« glorifier », définition dans le dictionnaire Littré

glorifier

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glorifier

(glo-ri-fi-é), je glorifiais, nous glorifiions, vous glorifiiez ; que je glorifie, que nous glorifiions, que vous glorifiiez v. a.
  • 1Donner de la gloire. Glorifier un homme, une action, un dévouement.
  • 2 Particulièrement. Rendre gloire et honneur à Dieu. Alors ces trois hommes louaient Dieu dans la fournaise et le glorifiaient et le bénissaient d'une même bouche, Sacy, Bible, Daniel, III, 51. Les bêtes sauvages, les dragons et les autruches me glorifieront, parce que j'ai fait naître des eaux dans le désert, Sacy, Isaïe, XLIII, 20. Peu s'en faut que l'esprit humain ne tire de là [la permission du mal par la Providence] cette conclusion impie qu'on attribuait faussement à saint Paul : que, puisque Dieu est glorifié par les crimes des hommes, il ne les faut plus condamner, Nicole, Ess. de mor. 2e traité, chap. 3. être soumis à Dieu, garder fidèlement et constamment la loi de Dieu, glorifier Dieu par une vie digne de Dieu, c'est ainsi que nous le reconnaîtrons pour père, Bourdaloue, Annonciat. de la Vierge, Myst. t. II, p. 142. Veut-il par mon trépas que je le glorifie ? Racine, Esth. II, 9.
  • 3 Terme de théologie. Rendre participant de la gloire, de la béatitude éternelle. Comme ils fuyaient la gloire et cherchaient les supplices, Les supplices enfin les ont glorifiés, Corneille, Imit. I, 18. Je glorifierai quiconque m'aura rendu gloire, et ceux qui me méprisent tomberont dans le mépris, Sacy, Bible, Rois, I, II, 30. Si je me glorifie moi-même, ma gloire n'est rien ; c'est mon père qui me glorifie, Sacy, Év. St Jean, VIII, 54. Il viendra pour venger les humbles, en glorifiant dans leurs personnes l'humilité, Bourdaloue, Jug. dern. 2e avent, p. 357.
  • 4Se glorifier, v. réfl. Faire gloire de quelque chose. Tant qu'Alexandre eut en tête un si grand capitaine, il put se glorifier d'avoir vaincu un ennemi digne de lui, Bossuet, Hist. III, 5. Elle s'est toujours plus glorifiée d'être fille de saint Bernard que de tant de braves aïeux, de la race desquels elle est descendue, Bossuet, Yol. de Monterby. Il n'est rien de plus naturel que de se glorifier des noms qu'on s'est acquis par sa vertu, plutôt que de ceux qu'on tient du hasard, Bourdaloue, Myst. Circoncision de J. C. t. I, p. 65. La Grèce, qui se vante d'avoir fait naître Platon, se glorifie encore d'Anacréon ; et Cicéron ne fait point oublier Catulle, Voltaire, Cons. à un journal.

    Se glorifier dans, placer sa gloire dans. Dieu se glorifie dans ses saints. Un père se glorifie dans ses enfants. Afin que Jérusalem se glorifie en vous, et que votre nom soit au nombre des saints et des justes, Sacy, Bible, Judith, X. 8.

HISTORIQUE

XIIe s. Jo suis Jesus tis frere ; tu glorifieras M'iglise par tun sanc, e eshaucié seras, Th. le mart. 100. Ki mei honured, jol glornifierai ; et ki mei despirra, jol metrai en despit, Rois, p. 9.

XIIIe s. Cuers [cœur] ne se puet glorefier Ne por terre ne por denier Tant comme il fet por fine amor, Lai du conseil.

XVe s. Et telz seigneurs y a qui n'ont que treize livres de rente qui se glorifient de dire : Parlez à mes gens, cuydans par ceste parolle contrefaire les très grans seigneurs, Commines, I, 10.

XVIe s. Il se glorifie qu'il mesprisera hardiment tout ce qui peut tourmenter son esprit, Calvin, Inst. 453. Il se cognoissoit detteur de Dieu à glorifier son nom, fust par vie fust par mort, Calvin, ib. 561. Celui qui aura honte d'une meschante robbe, se glorifiera en une precieuse, Calvin, ib. 566.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. glorificar, glorifiar ; espagn. glorificar ; ital. glorificare ; du lat. glorificare, de gloria, gloire, et le suffixe verbal ficare (voy. FIER, suffixe). L'ancienne langue disait aussi glorier.