« infamie », définition dans le dictionnaire Littré

infamie

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

infamie

(in-fa-mie) s. f.
  • 1Flétrissure imprimée à l'honneur, à la réputation, soit par la loi, soit par l'opinion publique. Note d'infamie. Soit que vous contraigniez pour vos dieux impuissants Mon corps à l'infamie ou ma main à l'encens, Corneille, Théod. III, 1. L'infamie est pareille et suit également Le guerrier sans courage et le perfide amant, Corneille, Cid, III, 6. Cette haute infamie où je veux la plonger Est moins pour la punir que pour la voir changer, Corneille, Théod. II, 7. Qu'est-ce que notre sainte a bâti dessus [le fondement du christianisme, un Dieu humilié et anéanti] ? un mépris de son rang et de sa noblesse, pour se couvrir tout entière des opprobres de Jésus-Christ et de la glorieuse infamie de son Évangile, Bossuet, Panég. Ste Cather. 1. Tu parais dans ces lieux pleins de ton infamie, Racine, Phèdre, IV, 2. Ils [les Anglais] sont bien loin d'attacher de l'infamie à l'art des Sophocle et des Euripide, et de retrancher du corps de leurs citoyens ceux qui se dévouent à réciter devant eux des ouvrages dont leur nation se glorifie, Voltaire, Mél. lit. Consid. due aux gens de lettres.

    Il se dit aussi des choses qui rendent infâme. L'infamie de sa conduite. De cette lâcheté l'infamie est trop grande, Corneille, Héracl. IV, 1. Quand j'aurai de ses maux effacé l'infamie, Corneille, Sertor. IV, 2.

    Terme d'ancienne coutume. Couronne d'infamie, couronne de laine que l'on faisait quelquefois porter à un condamné.

  • 2Action infâme, honteuse, indigne d'un honnête homme. C'est un malhonnête homme, il a fait cent infamies. Après cette infamie es-tu digne de vivre ? Corneille, Nicom. IV, 3. Comme si j'étais fille à supporter la vie, Après qu'on m'aurait fait une telle infamie, Molière, Éc. des mar. II, 11.
  • 3Paroles injurieuses à l'honneur, à la réputation. Il lui a dit mille infamies, toutes les infamies imaginables, toutes les infamies du monde.

    En ce sens il ne se dit qu'au pluriel.

    Discours, pièce de vers, pièce de théâtre infâme par la licence et la grossièreté. Il faudra donc que nous passions pour honnêtes les impiétés et les infamies dont sont pleines les comédies de Molière, Bossuet, Comédie, 3. Et ce sont ces plates infamies qu'on a jouées pendant plus d'un siècle alternativement avec le Misanthrope, Voltaire, Dict. phil. Bouffon.

    En ce sens il se dit au singulier et au pluriel.

SYNONYME

INFAMIE, IGNOMINIE. L'infamie détruit la réputation, donne une honteuse réputation ; l'ignominie efface le nom, imprime un nom honteux. De sorte que infamie est quelque chose de plus grave encore et de plus étendu que ignominie.

HISTORIQUE

XIVe s. Pour aucune infamie que il avoient oy dire de lui, Bercheure, f° 42, verso. Et qui ne les creindroit, ce seroit mal, si comme seroit malvaise opinion ou malvaise renommée ou infamie ; car celui qui creint telle chose, il est honeste, Oresme, Eth. 78.

XVIe s. Quand, estant lasche à l'infamie, il est ferme à la pauvreté, Montaigne, II, 7.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. espagn. et ital. infamia ; du lat. infamia (voy. INFÂME). On disait aussi dans le XVIe siècle infameté.