« imiter », définition dans le dictionnaire Littré

imiter

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

imiter

(i-mi-té) v. a.
  • 1Chercher à reproduire ce qu'un autre fait. Le singe imite l'homme. Imiter les manières de quelqu'un. Ses gardes affligés Imitaient son silence autour de lui rangés, Racine, Phèd. V, 6. Elle [Rome] se tait du moins : imitez son silence, Racine, Brit. III, 8. Et nous n'avons du ciel imité que la foudre, Voltaire, Alz. I, 1. Imiter un ingrat, c'est le justifier, Imbert, Jaloux sans amour, III, 8.

    Contrefaire, copier. Ils s'efforcent d'imiter les produits de nos fabriques. Imiter l'écriture, la signature d'une personne.

  • 2Prendre la conduite, les actions d'une personne pour modèle. Imiter la nature. Alexandre affecta d'imiter Bacchus, non-seulement aux victoires qu'il avait remportées sur les Indiens, mais aussi en la forme de son triomphe, Vaugelas, Q. C. IX, 10. Ma valeur n'a point lieu de te désavouer, Tu l'as bien imitée…, Corneille, Cid, III, 6. Si nous n'avons pas le courage d'imiter le P. Bourgoing en ses austérités, Bossuet, Bourgoing. L'archevêque lui répondit : vous l'avez imité en son péché, imitez-le donc en sa pénitence, Fléchier, Hist. de Théodose, IV, 7. Ainsi dans leurs excès vous n'imiteriez pas L'infidèle Joram, l'impie Ochosias ? Racine, Ath. IV, 2. Imitez sa justice ainsi que sa vaillance, Voltaire, Mérope, I, 3.

    Imiter l'exemple de quelqu'un, faire ce qu'il a fait. Imite mon exemple ; et, lorsqu'une cabale, Un flot de vains auteurs follement te ravale, Profite de leur haine, Boileau, Épît. VII. Toutefois en ces lieux je ne connais personne Qui ne doive imiter l'exemple que je donne, Racine, Mithr. I, 3.

  • 3 Terme de littérature et de beaux-arts. Prendre pour modèle le style, le genre, la manière d'un autre. Ce tableau est imité de Raphaël. Il semble qu'à ce qu'il imite, Ajoutant un nouveau mérite, Il le crée encor une fois, Lamotte, Od. t. I, p. 360, dans POUGENS. Vous croyez imiter Cicéron ; et vous n'imitez que maître Jean, Voltaire, Dict. phil. Style.

    Cet ouvrage est imité de l'espagnol, il est imité d'un ouvrage espagnol.

    Absolument. Imiter ainsi, ce n'est point être plagiaire, c'est lutter, comme dit Boileau, contre son original, Voltaire, Ess. poés. épique, ch. 9. Celui qui imite toujours ne mérite assurément pas d'être imité, Voltaire, Exam. des 3 der. ép de J. B. Rousseau.

  • 4Dans les beaux-arts, faire l'image, la ressemblance d'une chose. Ce peintre, ce sculpteur s'attache à bien imiter la nature. La musique imite le bruit du tonnerre, les gémissements, les cris.
  • 5Ressembler, en parlant des choses. Cette composition imite le diamant. Ce papier peint imite le velours. Le bruit de cette cataracte imite celui du tonnerre.
  • 6S'imiter, v. réfl. Faire ce qu'on a fait. La nature s'imite : une graine jetée en bonne terre produit ; un principe jeté dans un bon esprit produit, Pascal, Pensées diverses, 71, éd. FAUGÈRE.

    S'imiter l'un l'autre. Si l'on devait s'imiter constamment les uns les autres, à quoi bon une âme et un esprit pour chacun ? Staël, Corinne, IX, 1.

SYNONYME

IMITER, COPIER. Copier, c'est reproduire exactement, sans s'écarter en rien du modèle. Imiter, c'est reproduire librement, sans s'astreindre à l'exactitude, et en s'écartant du modèle là où cela convient.

HISTORIQUE

XVIe s. Tout ainsi que ce fut le plus louable aux anciens de bien inventer, aussi est-ce le plus utile de bien imiter, Du Bellay, J. Illustr. de la langue franç. I, 8.

ÉTYMOLOGIE

Lat. imitari, imiter.