« gué », définition dans le dictionnaire Littré
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gué [1]
- 1Endroit d'une rivière où l'eau est si basse qu'on peut la passer en marchant.
On passe tous les jours à gué notre rivière de Seine
, Sévigné, 297.Il [Théodose] faisait chercher des gués et faire des ponts avec une diligence incroyable
, Fléchier, Hist. de Théodose, III, 94.On traversait les cours d'eau à des gués bientôt gâtés ; les régiments qui venaient ensuite passaient où ils pouvaient ; on s'en inquiétait peu ; l'état-major général négligeait ces détails
, Ségur, Hist. de Nap. VI, 2.Ce n'était qu'un gros ruisseau ; deux arbres, autant de chevalets, et quelques planches suffisaient pour en assurer le passage ; mais le désordre était tel, et l'incurie si grande, que l'empereur y fut arrêté ; on y noya plusieurs canons qu'on voulut faire passer au gué
, Ségur, ib. IX, 7.Fig. Sonder le gué, voir, avant de s'engager dans une affaire, s'il n'y a point de risque, pressentir les dispositions des personnes.
M. le maréchal de Schomberg, ayant voulu sonder le gué, n'y trouva aucun jour
, Retz, I, 57. - 2Gué de Jacob, endroit où, suivant la tradition, Jacob passa le Jourdain à gué en revenant de la Mésopotamie.
Il [Jacob] prit ses deux femmes et leurs deux servantes avec ses onze fils, et passa le gué de Jacob
, Sacy, Bible, Genèse, XXXII, 22.Forteresse du gué de Jacob, château que Baudoin fit bâtir en 1178 pour maintenir les Arabes ; il fut détruit par Saladin.
HISTORIQUE
XIe s. Il le conquist es guez desous Marsune
, Ch. de Rol. CCXIII.
XIIe s. E entrerent el flum e passerent à gué devant le rei
, Rois, p. 192.
XIIIe s. Et je chemine, je le boute [le bourdon] Es fosses où je ne voi goute, Ausinc cum pour les guez tenter
, la Rose, 21669. Si comme de lor moustiers refere et de lor caucies [chaussées] ramender de lor puis et de lor gués maintenir
, Beaumanoir, XXI, 27. Un beduyn estoit venu, qui li avoit dit que il enseigneroit un bon gué, mes que [pourvu que] l'en li donnast cinq cens besans
, Joinville, 223.
XIVe s. Il ont l'eaue passée, petis estoit li guez
, Guesclin. 5928.
XVIe s. Il se resolut de n'opiniastrer point le bourg, si les refformez osoient enfoncer le gué [le forcer]
, D'Aubigné, Hist. III, 48. À grand cheval grand gué
, Cotgrave †
ÉTYMOLOGIE
Norm. vé ou vey, nom des estuaires ; wallon, wé ; provenç. ga, gah, gua ; anc. catal. guau ; catal. mod. gual ; espagn. vado ; portug. vão ; ital. guado ; du lat. vadum, avec influence du germanique wat, gué ; vădum se rattache à vādere comme dŭcem à dūcere ; c'est le sanscrit gādha, de gā, aller.