« grever », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
grever
- 1Causer un grief, faire tort, apporter du dommage, faire du chagrin.
…En l'accès du tourment qui me grève
, Régnier, Dial.Ce grand prince [Henri IV], voyant le souci qui la grève [la France personnifiée], Touché de piété, la prend et la relève
, Régnier, Épît. I. - 2Charger de contributions, d'hypothèques. Il a beaucoup grevé ses propriétés.
Fig. Grever son budget, s'imposer une lourde dépense.
- 3Se grever, v. réfl. S'imposer de lourdes dépenses.
HISTORIQUE
XIIe s. Ah ! Dex ! dist Charles, come ai le cuer grevé !
Ronc. p. 183. N'est pas merveilles se m'aïr [je m'irrite] Vers amor, qui m'a tant grevé
, Couci, III. Tant par nous a la mer gregiez E si nos a afebleiez, Que à grant peine estum sur piez
, Benoit de Sainte-Maure, V. 1447.
XIIIe s. La mort ne me greveroit mie, Se ge moroie es bras m'amie
, la Rose, 2473. Haus homs ne puet avoir nul vice, Qui tant lui griet [pèse] cum avarice
, ib. 1156. Le [la] contrarietés qui est trouvée contre autrui et non pas contre sei ne me doit pas grever
, Beaumanoir, XII, 42.
XVe s. Lui manda que il n'auroit pire ennemy que luy, et le greveroit en toutes les guises qu'il pourroit
, Froissart, I, I, 54. Il greva beaucoup au roy de dissimuler de ceste parolle
, Commines, IV, 8.
XVIe s. Le vice, la mort… sont subjects graves et qui grevent
, Montaigne, III, 305. Il permeit d'appeler devant le peuple à ceulx qui penseroient estre grevez par les sentences des officiers
, Amyot, Solon, 30. …Disans estre rompus et grevés [avoir une hernie]
, Paré, XIX, 23.
ÉTYMOLOGIE
Wallon, grîver, chagriner ; provenç. grevar, gravar, greviar ; espagn. et portug. gravar ; ital. gravare ; du lat. gravari, être à charge, de gravis, pesant (voy. GRAVE).