« imbécile », définition dans le dictionnaire Littré

imbécile

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

imbécile

(in-bé-si-l') adj.
  • 1Faible d'esprit et de corps, incapable. N'es-tu pas, ô mon Dieu, mon seigneur souverain, Et moi ton serviteur pauvre, lâche, imbécile, Dont tout l'effort est inutile, à moins qu'avoir l'appui de ta divine main ? Corneille, Imit. III, 10. Le sang a peu de droits dans le sexe imbécile [les femmes], Corneille, Œd. I, 4. Leur esprit [des femmes] est méchant, et leur âme fragile ; Il n'est rien de plus faible et de plus imbécile, Molière, Éc. des femmes, V, 4. Quelle chimère est-ce donc que l'homme ?… juge de toutes choses, imbécile ver de terre, dépositaire du vrai, cloaque d'incertitude et d'erreur ; gloire et rebut de l'univers, Pascal, Pens. 2e part. art. 1er, édit. HAVET. Voilà une partie des causes qui rendent l'homme si imbécile à connaître la nature, Pascal, dans COUSIN. Taisez-vous, nature imbécile, Pascal, dans COUSIN. On a vu [chez les premiers chrétiens] la vieillesse la plus décrépite et l'enfance la plus imbécile y courir [à la mort], comme à l'honneur du triomphe, Bossuet, 1er serm. Exalt. de la croix, 1. Laissons aux faibles cœurs, aux âmes imbéciles, Consommer leur colère en plaintes inutiles, Quinault, Pausan. II, 5. Ce défaut qui rend un homme imbécile pour le gouvernement, Fénelon, Tél. XXIII. Prêtres audacieux, imbéciles soldats, Du sabre et de l'épée ils [les prêtres et les moines dans la Ligue] ont chargé leurs bras, Voltaire, Henr. IV.

    Il se dit aussi des choses. L'autorité souveraine était extrêmement languissante et imbécile dans l'un et l'autre empire, Mézer. Hist. de France av. Clovis, III, 15.

  • 2Qui n'a plus ses idées, qui est dans l'imbécillité. Le grand âge et les infirmités l'ont rendu imbécile. L'imbécile Ibrahim, sans craindre sa naissance, Traîne, exempt de péril, une éternelle enfance, Racine, Baj. I, 1.

    Imbécile de corps et d'esprit, se dit d'une personne à qui l'âge ou les maladies ont ôté les forces du corps et affaibli la raison.

  • 3 Particulièrement. Dépourvu d'esprit, qui parle, qui agit sottement. L'imbécile ! il boite encore, et il voudrait sortir, Goldoni, Bourru bienf. III, 3. C'était l'intérêt de Rome que les peuples fussent imbéciles, Voltaire, Mœurs, 94.

    Il se dit aussi des choses. Air imbécile. Sa raison, trop supérieure à l'imbécile joug qu'on lui voulait imposer, le secoua bientôt avec mépris, Rousseau, Hél. V, 5.

  • 4 Substantivement. Un imbécile, une imbécile, celui, celle qui a les facultés intellectuelles trop faibles pour se conduire. Prononcer l'interdiction d'un imbécile. Qui pourra jamais dire en quoi l'organisation d'un imbécile diffère de celle d'un autre homme ? le défaut est certainement dans les organes matériels, puisque l'imbécile a son âme comme un autre, Buffon, Quadrup. t. VII, p. 45. Qu'un philosophe ait un écu à partager avec le plus imbécile de ces malheureux en qui la raison humaine est si horriblement obscurcie, il est sûr que, s'il y a un sou à gagner, l'imbécile l'emportera sur le philosophe, Voltaire, Pot pourri.

    Par exagération. Une personne dépourvue d'esprit, de moyens. C'est un imbécile, un grand imbécile. Il y a des stupides et, j'ose dire, des imbéciles qui se placent en de beaux postes et qui savent mourir dans l'opulence, sans qu'on les doive soupçonner en aucune manière d'y avoir contribué de leur travail ou de la moindre industrie, La Bruyère, VI.

REMARQUE

Jusqu'à sa dernière édition, l'Académie avait écrit imbécille, conformément à l'étymologie. La suppression d'une l dans ce mot est d'autant plus surprenante, qu'on en met deux dans le substantif imbécillité, PAUTEX.

HISTORIQUE

XVIe s. Ces oblations sont prouvées avoir esté imbecilles et de nul effect, pour cela qu'elles estoient souventes fois reiterées, Calvin, Instit. 1150. Je cherche s'il est diligent [un domestique], et ne crains pas tant un muletier joueur qu'imbecille, ny un cuisinier jureur qu'ignorant, Montaigne, I, 218.

ÉTYMOLOGIE

Lat. imbecillus, mot d'origine douteuse ; on le fait quelquefois venir de in, privatif, et bacillus, bâton ; mais be est long, et ba est bref ; les différences de quantité font toujours une difficulté, quand d'ailleurs rien n'est établi.