, Ém. I. Il n'y a pas longtemps qu'une femme de mon voisinage venant d'acheter des langes à Genève, et en ayant enveloppé son enfant, les employés des fermes, sous la conduite d'un nommé Moreau, saisirent ces langes sous prétexte qu'ils étaient neufs, Voltaire, Lett. Mme de Saint-Julien, 3 oct. 1775. Il [le christianisme] respecte jusque dans les langes la dignité de l'homme, Chateaubriand, Mart. IV.

    Fig. Cette déité [la liberté] Qui laisse en de vieux langes Le monde emmaillotté, Béranger, Liberté. Le temps d'Hérodote fut l'aurore de cette lumière, et, comme il a peint le monde encore dans les langes, s'il faut ainsi parler, d'où lui-même il sortait…, Courier, Hérodote, préface du traducteur.

  • 2Il se dit, abusivement, des couches ou pièces de toile dont on enveloppe l'enfant.
  • 3 Terme de cartonnier. Morceau de drap taillé en carré qu'on met sur les formes à carton.

    Les imprimeurs en taille-douce se servent aussi de langes.

HISTORIQUE

XIIIe s. …n'ai Robe de lange ne de lin, à grant provreté sui remese [restée], Ren. 30318. Les toisons por faire dras langes, la Rose, 20189. Assez sovent lessa le linge, Et si frotta le dos au lange [elle n'avait pas de chemise], Rutebeuf, II, 157. Tel cuide on qu'au lange se froie [se frotte] Qu'autre chose a souz la corroie, Si com je cuit, Rutebeuf, 206. Et lors je me parti de Joinville sanz rentrer au chastel jusques à ma revenue, à pié, deschaus et en lange [sans chemise], Joinville, 209.

XIVe s. Et de draps y avoit mainte pile empilée Et de lange et de linge mainte huche comblée, Guesclin, V. 20398.

XVIe s. Elles nourrissent leurs enfans, sans les emmailloter, ny lier de bandes ny de langes, Amyot, Lyc. 33.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, lanië ; du lat. laneus, fait de laine, qui vient de lana, laine. Le lange est l'étoffe de laine, par opposition à linge, l'étoffe de lin. En lange, se disait d'une sorte de mortification, quand on allait avec le vêtement de laine sur le corps sans chemise.